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Eclairage des autoroutes.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2005
  • N° : 48 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 18/01/2005
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à DAERDEN Michel, Ministre du Budget, des Finances, de l'Equipement et du Patrimoine

    Depuis l'espace, rares seraient les réalisations humaines qui seraient visibles. On cite fréquemment la Grande Muraille de Chine, mais également les autoroutes wallonnes.

    Ainsi, à diverses reprises, il a été mis sur le devant de la scène la possibilité de supprimer tout éclairage sur nos autoroutes, de l'adapter ou de le rationaliser, en vue de réaliser certaines économies.

    Cependant, l'un des obstacles majeurs à toute initiative en la matière serait lié au fait que l'éclairage de la voirie limiterait sensiblement les risques d'accidents.

    Monsieur le Ministre peut-il tout d'abord me communiquer le coût exact de l'éclairage des autoroutes en Région wallonne ? Peut-il également me communiquer le nombre de kilomètres des autoroutes éclairées et le nombre de kilomètres de celles qui ne le sont pas ?

    Selon Monsieur le Ministre, existe-t-il une corrélation entre l'éclairage de la voirie et le nombre d'accidents qui s'y produisent ?

    Les nouvelles autoroutes (par exemple l'A8 Tournai-Bruxelles ou encore l'A17 Tournai-Mouscron) ne sont que partiellement éclairées. S'il existe réellement une corrélation entre l'éclairage des autoroutes et les accidents qui s'y produisent, ne conviendrait-il pas de procéder au plus vite à l'installation d'éclairage le long de ces deux autoroutes ?

    A contrario, en cas d'absence de toute corrélation entre l'éclairage des autoroutes et les accidents qui s'y produisent, ne conviendrait-il pas de supprimer ou, à tout le moins, de limiter fortement l'éclairage sur les axes autoroutiers wallons et d'ainsi réaliser de substantielles économies ?
  • Réponse du 30/03/2005
    • de DAERDEN Michel

    J'ai l'honneur de communiquer à l'honorable Membre les éléments de réponse suivants.

    Sur 869 kilomètres de réseau routier, 750 kilomètres sont actuellement éclairés.



    Le coût d'installation d'une zone d'éclairage sur autoroute est évidemment variable et dépend notamment de la nature du terrain influençant le coût des tranchées.

    On peut toutefois estimer à 190.000 euros le coût moyen d'un kilomètre d'éclairage autoroutier, échangeurs y compris. Ce coût peut évidemment être réduit si on peut profiter de la présence de travaux de génie civil pour enfouir les câbles d'alimentation électrique.

    Il est évident qu'un tel réseau nécessite un entretien régulier consistant essentiellement au remplacement des équipements défectueux (lampes et accessoires) et à la réparation des éléments détériorés lors d'avaries.

    Le coût annuel de cet entretien s'élève à 5 millions d'euros.

    Quant à la consommation d'énergie électrique, le coût annuel est de 4,9 millions d'euros.

    Ces deux derniers montants sont à comparer au montant annuel prévu pour l'entretien du réseau autoroutier et routier, à savoir 160 millions d'euros (génie civil et électricité).

    Concernant la corrélation entre l'éclairage de la voirie et le nombre d'accidents qui s'y produisent, je voudrais rappeler qu'une des priorités de ma politique au sein du département des travaux publics est la sécurité.

    La sécurité dépend, d'une part, de facteurs matériels comme la qualité des véhicules et des infrastructures et, d'autre part, de facteurs humains liés aux comportements des conducteurs.

    Bien évidemment, l'éclairage est un élément essentiel contribuant à la sécurité et au confort des usagers puisqu'il intervient dans la qualité des infrastructures.

    Son avantage principal est évidemment la perception à longue distance des obstacles permettant une anticipation plus rapide.

    L'éclairage nous permet de prédire longtemps à l'avance une manœuvre de dépassement, il nous aide à mieux nous repérer, à mieux nous orienter et à nous positionner correctement sur la chaussée, il nous aide à mieux voir les marquages à longue distance.

    Bref, l'éclairage aide notre cerveau à juger et donc à adapter notre comportement ; gardons à l'esprit que 70 % de l'information traitée par notre cerveau passent par les yeux.

    Mais il faut reconnaître que depuis des années, partisans et détracteurs de l'éclairage continu du réseau autoroutier s'opposent.

    L'utilisation de l'éclairage pour améliorer la sécurité des usagers de la route a fait l'objet de nombreux débats et publications.

    Et de façon cyclique, les messages contradictoires se succèdent.

    Il ne faut pas s'en étonner compte tenu du grand nombre de paramètres à prendre en considération pour étudier l'impact de l'éclairage sur la diminution du nombre et des conséquences des accidents nocturnes. Je voudrais simplement me référer à quelques études.

