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Les plans Marshall 1.0, 2.vert et 4.0

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 153 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 21/09/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à MAGNETTE Paul, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    La Wallonie a encore besoin de 20 ans pour se reconstruire.

    Depuis plus de dix ans, si on ne tient pas compte des précédents « Contrat d’avenir » et « Contrat d’avenir renouvelé », les différents gouvernements qui se succèdent à la tête de la Région wallonne ont axé la politique de relance économique de la Wallonie sur un plan baptisé Marshall.

    Le premier Plan Marshall s’accompagnait d’une enveloppe de 1,8 milliard d'euros. Le Plan Marshall 2.vert était doté d’un financement de 2,9 milliards d'euros et le Plan Marshall 4.0 mobilise 2,5 milliards d'euros sur l’ensemble de la législature.

    Est-ce suffisant ?

    L'impact sur le PIB serait limité.

    D'après l'IWEPS : « Le budget du Plan Marshall 2.vert n’a représenté que 4,7 % du budget total de la Wallonie ».

    Doit-on dès lors augmenter les moyens ?

    « Oui, estime Giuseppe Pagano, Docteur en sciences économiques à l’université de Mons. Si l’objectif initial du premier Plan Marshall était de faire progresser le PIB wallon, les montants sont trop faibles pour avoir un véritable impact sur le PIB. Le budget Marshall représente entre 0,5 et 0,8 % du PIB wallon par an ».

    Le contexte budgétaire actuel permettrait-il d’augmenter les moyens ? Et de peser plus sur le PIB wallon ?

    D'après l'UWE : « Le problème n’est pas lié au budget. Il y a un souci d’efficacité en Wallonie ».

    L’UWE prend à titre d’exemple le FOREm, dont les effectifs ont augmenté, sauf que les patrons recherchent toujours des personnes formées aux profils recherchés par les employeurs.

    « Derrière ces appréciations, le constat est sévère ! Certains indicateurs vont mieux, comme les exportations, mais si on prend les trois indicateurs principaux (PIB par habitant, taux d’emploi et taux de chômage) on ne voit pas de progression sur les 10 dernières années », dixit l'UWE.

    Giuseppe Pagano : « Depuis 2005, la Wallonie est parvenue à stabiliser sa part de PIB au niveau national, mais l’écart n’a pas été réduit ».

    La critique vise donc, d’une part, les moyens qualifiés d’insuffisants et, d’autre part, le manque d’efficacité des Plan Marshall successifs.

    Puis-je demander à Monsieur le Ministre-Président de réagir par rapport aux critiques émises ?

    Comment augmenter l’efficacité des politiques liées au Plan Marshall 4.0, aux pôles de compétitivité ? En d’autres termes, comment œuvrer pour que les entreprises traduisent les efforts et les moyens en projets et résultats ?
  • Réponse du 14/10/2015
    • de MAGNETTE Paul

    Dans la foulée et la logique du Plan Marshall de 2005, du Plan Marshall 2.vert de 2009 et des objectifs à long terme identifiés au travers du Plan Marshall 2022, le Gouvernement wallon poursuit ses efforts afin de fonder l’action publique sur des outils ambitieux au service de sa stratégie de développement régional.

    Cette ambition s’entend évidemment sur le long terme. C’est la raison pour laquelle le Plan Marshall constitue durablement le cœur de la stratégie wallonne ; parce qu’il vise la racine du problème et parce qu’il répond à celui-ci à la fois en rénovant les secteurs industriels porteurs et en changeant les mentalités et l’image de la Wallonie.

    Par ailleurs, les premiers succès sont incontestables, reconnus par nombre d’observateurs et mis en évidence au travers des programmes d’évaluations indépendantes menés par l’IWEPS et accessible sur le site de l’Institut.

    Comme le mentionne l’honorable membre, pour mettre en œuvre cette stratégie, le Gouvernement a toujours souhaité identifier une enveloppe budgétaire exclusivement dédiée au déploiement des mesures des plans successifs.

