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L'encadrement des personnes atteintes d'une maladie mentale

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 755 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 31/07/2015
    • de DURENNE Véronique
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Monsieur le Ministre a visité il y a quelques semaines maintenant "Les Marronniers" à Tournai. Pour rappel, il s’agit d’un Centre régional de soins psychiatriques (CRP) qui soigne les personnes atteintes de maladies mentales légères ou sévères.

    Une fois ces personnes soignées ou en passe de l’être, il importe qu’elles trouvent à l’extérieur des murs de l’institution un milieu qui leur permette de se réintégrer à la société. Le logement en fait partie. En effet, pour ces personnes trouver et réintégrer un logement fait partie du cheminement vers une vie nouvelle, celle d’après la maladie.

    Or "Les Marronniers" ont fait part du défi que représentait la recherche d’un logement pour les personnes souffrant d’un problème de santé mentale. Résultat, ces personnes préfèrent rester hospitalisées plutôt que d’intégrer un logement qui leur permettrait de vivre de manière autonome. Selon le Directeur médical de l’institution, 40 à 50 % des personnes hospitalisées aux Marronniers veulent le rester faute de logement adapté ou de suivi adapté une fois sorties de l’hôpital.

    En effet, ces patients ne sont pas suffisamment préparés à rentrer dans un logement personnel – car les patients ne veulent, souvent, pas vivre avec d’autres locataires – et ne sont pas assez soutenus et encadrés une fois arrivés dans leur nouvel environnement. Or, cet encadrement, on le sait, est ô combien nécessaire pour que ces patients retrouvent une vie normale et paisible après un passage en institution. Tous n’ont pas une famille ou des proches qui peuvent le faire.

    Si, pour la partie logement, je m’adresse à son collègue, M. Paul Furlan, j’aimerais néanmoins entendre l'avis de Monsieur le Ministre à ce sujet ? Quelles peuvent être les pistes à envisager, en accord avec le ministre du logement, pour permettre une plus grande facilité d’accès au logement pour les personnes atteintes de maladies mentales ?

    Comment répondre à cette demande d’un meilleur encadrement, a priori, avant de sortir de l’institution et, a posteriori, une fois sorti de l’institution ? Est-ce propre aux Marronniers ou d’autres CRP en ont également fait état ?

    Comment permettre à davantage de patients de prétendre à un logement ? Gardons aussi en tête, le coût que représente une hospitalisation comparativement à une plus grande autonomie via l’accès à un logement.
  • Réponse du 12/08/2015
    • de PREVOT Maxime

    Lors de la conférence organisée sur ce thème au CRP Les Marronniers, le Dr DELAUNOIT, Directeur médical, faisait référence à une étude réalisée par le service social du Centre en 2012.

    Cette étude révèle que 40 à 50 % des patients psychotiques restent hospitalisés plus longtemps que nécessaire à cause de l’absence d’un hébergement adapté.

    Ce constat vaut sans aucun doute aussi pour tous les hôpitaux psychiatriques qui accueillent les pathologies psychiatriques lourdes.

    Le logement conditionne l’ensemble des autres aspects de la vie des hommes et des femmes. Avoir une adresse, c’est aussi acquérir une identité sociale. Dans le domaine de la santé mentale, le logement fait partie intégrante des services nécessaires dans ce passage progressif des pratiques de prise en charge institutionnelle à une volonté de maintenir les personnes dans leur milieu naturel (Morin, 1994).

    À Londres, les concepteurs du housing with care (1989) ont bien compris le rôle stratégique du logement dans la désinstitutionnalisation.

    Les visites à domicile de l’équipe thérapeutique sont planifiées en fonction de l’état mental des personnes et arrivent ainsi aisément à repérer les signes annonciateurs d’une rechute et à y remédier à temps.

    Dans le cadre de la réforme en santé mentale, le réseau du Hainaut occidental et les partenaires de la fonction 5 (résidentielle) ont posé de nombreux constats sur la difficulté d’accès au logement pour les usagers en santé mentale. Il est donc question pour les usagers d’avoir accès à un logement, mais aussi et surtout de s’y maintenir, de pouvoir y faire des projets, de se sentir bien et intégrés dans l’environnement, de vivre dans un logement et pas seulement d’y habiter. La littérature scientifique variée en atteste.

    Le travail du réseau du Hainaut occidental définit ses actions de manière concrète :
    - la rédaction et la diffusion d’un guide méthodologique d’accès et de maintien du logement pour les usagers (points de repère pour les professionnels, les »bonnes » questions à se poser avec notamment la « carte réseau de l’usager, des fiches techniques sur les démarches concrètes à effectuer…) ;
    - le partenariat actif et intégré avec les dispositifs logement existants afin de ne pas créer un nouveau dispositif. À titre d’exemple, le réseau Hainaut occidental recherche (conférence, contacts personnels, articles…) des propriétaires désireux de mettre leurs biens immobiliers en location pour les usagers. Cette extension du parc immobilier via le Réseau Hainaut occidental permet de disposer d’un plus grand nombre de logements pour ce public fragilisé ;
    - un travail de déstigmatisation de la maladie mentale par des modules de sensibilisation. Ces modules sont animés par les services spécialisés du réseau pour les partenaires généralistes du réseau (et donc de nombreux acteurs du logement) afin de modifier certaines représentations sur les usagers et donc de favoriser l’accessibilité, …

    Cette question très complexe impacte de nombreux secteurs de la société et nous préoccupe constamment, que ce soit pour la qualité de vie du patient ou pour le coût engendré pour la société. Ce souci fait également partie de la réforme de la santé mentale et les éléments repris ci-dessus font preuve de notre volonté de tenter d’y remédier.