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Le programme de dépistage du cancer colorectal

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 764 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 03/08/2015
    • de PECRIAUX Sophie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le cancer de l'intestin est associé à un taux de mortalité élevé car le diagnostic et le traitement sont généralement réalisés à un stade avancé de la maladie.

    Le Conseil européen recommande de mettre en place un programme de dépistage de ce cancer chez les hommes et les femmes de 50 à 74 ans.

    Depuis 2009, la Fédération Wallonie-Bruxelles soutient un programme de dépistage du cancer colorectal par recherche de sang occulte dans les selles.

    Depuis le premier juillet 2014, la gestion du programme de dépistage du cancer de l'intestin a été transférée à la Wallonie et à la COCOF, même si la Fédération poursuit le traitement de la matière.

    Les résultats de ce programme sont-ils connus ? Des statistiques sont-elles disponibles ?

    Le programme sera-t-il poursuivi ou intensifié ?
  • Réponse du 18/08/2015
    • de PREVOT Maxime

    Le Programme de dépistage du cancer colorectal est réalisé et évalué suivant les « European guidelines for quality assurance in colorectal cancer screening and diagnosis » (http://www.ccref.org/pdf/ND3210390ENC_002.pdf) et conformément à la loi du 8 décembre 1992 relative à la protection de la vie privée à l'égard des traitements de données à caractère personnel.

    Le programme de dépistage s’adresse aux hommes et aux femmes de 50 à 74 ans de la Wallonie (et de la Région de Bruxelles-Capitale sous la responsabilité actuelle de la COCOF).

    Le programme est toujours en cours, et mené de manière opérationnelle par le Centre Communautaire de Référence (CCR) pour le dépistage des cancers.
    Il s’articule autour de 2 filières : la filière FOBT (Faecal Occult Blood Test) versus la filière coloscopie d’emblée pour les personnes qui ont des antécédents familiaux ou des risques accrus.

    Le test utilisé dans la filière FOBT depuis 2009 est le test Hemoccult®, test de type gaïac (gFOBT).

    Le médecin généraliste est au centre du processus et oriente les sujets vers une filière spécifique en fonction du niveau de risque.
    Dans la filière FOBT, le médecin commande les tests Hemoccult® au CCR par téléphone, e-mail, fax ou plateforme web. Le médecin remet ensuite le test à son patient.

    Entre le 1er mars 2009 et le 31 décembre 2014, 230 918 tests concernant des personnes de 50 à 74 ans ont été reçus au laboratoire.

    Le taux de participation est de 7,5 % si l’on tient compte de toute la population éligible.

    Celui-ci avoisine 20 % si l’on inclut les personnes de la même tranche d’âge qui bénéficient de coloscopies ou de tests de recherche de sang dans les selles en dehors du Programme.

    Plus de 5 800 médecins généralistes sont actifs dans le cadre de ce programme de dépistage.

    Parmi les tests Hemoccult® reçus pour la tranche d’âge ciblée, 3,3 % étaient positifs. Ce taux de positivité est très légèrement supérieur aux recommandations européennes (< 3 %).

    Les taux de détection sont de 1,9 ‰ pour les cancers, de 4,6 ‰ pour les adénomes avancés et de 5,1 ‰ pour les adénomes non avancés.

    En chiffres absolus, 7 696 tests ont été positifs, ils ont donné lieu à 5 810 coloscopies parmi lesquelles :

    - 439 cancers (7.6 %)
    - 1201 avec un adénome (20.7 %)
    - 1071 avec un adénome avancé (de plus d’un centimètre, ou contingent villeux ou dysplasique de haut grade) (18.4 %)
    - 3026 coloscopies négatives (52.1 %)
    - 73 de résultat inconnu malgré deux rappels (1.3 %)

    Par ailleurs, la valeur prédictive positive (VPP) (la valeur prédictive positive est la probabilité que la maladie soit présente lorsque le test est positif) du test correspond aux taux rencontrés dans les autres études internationales qui utilisent (ou ont utilisé) le même test. Les valeurs prédictives sont respectivement de 7,7 % et 39,6 % pour les cancers et les adénomes.

    La liaison des données avec celles du Registre du Cancer est en cours pour les années de dépistage 2009-2010. Ceci permettra de connaître les cancers de l’intervalle (cancers qui se déclarent entre deux dépistages) et de compléter les informations relatives aux cancers dépistés dans le programme (type et mortalité par rapport aux cancers colorectaux qui se sont déclarés par des symptômes hors dépistage.

    Dans le futur, le programme est amené à évoluer. En effet, bien que les résultats obtenus par le programme confirment que celui-ci rencontre les critères de qualité, d’efficacité et d’efficience souhaitables pour un programme de dépistage, il est toutefois à noter que la participation de la population « cible » est insuffisante pour obtenir une réduction de la mortalité liée au cancer colorectal. De plus, le test Hemoccult® est parfois dénigré par le corps médical en raison de son aspect « désuet » et de sa sensibilité peu élevée.

    Dès lors, différentes évolutions au Programme sont déjà mises en places ou en cours de réalisation :

    - augmentation de la participation et fidélisation : des mesures ont été prises pour augmenter la fidélisation au Programme après qu’elles aient montré leur efficacité dans des projets pilotes : envoi postal direct du test au domicile pour les personnes qui ont déjà participé au programme deux ans avant et dont le résultat était négatif. Les patients ne doivent donc plus obligatoirement passer par le médecin traitant que pour la première participation. Cette mesure va permettre également de réduire les stocks « dormants » chez les médecins généralistes et donc de réduire les coûts;

    - passage à un autre type de test de recherche de sang dans les selles (test immunologique « iFOBT » à la place du « Gaiac »). En effet, les tests immunologiques permettent de détecter deux à deux fois et demi plus de cancers et trois à quatre fois plus d’adénomes avancés que le test Hemoccult®. De plus, ces tests permettent de détecter des saignements plus faibles que ceux détectables avec un test au gaïac.
    L’utilisation de ce test a déjà été adoptée dans différents pays où il rencontre davantage de soutien chez les médecins généralistes.
    Le fait également que le test immunologique ne requiert qu’un seul prélèvement et n’implique pas de restrictions alimentaires sont des éléments qui favorisent la participation de la population au programme.
    Une plus grande participation de la population cible et la détection de plus de lésions sont donc généralement mises en avant par rapport au test gFOBT.
    Après un projet pilote réalisé en 2014, le passage à l’utilisation d’un test immunologique est prévu pour début 2016;

    - listes d’exclusion : une modification du système d’invitation de la population éligible est en cours de réalisation afin de mieux cibler la population à inviter grâce à la définition de « listes d’exclusions ». Ceci permettra de réduire les invitations « inutiles » (personnes déjà suivies par coloscopie, personnes ayant un cancer colorectal dans ses antécédents,…) et donc de réduire les coûts postaux;

    - modification des flux de distribution des tests: un système de commande en ligne des tests est à l’étude. Cette mesure va permettre également de réduire les stocks « dormants » chez les médecins généralistes, les tests réalisés chez des personnes hors des critères d’âge (hors 50-74 ans) et les tests périmés.