Le pic de mortalité durant la canicule de juillet 2015
- Session : 2014-2015
- Année : 2015
- N° : 770 (2014-2015) 1
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Question écrite du 07/08/2015
- de DURENNE Véronique
- à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine
L’Institut de santé publique a révélé que la canicule de début juillet aurait provoqué un pic de mortalité avec 410 décès supplémentaires. Ce sont 210 hommes et 200 femmes qui ont été touchés. 33 % des personnes touchées avaient 85 ans ou plus, c’est d’ailleurs la catégorie la plus touchée.
D’un autre côté, Monsieur le Ministre avait lancé le plan vague de chaleur et pic d’ozone pour justement pallier ce type de faits. Pourtant la hausse du taux de mortalité coïncide avec la période de forte chaleur.
Monsieur le Ministre semble faire état d’une analyse différente de celle de l’Institut de santé publique. Quelle est-elle ? Et pourquoi ?
Peut-il également faire un premier état des lieux du plan en l’état actuel des choses ? Est-il suivi et correctement mis en œuvre ? Ne nécessite-t-il pas une modernisation passant par les nouveaux moyens de l’information et de la communication ?
Réponse du 03/09/2015
- de PREVOT Maxime
La canicule de juillet 2015 s’est étendue du 30 juin au 5 juillet avec des températures moyennes de jour de plus de 30 °C et des températures moyennes nocturnes de plus de 20 °C ainsi qu’une concentration en ozone qui a dépassé certains jours les 180 µg/m3. La population wallonne, comme ses voisines, a été largement touchée par l’événement climatique.
La mortalité excédentaire de la canicule de juillet 2015 à laquelle l'honorable membre fait allusion, et qui a fait l’objet du communiqué de presse de l’Institut scientifique de santé publique (ISP) du 31 juillet 2015 fait état d’une estimation (avec les données du moment, pas encore complètes) d’une surmortalité estimée à 26 % pour la période du 30 juin au 15 juillet 2015 et pour la population belge, c'est-à-dire un nombre de décès supplémentaires de 410. Les personnes âgées de plus de 85 ans sont les plus concernées avec 33 % de surmortalité. L’ISP précise que ces décès surviennent généralement chez les personnes déjà affaiblies et il n’exclut donc pas que cet excès de mortalité soit éventuellement compensé par une mortalité plus faible au cours des prochains mois. Par ailleurs, l’ampleur de pic en Belgique est comparable à celle des pays voisins comme la France et les Pays-Bas.
Comme l’honorable membre le sait, la gestion du plan « Forte chaleur et pics d’ozone » a fait l’objet d’un transfert du Fédéral vers les Régions qui gèrent actuellement chacune leur plan. À l’heure actuelle en Wallonie, tous les points importants du plan sont ceux du précédent plan fédéral. La Wallonie a mis l’accent sur la transmission d’informations importantes pour le grand public et pour les professionnels de terrain notamment en maison de repos et/ou de repos et de soins.
Dès l’entrée en phase de vigilance du plan « Forte chaleur et pics d’ozone » (1), l’administration wallonne de la Santé affiche celui-ci dans les news de son site internet ( hyperlien pour accès au plan complet comportant les recommandations, liens utiles par exemple de l’IRM pour température et de CELINE pour les concentrations en ozone) et envoie un courrier électronique pour attirer l’attention de ses différents partenaires sur le commencement de la phase de vigilance en rappelant l’existence du plan ainsi que des renseignements et recommandations que l’on peut y trouver. Il existe en effet différents types de recommandations sanitaires pour des professionnels de la santé, des partenaires sociaux et des organisations sociales. Des recommandations ont ainsi été rédigées à destination des « proches de personnes âgées et dépendantes à domicile » ou « aux proches, au personnel soignant et aux médecins, ainsi qu’aux directions pour la prise en charge des personnes âgées et dépendantes, en maison de repos ». Les recommandations de santé publique qui y figurent incitent principalement à rester au frais et à boire suffisamment.
Pendant la saison du plan qui s’étale du 15 mai au 30 septembre de chaque année, toutes les institutions partenaires de l’administration de la santé qui ont une messagerie électronique sont averties par email de tout passage en phase d’avertissement, voire en phase d’alerte. Cette dernière phase n’a jamais été déclenchée même durant le dernier épisode de canicule, car la durée de la forte concentration en ozone n’était pas suffisante.
Dans différentes inspections des maisons de repos et/ou de repos et de soins, il a pu être constaté que des initiatives intéressantes ont été prises comme : création d’une fiche procédure canicule, mise à disposition de cruches d’eau avec glaçons sur les tables avec des verres, mise en place de tours d’hydratation jour et nuit, modification de menus, rafraîchissement des résidents grabataires à l’eau fraîche lors des changes,…
Après la saison de ce plan, soit après le 30 septembre, mon administration procèdera comme chaque année à une évaluation des événements et actions de cette période. L’ISP disposera alors de données de mortalité plus complètes.
De plus, il est également prévu de consulter largement les différents partenaires évoqués plus haut, le grand public et ceux qui le souhaitent afin de leur soumettre un questionnaire d’appréciation des informations communiquées, de recueillir les observations et les suggestions éventuelles.
Le bilan de cette enquête sera largement diffusé fin 2015-début 2016. Les résultats de celle-ci ainsi que différents constats de l’administration et les travaux du groupe de travail dépendant de la Cellule nationale environnement-santé permettront d’améliorer le plan actuel pour la saison 2016.
(1) La phase de vigilance du plan « fortes chaleurs et pics d’ozone » débute le 15 mai. Cette année une newsletter a été envoyée par voie électronique aux partenaires de la DGO5. Cette phase de vigilance se termine le 30 septembre. Voir site web : http://socialsante.wallonie.be/?q=news-plan-wallon-forte-chaleur-pics-ozone