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L'immigration sur le territoire wallon

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 144 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 03/09/2015
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MAGNETTE Paul, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Les tensions dans le monde augmentent inévitablement l'afflux de population étrangère en Europe. La Wallonie n'échappe pas au phénomène.

    Monsieur le Ministre-Président dispose-t-il d'informations actualisées sur la composition de la population qui réside sur le territoire wallon

    Quel est le nombre d'habitants de la Wallonie ?

    Quelle est la composition par nationalités étrangères ? Quelle est la croissance de ces populations sur les dix dernières années par nationalité ?

    Quelles sont les prospectives en la matière ?

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre-President sur le phénomène migratoire et la politique d'intégration menés en Wallonie ?
  • Réponse du 25/09/2015
    • de MAGNETTE Paul

    Sur base des éléments en notre possession, issus des données et études de l’IWEPS, voici ce qu’il est possible de dire sur les mouvements et tendances relatives à la composition de la population wallonne :

    Concernant la population globale :
    * En 2015, la population résidente wallonne est estimée à 3,6 millions d’habitants, soit 32 % de la population belge.
    * Au cours de la période 2005-2015, en moyenne, la population wallonne a progressé au rythme de 0,56 % par an, contre 0,71 % au niveau national. Le résultat de ces évolutions contrastées est que la contribution de la Wallonie à la population résidente belge est passée de 32,5 % en 2005 à 32 % dix ans plus tard.

    Concernant la part de résidents de nationalité étrangère dans la population wallonne :
    * Son effectif a été évalué à 352 430 en 2015.
    * Au cours de la période 2005-2015, la population étrangère en Wallonie a progressé de l'ordre de 1,3 % par an, soit un rythme plus rapide que celui de la population de nationalité belge (+0,4 %).
    * Aujourd'hui la population étrangère avoisine les 9,8 % de la population résidente wallonne, contre 9,1 % en 2005. Par référence, en Belgique, la population étrangère représente 11,2 % du total en 2005, contre 8,3 % en 2005.
    * Les données relatives à la structure de la population étrangère wallonne par région d'origine révèlent que, globalement, les Européens en représentaient 86,3 % en 2005. La très grande majorité de ces Européens sont originaires des États membres de l’Union. À eux seuls, ces ressortissants de l'UE représentent 81,1 % de l'ensemble de la population étrangère wallonne. Derrière l'Europe viennent se positionner l'Afrique (9,2 %), l'Amérique (2,3 %), l'Asie (1,9 %) et l'Océanie (0,1 %), ainsi que la catégorie « autres » (0,2 %), qui recense les personnes dont le pays d'origine n'a pas été identifié.
    * L'évolution au cours de la période 2005-2015 montre un changement de structure de la population étrangère. En une décennie, les parts de l'Europe et de l'Union européenne ont respectivement baissé de 5,6 et 6,1 points de pourcentage. En revanche, les parts de l'Afrique et de l’Asie ont vu leurs apports progresser significativement (+3,4 points et +1,6 point), passant de 9,2 % à 12,6 % et de 1,9 % à 3,5 % entre 2005 et 2015.

    En termes de prospective :
    * Il est impossible d’identifier avec certitude les scénarios d’évolution de la population étrangère belge et wallonne.
    * Un scénario tout simple consiste à prolonger les dernières évolutions récentes. Entre 2014 et 2015, la population étrangère wallonne a progressé de 1,5 % contre 0,4 % pour la population résidente considérée dans son ensemble. En prolongeant cette tendance, la population étrangère wallonne sera de l'ordre de 357 593 habitants, soit 9,9 % de la population résidente en Wallonie.
    * Cela étant, de nombreux indicateurs laissent penser que les tendances futures ne seront pas de simples prolongements des tendances actuelles. Selon l’IWEPS, le phénomène devrait s'accélérer davantage en raison des tensions internationales.

    La question de l’honorable membre me donne, par ailleurs, l’occasion d’évoquer, comme je l’ai fait lors dans mon discours des Fêtes de Wallonie, l’immigration et sur le sens de l’accueil qui a toujours caractérisé la Wallonie. Dans le contexte de crise que nous vivons, notre premier devoir en tant que responsables politiques, est, en effet, de réaffirmer le caractère absolu du droit d’asile et les grands principes de notre vie en commun.

    La Wallonie a été une terre d’accueil pour ceux qui ont fui la dictature et la guerre, en Italie et en Espagne, en Hongrie et en Pologne, en Grèce et au Chili, en Afrique centrale ou dans les Balkans. Les citoyens venus de ces pays sont parfois rentrés chez eux, quand la paix et la démocratie ont été rétablies, mais beaucoup se sont établis en Wallonie, qui est désormais leur patrie.

    L’honorable membre conviendra avec moi que la responsabilité des hommes et des femmes politiques est de donner aux personnes qui immigrent en Wallonie les moyens de devenir des citoyens à part entière et non des résidents de deuxième classe. Le Gouvernement wallon entend jour son rôle en ce sens, en étroite collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles :
    * Nous allons aider les associations de terrain, les pouvoirs locaux et les CPAS, qui sont en première ligne.
    * Comme stipulé dans la DPR, nous allons rendre obligatoire l’apprentissage du français dans le parcours d’intégration, en dégageant les moyens nécessaires pour cela.
    * Et, dans le même temps, nous allons travailler à l’insertion socio‑professionnelle, parce que disposer d’un emploi demeure la meilleure manière de s’intégrer à la vie sociale.

    Ces efforts et ces engagements, nous ne le faisons pas par calcul en nous convaincant que cela est bon pour notre économie, mais par conviction. La stature morale d’une communauté humaine se mesure à sa capacité d’accueillir la souffrance et nous voulons nous montrer à la hauteur du drame que vivent ces milliers de femmes et d’hommes en exil.