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L'état d'avancement du projet de centre de protonthérapie à Charleroi

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 332 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 09/09/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Fin août, Monsieur le Ministre a visité avec une délégation wallonne le Centre Antoine-Lacassagne (CAL) à Nice. Ce centre de lutte contre le cancer vient d'inaugurer un nouvel équipement de protonthérapie (Proteus®ONE) développé par l'entreprise belge IBA.

    La Wallonie aussi veut être à la pointe du traitement du cancer, et c'est la raison pour laquelle le Gouvernement wallon a marqué son accord en avril 2014 sur un projet de centre de protonthérapie.

    En décembre 2014, Monsieur le Ministre m'indiquait que le projet wallon, qui serait basé à Charleroi et porté par un partenariat d'innovation technologique, consisterait en une plate-forme de recherche et développement dans les domaines cliniques, industriels et radiobiologiques, ainsi qu'en un centre de formation accessible aux cliniciens et aux techniciens.

    Dans le cadre de la visite du CAL à Nice, on a pu entendre ou lire que le projet de centre de protonthérapie à Charleroi poursuivrait également un objectif thérapeutique, et que plusieurs dizaines de patients devraient y être soignés chaque année une fois le centre opérationnel.

    Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur ce projet ?

    Quel est son état d'avancement ?

    La nature du projet a-t-elle évolué ?

    Confirme-t-il qu'il est prévu de soigner des patients atteints d'un cancer au futur centre de protonthérapie de Charleroi ou celui-ci sera-t-il exclusivement consacré à la recherche et au développement ?
  • Réponse du 28/10/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Dans la plupart des pays européens, il y a aujourd'hui un développement de salles de protonthérapie. Proteus One, qui est la solution la plus compacte et la moins onéreuse, permet le développement de plusieurs infrastructures.

    Les effets de cette thérapie sur la santé publique sont établis, spécialement dans deux types de cancers :
    1. les cancers pédiatriques ;
    2. les cancers localisés à proximité d'organes extrêmement sensibles.

    Pensons au cerveau. Il est clair que la précision du rayonnement est d'autant plus importante que cet organe joue un rôle essentiel pour la santé en général.

    Même pour des cancers qui, il y a encore quelques années, n'étaient pas considérés comme significatifs, l’avantage de la protonthérapie apparaît désormais. Auparavant, la supériorité technologique de ce type d’outil n’était pas démontrée, ce qui permettait de déterminer le choix en vertu du moindre coût, de l'avantage compétitif.

    Or, on réalise aujourd'hui que même pour des cancers considérés comme plus généraux, ce type de thérapie n’est plus négligeable.

    Face à la polémique, le Ministre de l’Innovation et de la Recherche a décidé, avec IBA, leader mondial dans cette technologie avec plus de 50 % des installations développées dans le monde, qu'il était important que les centres de recherches d'IBA cessent de « courir le monde » pour mener à bien leurs activités.

    En effet, actuellement, l’ingénieur et chercheur Yves JONGEN passe l'essentiel de son temps à travailler la nuit aux États-Unis, puisqu’il ne peut travailler qu'aux moments où les patients qui se font traiter ne sont pas dans l'établissement.

    Il s’agit donc de permettre à l’entreprise de continuer à se développer, mais, surtout, de permettre aux universités de la Région de s'impliquer. Le centre de protonthérapie sera ainsi la première plate-forme d'innovation technologique en Europe, voire dans le monde, qui rassemble toutes les universités – sauf une pour l'instant – et qui permettra aux universités d'avoir accès à une installation principalement dédiée à la recherche avec l'utilisation de proton.

    Concernant la résistance des matériaux, l'Université de Liège possède tout un programme spécifique, où le bombardement de protons sur des surfaces pourrait permettre :
    - soit la transformation de ces surfaces ;
    - soit de vérifier dans quelle mesure les matériaux utilisés peuvent répondre à des agressions externes, ce programme s’étendant du domaine spatial jusqu’à des domaines beaucoup plus communs.

    Par ailleurs, il est aussi question de recherche médicale sur d'autres aspects que le curatif. Ainsi, nous allons bénéficier, ici, en Wallonie, et effectivement à Charleroi, d'une infrastructure qui sera dédiée :
    - pour deux tiers de son activité à la recherche ;
    - pour un tiers au curatif.

    En raison du nombre de cas pouvant être traités par une installation de protonthérapie, la Région demeure dans le cadre de ce que le Fédéral paie pour traiter les patients par protonthérapie à l'étranger.

    En effet, il faut savoir qu’à ce jour, l'INAMI accepte, sur base d'une déclaration du médecin-conseil, d'envoyer des patients belges à l'étranger et rembourse d'ailleurs les frais y afférents. Ce n'est donc pas la pertinence du traitement qui est mise en cause, mais son infrastructure.

    Il ressort des contacts que le Ministre de l’Innovation et de la Recherche a pu avoir avec les chercheurs de la KUL, que ceux-ci ont une légère avance, puisqu’ils ont décidé d'acheter une installation Proteus ONE d'IBA pour avancer en ce sens.

    Concernant le budget, il est question de 45 millions environ, dont :
    - une vingtaine de millions pour l'installation de génie civil ;
    - 20 millions en recherche fondamentale, pour permettre à ce secteur de démarrer, dans le cadre des pôles de compétitivité.

    D’ailleurs, la même chose est faite en Reverse Mettalurgy, où une partie du montant est affectée pour l'achat de fours spéciaux permettant de recycler des matériaux rares et une autre partie est affectée au financement de recherches qui permettent de faire de l'économie circulaire dans la Région. Ce sont des éléments tout à fait connus. La même chose a été faite avec une plate‑forme technologique à Charleroi, dans les biotechnologies : l'installation de salles blanches, notamment.

    En ce qui concerne la procédure judiciaire, Varian, qui n'a pas de produit concurrent, a introduit un recours en suspension. Le tribunal des référés a considéré que la décision de l'université qui porte le dossier n'était pas suffisamment motivée. Il appartient à l’entité adjudicatrice de gérer cette procédure judiciaire dans l’intérêt de l’aboutissement du projet.

    Il est à noter que la procédure de marché public lancée par la KUL a connu le même sort. Le Ministre de l’Innovation et de la Recherche est donc relativement confiant concernant l’évolution de ce projet.

    Pour conclure, le Ministre de l’Innovation et de la Recherche maintient donc son souhait d’inaugurer cette installation en 2017.