    Une bonne synthèse des résultats statistiques obtenus, avant 1992, a fait l'objet par la CIE (Commission internationale de l'éclairage), de la publication 93 qui rapporte, de façon critique, les résultats de soixante-deux études effectuées le long des routes et autoroutes.

    Cette publication tend à montrer que dans 85 % des cas étudiés, l'éclairage a un effet bénéfique sur la sécurité routière.

    Des études norvégiennes ont démontré que l'éclairage routier apportait une réduction de 65 % des accidents mortels et de 30 % des accidents avec blessés.

    La VUB (Vrije universiteit van Brussel), après avoir consolidé les principales études nationales et européennes sur le sujet, précise des valeurs tout à fait équivalentes :

    - réduction de 65 % du taux d'accidents mortels pour tous types de réseaux ;
    - réduction de 30 % des accidents sur autoroutes ;
    - réduction entre 26 % et 65 % des accidents sur routes principales.

    L'Institut belge pour la sécurité routière (IBSR) a consacré, en août 2001, dans sa revue via Secura, un article sur l'influence de l'éclairage sur nos autoroutes.

    Selon cet article, si l'on s'en tient à l'aspect purement sécuritaire, l'intérêt majeur d'un éclairage autoroutier continu réside dans la meilleure perception de l'environnement qu'il apporte.

    Le revers de la médaille est que cet apport supplémentaire de confort engendre parfois une prise de risques accrue pouvant avoir de sérieuses conséquences en cas d'accident.

    L'auteur concluait également que d'autres facteurs que l'éclairage tels que l'alcool, la drogue, la fatigue et la vitesse interviennent de façon nettement plus significative dans l'explication de nombreux accidents de nuit.

    Enfin, je voudrais rappeler les résultats d'une enquête réalisée en juin 2001 par le MET et qui visait à cerner le degré de satisfaction des usagers wallons et des usagers en transit, leur façon de percevoir les autoroutes et ce qu'ils attendent.

    L'éclairage a bénéficié du score le plus élevé de satisfaction (8,3/10) et il est assez remarquable d'observer la belle unanimité entre les usagers wallons et les usagers en transit dans cette note brillante accordée à l'éclairage.

    En conséquence de ces différents constats, je souhaite bien évidemment poursuivre l'éclairage du réseau autoroutier et routier, mais en développant une politique visant à rationaliser les investissements et à diminuer les coûts d'exploitation dans la consommation électrique.

    Les économies engendrées ne peuvent évidemment pas perturber le confort de la sécurité des usagers. Ces économies résultent d'une révision des niveaux d'éclairement et de leur adaptation aux conditions de trafic.

    Mais bien évidemment, les installations d'éclairage continueront à être réalisées suivant les recommandations des différents organismes de normalisation tant au niveau belge qu'international.

    Il faut savoir que depuis plus de cinq ans, sur les nouveaux tronçons autoroutiers ou lors de la modernisation (par exemple, mise à trois voies de l'autoroute E42 avec remplacement de poteaux en béton), le niveau d'éclairage a été adapté de façon à réduire la consommation électrique de 25 % (poteau tous les 90 mètres au lieu de 60 mètres avec un niveau d'éclairage un peu plus faible).

    C'est ainsi que dans la zone des travaux de réhabilitation en province de Luxembourg, l'éclairage en berme centrale des autoroutes E411/E25 est actuellement en cours suivant le même principe.

    Un montant de 2 millions d'euros est prévu au budget 2005 pour cet éclairage, les travaux sont réalisés en coordination avec ceux du génie civil et se poursuivront en 2006.

    Quant à l'éclairage des autoroutes A17 et A8, la programmation des travaux n'est pas prévue à court terme compte tenu des priorités budgétaires étant donné que le trafic sur ces autoroutes est moins important que sur l'autoroute E411 qui comporte encore des tronçons non éclairés.

    Je tiens également à mentionner le démarrage dans les prochaines semaines d'un projet de modulation à l'éclairage existant en berme centrale sur les autoroutes en fonction des conditions atmosphériques et de la densité du trafic.

    Le crédit qui a été prévu pour ce projet, à savoir 750.000 euros, doit permettre de couvrir une longueur d'environ 30 kilomètres répartie en trois zones pour tester différentes conditions de trafic.

    L'économie espérée est de l'ordre de 25 %, liée cette fois non pas à l'espacement accru des poteaux, mais à la réduction de la consommation d'énergie par une diminution des flux lumineux.

    Ce projet pilote devra être validé techniquement et économiquement avant de décider d'étendre cette modulation à l'ensemble du réseau autoroutier.