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Problème de dénutrition chez les personnes âgées.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2005
  • N° : 53 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 18/01/2005
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à VIENNE Christiane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Madame la Ministre n'est pas sans savoir que nos habitudes alimentaires évoluent avec l'âge. En effet, d'un point de vue strictement physiologique, les besoins nutritionnels du nourrisson, de l'adolescent, de l'adulte actif ou de la personne âgée ne sont pas les mêmes. De plus, quand on parle d'apports nutritionnels différenciés, il faut bien entendu aborder l'aspect quantitatif, mais surtout l'aspect qualitatif (apport en vitamines, sels minéraux, etc.).

    Ainsi, depuis plusieurs années, les habitudes alimentaires des plus âgés ont fait l'objet de diverses études. Quasiment toutes ont pu conclure à un grave problème de dénutrition et, plus particulièrement, chez les personnes isolées et non institutionnalisées.

    Selon Madame la Ministre, quelles sont les raisons qui peuvent expliquer ce phénomène de dénutrition chez les personnes âgées ? Quelles sont les réponses qu'entend apporter Madame la Ministre en vue de lutter contre ce problème ?

    L'un des facteurs pouvant expliquer cette perte d'appétit des personnes âgées en institution est la perte du rôle actif joué dans le rapport avec la nourriture. Quelles sont les actions qu'entend développer Madame la Ministre en vue de rendre à la personne âgée un rôle plus actif dans son rapport avec la nourriture ?

    D'autre part, le prédécesseur de Madame la Ministre, lors de la précédente législature, avait décidé d'élaborer une charte alimentaire destinée à être appliquée au sein des maisons de repos pour personnes âgées. Madame la Ministre a-t-elle abandonné ce projet ? Si oui, pourquoi ? Sinon, quand et comment compte-t-elle le réaliser ?

    Des actions pourront-elles éventuellement être étendues aux services de livraison de repas à domicile des CPAS ? Des actions devront également être menées à l'attention des personnes âgées non institutionnalisées . Madame la Ministre peut-elle me dire si des actions seront éventuellement menées en leur faveur en collaboration avec la Communauté française ?
  • Réponse du 13/09/2005
    • de VIENNE Christiane
    Les statistiques de déclaration de décès de 1987 à 1997 indiquent que parmi les états de carence nutritionnelle, seul un diagnostic a retenu l'attention des praticiens : il s'agit de la « malnutrition

    protéino-calorique » qui ne représente cependant qu'une mortalité infime de 1,23/100.000 et qui n'est quasi exclusivement citée que pour des personnes de plus de 85 ans. Ce diagnostic est cependant davantage cité en Wallonie qu'en Flandre et à Bruxelles.

    Dans l'enquête santé effectuée par interview en 2001, les habitudes nutritionnelles ont été investiguées par régions et par catégories d'âge : il en est ressorti que, en Région wallonne, les personnes plus âgées (+ de 75 ans) sont davantage soucieuses du respect de la régularité des heures de repas.

    On sait aussi que même si les besoins en calcium chez la personne âgée sont plus importants, la résorption étant moins bonne, la consommation de produits laitiers est dédaignée par 15% des Wallons âgés.

    D'autres particularités ont ainsi été observées chez les personnes âgées en Wallonie telles que la moindre consommation de poissons, de fruits et de légumes par rapport aux consommations nationales dans la même tranche d'âge.

    Malgré l'existence d'études ponctuelles, il n'y a pas de relevé systématique de l'état de dénutrition des personnes âgées à leur admission à l'hôpital. On sait cependant que l'état nutritionnel des personnes hospitalisées dans un service de gériatrie est compromis pour 60% des admissions.

    Pour ce qui concerne plus précisément le secteur de l'hébergement en maison de repos, les plaintes déposées auprès de mon administration font régulièrement état d'une insatisfaction alimentaire.

    Il est important de d'abord distinguer la dénutrition de l'insatisfaction alimentaire.

    Un plus grand nombre d'entre nous arrivent à un âge avancé grâce à l'évolution de la médecine. Chez la personne fragilisée par l'âge, la décompensation alimentaire liée à la maladie ou à la chute doit rapidement être prise en charge. L'origine des risques de dégradation de l'état nutritionnel de la personne âgée peut varier, qu'il s'agisse d'une maladie associée à une perte d'appétit, de situations de solitude, d'isolement, de raréfaction des liens familiaux, de perte d'autonomie, d'un problème de dentition ou de l'apparition de troubles digestifs liés ou non à une prise de médicaments.

    L'alimentation dans les établissements de soins pour personnes âgées comme à l'hôpital n'est effectivement pas parfaite: le budget moyen journalier de 4 euros pour l'alimentation de la personne hébergée reste faible et malgré les efforts pratiqués au sein des maisons de repos, MRS et hôpitaux, les règles de diététique ne sont pas toujours suffisamment prises en compte.

    Il faut cependant signaler qu'un certain nombre de maisons de repos et de soins en Wallonie pratiquent un suivi systématique, objectif et scientifique de l'état nutritionnel de leurs résidents.

    Par ailleurs, il faut tout de même pointer le fait que le problème de dénutrition est davantage observé chez les personnes âgées non institutionnalisées et que le problème reste moins préoccupant dans les institutions.

    Pour ce qui concerne la qualité de la vie de la personne âgée, il faut aussi distinguer le besoin alimentaire garantissant la survie et la focalisation de l'attention de la personne autour de sa satisfaction alimentaire. La personne « extraite » de son habitation individuelle pour être plongée dans la promiscuité propre aux maisons de repos, traduit sa perte d'autonomie dans sa relation avec la nourriture. Cette perte d'autonomie, cette nouvelle dépendance peut accentuer la dépression propre à l'âge. Il est dès lors primordial d'assurer le maximum de prise de décision dans le chef de la personne âgée à l'égard de son alimentation, y compris une certaine liberté par rapport aux heures de repas.

    Pour ce qui concerne le déploiement d'une politique spécifique dirigée à la situation nutritionnelle de la personne âgée en Wallonie, je peux vous apporter les précisions suivantes :

    A. Le Plan National Nutrition - Santé Belgique 2005 - 2010 est en phase d'élaboration et la Région Wallonne y est étroitement associée. Le problème spécifique de la dénutrition de la personne âgée en Wallonie est l'une des préoccupations régionales qui est portée par les mandataires délégués par les pouvoirs publics wallons dans les groupes de travail qui élaborent ce plan.

    B. Quant au projet de Charte alimentaire initié par mon prédécesseur, mon administration n'a pas été impliquée directement dans sa conception.

    C. Pour ce qui concerne la politique que je souhaite mener, j'ai lancé, en concertation notamment avec l'Association des Directeurs de maisons de repos (ADMR) un plan d'action qui décline notamment un volet qualité alimentaire dans les maisons de repos et sur lequel j'aurai très bientôt l'occasion de revenir en détail ; l'aspect lié au maintien à domicile sera également évoqué.

    L'alimentation doit rester un plaisir tout en apportant ses besoins nutritionnels spécifiques.