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La prévention de la tuberculose

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 745 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 27/07/2015
    • de WAHL Jean-Paul
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    La prévention de la tuberculose est une compétence régionalisée depuis le 1er juillet 2014. En Belgique, peu de personnes sont concernées, un millier environ. Mais le problème, c'est que la tuberculose est très difficile à éradiquer. Il faut donc contenir un maximum cette maladie et rester vigilant.

    Quelles sont les mesures qui vont être prises pour lutter contre la prolifération de cette maladie ?

    Monsieur le Ministre va-t-il développer l'offre de dépistage et améliorer la formation des personnels médicaux ?
  • Réponse du 12/08/2015
    • de PREVOT Maxime

    La tuberculose (TBC) est une maladie provoquée par une bactérie, le bacille de Koch (BK). Elle est transmise par voie aérienne au travers des sécrétions : seules les personnes atteintes de tuberculose des voies aériennes sont ainsi contagieuses. Il ne s’agit donc pas d’une maladie liée à de mauvaises conditions d’hygiènes : n’importe qui peut attraper la tuberculose, quel que soit son pays d’origine ou encore son statut social.
    Outre la forme pulmonaire, il existe également d’autres formes non contagieuses telles que les formes ostéo-articulaires, génitales, méningées, ganglionnaires. En 2013, les formes extra pulmonaires de la TBC représentaient 30 % des cas.

    De par son mode de transmission, la TBC est une maladie qui peut toucher n’importe quel type d’individu. Elle a toutefois tendance à se concentrer dans des populations à risque soit par leur mode de vie (promiscuité, précarité) ou de travail, soit par leur origine, qui sont amenées à être en contact plus fréquemment avec des malades tuberculeux et ont, de ce fait, une probabilité plus importante d’être contaminées par le BK. C’est le cas notamment des contacts de malades contagieux, des populations originaires de pays à haute prévalence (plus particulièrement les demandeurs d’asile et personnes en séjour illégal), des populations précarisées (dont les sans-abri), des prisonniers, du personnel d’institutions en charge de groupes à risque ou de malades.

    Par ailleurs, chez les personnes qui sont contaminées par le BK, la probabilité de développer une tuberculose-maladie est relativement faible (10 % sur toute la vie), mais augmente si elles présentent certaines comorbidités. Le VIH est le facteur de risque majeur de même que l’immunodéficience résultant de maladies ou de la prise de médicaments. L’âge intervient également par le biais d’une immunité non encore optimale ou en déclin : c’est le cas des jeunes enfants et des personnes âgées.

    Les deux stades de la tuberculose sont d’une part l’infection latente durant laquelle les BK sont « dormants »,  et d’autre part la tuberculose – maladie (avec présence de symptômes et contagiosité possible).

    En Belgique, en 2013, l’incidence de la tuberculose était de près de 9 cas pour 100.000 habitants, ce qui classe la Belgique parmi les pays à faible incidence. La majorité des personnes infectées par le pathogène ne développent d’ailleurs pas la maladie : dans 9 cas sur 10, cette infection guérit spontanément et définitivement.
    En Wallonie, le nombre de cas diminue régulièrement depuis de nombreuses années ; il y a eu 256 cas répertoriés en 2013 soit une incidence de 7,2/100.000 habitants (260 cas en 2012).

    Concernant les mesures qui sont prises pour contrôler et éliminer la tuberculose dans les pays à basse incidence, l’OMS a émis plusieurs recommandations et en Belgique, la stratégie s’organise autour des 4 axes suivants :
    - la détection précoce et le traitement adéquat des malades atteints tuberculose par les médecins ;
    - une approche spécifique et adaptée des groupes à haut risque de tuberculose. Dans le contexte épidémiologique belge, le dépistage doit être « actif » et « ciblé ». Ainsi, des dépistages systématiques sont organisés parmi les demandeurs d’asile et les prisonniers.
    - la prévention de la tuberculose chez les travailleurs à risque. Dans le cadre de la surveillance des travailleurs, le médecin du travail évalue le risque de contamination par des agents infectieux (dont celui de la tuberculose) et décide sur cette base de la pertinence de réaliser un dépistage pour mettre en évidence une éventuelle infection du personnel «  à risque ». Est systématiquement ciblé le personnel des institutions de soins ou en contact avec les prisonniers et les demandeurs d’asile.
    - le dépistage des contacts. En effet, le dépistage de l'entourage de patients contagieux permet de découvrir des cas secondaires de maladie ou d’infection, de les traiter, et de limiter ainsi la dissémination du BK dans la communauté. La socioprophylaxie appliquée en Belgique sur base de la déclaration obligatoire de la tuberculose permet de s'assurer que le patient est traité et que son entourage a été pris en charge.
    Cependant, de tels dépistages ne peuvent être réalisés que si les cas de tuberculose contagieuse sont correctement déclarés par les médecins. Cette déclaration à l’heure actuelle n’est pas exhaustive ou n’est pas faite suffisamment rapidement.
    De plus, le processus législatif encadrant la déclaration obligatoire en Région wallonne est obsolète, car se basant sur un arrêté royal de 1971.
    Je veillerai durant cette législature, à analyser les pistes d’action permettant d’améliorer la déclaration obligatoire des maladies.


    Il est à noter que la vaccination n’est pas recommandée dans le contexte épidémiologique actuel de la Belgique.

    La prévention de la tuberculose est une compétence des Régions depuis le 1er juillet 2014 et le budget y afférent est transféré depuis le 1er janvier de cette année. Pour la réalisation en 2015 des activités précitées sur le territoire de la Région wallonne, la Wallonie attribue au FARES un subside de 445.000 euros.

    Actuellement le FARES est subsidié pour la mise en œuvre d’objectifs de prévention de la tuberculose tels que repris dans l’arrêté royal du 21 mars 1961 tel que modifié. Il lui incombe ainsi d’assurer pour la Wallonie :
    - la surveillance épidémiologique, en tenant à jour une base de données de la tuberculose ;
    - la socio prophylaxie en s’assurant du suivi immédiat par un médecin traitant de toute déclaration de tuberculose maladie en vue d'une prise en charge adéquate du patient ;
    - l'élaboration et la mise en œuvre d'un plan de communication, comprenant la sensibilisation et la formation orientées vers les professionnels de santé ainsi que l'information de la population et plus spécialement les personnes exposées à un risque accru de contagion ;
    - la publication annuelle d'un rapport épidémiologique ;
    - l'évaluation des stratégies mises en place et l'analyse de l'évolution des déterminants sociaux de santé liés à la problématique de la tuberculose.

    Les activités relatives à ces différents objectifs de prévention de la tuberculose en Wallonie font l’objet d’un plan opérationnel à 3 ans que le FARES a élaboré en tenant compte des recommandations scientifiques internationales.

    Mon Cabinet a donné son aval au plan opérationnel présenté par le FARES lors de son dernier Comité d’accompagnement pour ses missions de prévention de la tuberculose.