    Concrètement, les budgets ainsi alloués depuis le lancement de la « dynamique Marshall » se présentent comme suit :

    * le premier Plan Marshall représentait 1,78 milliard :
    - 1,18 milliard de budget régional
    - 600 millions de financements alternatifs

    * le Plan Marshall 2.vert représentait 2,87 milliards :
    - 1,79 milliard de budget régional
    - 1,07 milliard de financements alternatifs

    * Depuis 2006, le Gouvernement wallon a donc affecté 4,65 milliards à ce vaste plan de redressement.

    Avec le Plan Marshall 4.0, 2,9 milliards viendront encore s’ajouter à ce montant, afin de consolider et d’amplifier les efforts entrepris au travers de la dynamique Marshall.

    Il convient également de noter que des projets en financement alternatif du Plan Marshall 2.vert se concrétiseront sous cette législature, à concurrence de 841 millions d’euros.

    Le maintien d’une enveloppe « Marshall » démontre notre volonté de poursuivre notre démarche volontariste, et ce, malgré un contexte budgétaire complexe.

    Comme le mentionne l’honorable membre pour le Plan Marshall 2.vert, en termes de budgets « classiques », le Plan Marshall 4.0 (2,4 milliards) rapporté en base annuelle représente un peu moins de 4 % du budget de la Wallonie.

    Le poids budgétaire du Plan est donc, certes, relativement limité, mais c’est l’effort de concentration des montants sur des mesures prioritaires qu’il convient de mettre en évidence. Par ailleurs, les lignes de conduite du plan convergent également avec les lignes stratégiques retenues dans le cadre des programmations des Fonds structurels européens FEDER et FSE, accroissant ainsi des effets de levier.

    On ajoutera encore que le Plan Marshall 4.0 ne résume pas la politique du Gouvernement, ni même toute la politique dédiée aux entreprises. Chaque ministre développera ainsi, par ailleurs, en exécution de la Déclaration de politique régionale, des projets structurants complémentaires ou en synergie avec les mesures du Plan. On pense notamment au plan « infrastructures », au plan de simplification administrative, au « Small Business Act », aux réformes des aides à l’emploi, à la recherche, à l’expansion économique ou encore du CoDT. Tous ces projets sont autant d’occasions d’articuler les mesures du Plan Marshall 4.0 aux autres actions du Gouvernement, afin de soutenir l’objectif prioritaire de redéploiement économique et de création d’emplois.

    Ainsi, le Plan Marshall 4.0 doit avant tout être compris comme une approche cohérente destinée à contribuer à la mise en place d’une politique industrielle fondée sur l’innovation et la recherche, d’une nouvelle dynamique industrielle pensée en référence à la révolution « 4.0 ».

    Cette philosophie a, d’ailleurs, été saluée par les partenaires sociaux dans l’avis qu’ils ont rendu dans le cadre de l’élaboration et de l’adoption du Plan. Ainsi, les partenaires sociaux mentionnaient que « Le CESW adhère à l’idée d’un plan Marshall resserré, concentré sur des mesures prioritaires pour le redéploiement économique de la Wallonie et inspiré, en partie, d’une part des mesures porteuses contenues dans les plans Marshall précédents (PM1 et PM2.vert) et d’autre part, des priorités reprises dans le plan Marshall 2022. »

    Enfin, toujours comme pour les versions précédentes, le Gouvernement a lancé une démarche évaluative dès la conception du Plan Marshall 4.0 ; tâche qu’il a confiée à l’IWEPS, compte tenu de ses missions décrétales.

    Outre l’estimation des effets attendus des mesures du Plan, l’IWEPS propose également de produire annuellement un tableau de bord d’indicateurs rendant possible sa contextualisation. Ce tableau permettra de suivre l’évolution de la situation socio-économique en Wallonie sur la durée du PM4.0, sans pour autant tisser des liens de causalité entre des dispositifs particuliers et des variations au niveau macroéconomique. Procéder de la sorte serait, en effet, intellectuellement malhonnête et scientifiquement infondé.

    Tout ceci illustre la volonté de totale transparence du Gouvernement quant à la mise en œuvre du Plan Marshall 4.0 et son souhait d’identifier les résultats qui en découlent.