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Le développement des bioplastiques

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 308 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 31/07/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Les bioplastiques, produits à partir de matières premières renouvelables et biodégradables, présentent des avantages sur le plan environnemental et énergétique (réduction de l'empreinte carbone, réduction de la dépendance aux ressources fossiles), mais aussi économique, notamment par son potentiel de création d'emplois et de source de diversification pour les agriculteurs.

    Le potentiel en termes de création d'emplois s'avère important dans la mesure où les acteurs du secteur peuvent légitimement ambitionner à moyen ou long terme d'arriver à produire davantage que le secteur des plastiques fabriqués à partir de ressources fossiles.

    Ce marché en croissance représente une opportunité très intéressante pour notre région au sein de laquelle pourrait se développer une véritable filière de bioplastiques, fonctionnant sur un modèle d'économie circulaire cher au Gouvernement wallon.

    Bien entendu, le développement d'une telle filière repose notamment sur la recherche et le développement, la production à grande échelle et le recyclage.

    Dans un premier temps, Monsieur le Ministre peut-il m'apporter des indications chiffrées sur le secteur des bioplastiques en Wallonie ?

    Dans un deuxième temps, peut-il m'indiquer si la Wallonie, et singulièrement ses département, soutient le développement d'une filière de bioplastiques et, dans l'affirmative, de quelle manière ?

    Existe-t-il des incitants régionaux au développement d'une telle filière ? Y a-t-il des objectifs politiques en la matière, que ce soit en termes de recherche et développement ou de recyclage ?

    Monsieur le Ministre entretient-il ou envisage-t-il une concertation pour développer ce secteur disposant d'un potentiel non négligeable de création d'emplois non délocalisables ?
  • Réponse du 09/10/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le bioplastique est produit en partie ou en totalité à partir de carbone végétal au départ de végétaux tels que le blé, le maïs ou encore la pomme de terre, à la différence du plastique traditionnel réalisé à partir de carbone fossile.

    Les études qui se sont intéressées à mesurer leur impact montrent parfois des différences importantes dans les chiffres avancés, notamment dues au caractère relativement récent des bioplastiques.

    Une étude de mai 2015 de Nova Institue indique cependant que la production mondiale de plastiques biobasés est estimée à 5,1 millions de tonnes. Cela représente 2 % de la production des polymères dans leur ensemble, base fossile et origine végétale confondue. L’auteur de l’étude prévoit que cette production triple d’ici 2020 pour atteindre 17 millions de tonnes.

    Il existe actuellement deux freins principaux à la mise en place d’une filière bioplastique en Wallonie :
    * Les prix des biopolymères dégradables qui demeurent trop élevés par rapport à leurs concurrents fossiles ;
    * Le fait que la transformation de ces bioplastiques par des méthodes conventionnelles telles l’extrusion, l’injection et le soufflage, nécessite des aménagements importants au sein des outils de production industriels et, par conséquent, des investissements considérables.

    Le prix actuel des énergies fossiles est probablement en cause également.

    Le Ministre de l’Économie soutient le développement des bioplastiques au même titre que d’autres secteurs d’activités, par le biais des aides à la recherche. Pour rappel, une enveloppe de 330 millions d’euros est disponible en 2015.

    Plusieurs projets ont été financés dans ce cadre. À titre d’exemple, le projet « Beetpack », financé dans le cadre du pôle de compétitivité Wagralim, a permis le développement d’un emballage alimentaire offrant l'avantage de pouvoir être biosourcé, biodégradable et recyclable.

    Le projet a été financé dans le cadre du septième appel à projets. Il portait sur un montant total de 1.917.000 euros, dont 1.205.000 euros de financement public.

    Un sixième pôle de compétitivité a été constitué dans le domaine de la chimie durable : Greenwin. La chimie durable s'appuie sur l'intensification des procédés et l’utilisation de matières premières renouvelables. Le pôle est particulièrement actif dans la thématique des bioplastiques. Dans le cadre de sa mission formation, il a notamment porté le projet « Greenskills » en collaboration avec le Centre de Compétences de l’Industrie Chimique (CEFOCHIM). Ce projet permet désormais de proposer 20 formations dans le domaine de la chimie verte et durable et l’utilisation des agro-ressources. Ces formations répondent aux besoins formulés par les industriels dans ce secteur d’activités concernant la formation de main-d’œuvre qualifiée.

    Il existe, au sein des Universités et Hautes Écoles, près de 63 laboratoires qui développent, chaque jour, des compétences dans les domaines de la chimie et des matériaux biosourcés. Les centres de recherche agrées, dont particulièrement Materia Nova, le Certech, Cori et Sirris, se penchent également de près sur la thématique des polymères biosourcés par le biais de projets financés directement par la Région ou cofinancés par des fonds européens.

    Materia Nova était ainsi partenaire du projet Interreg V « Nanolac » –nanoparticules pour la production de matériaux performants et biodégradables à base d’acide polylactique – qui concerne la problématique du compromis idéal entre le respect de l'environnement et le progrès industriel. En effet, il s'agit de réduire progressivement l'utilisation de polymères d'origine pétrochimique au profit de polymères, ou biopolymères, biodégradables.

    En conclusion, de nombreux outils et moyens publics sont mis à la disposition des entreprises dans le secteur des bioplastiques en vue de développer ce secteur d’activité. Il appartient maintenant aux industriels de saisir ces opportunités afin de développer des activités permettant la création d’emplois et de valeur ajoutée.