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Les réponses du Gouvernement face à la situation des fruiticulteurs

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 392 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 21/09/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Fin juin, la Russie a décidé de prolonger jusqu'en juin 2016 l'embargo décrété en août 2014 à l'égard de produits alimentaires occidentaux en réponse aux sanctions économiques à son encontre.

    Cette prolongation suscite des craintes dans le chef de nombreux producteurs wallons, craintes légitimes compte tenu des pertes financières engendrées.

    Selon certains, si la grande distribution et les consommateurs wallons ne privilégient pas les produits locaux, des entreprises risquent de disparaître.

    Le Gouvernement wallon n'est pas resté inactif face à cette situation préoccupante pour le secteur et a mis en œuvre plusieurs actions. Entre autres mesures, il a mis sur pied une Task Force dont l'objectif est la mise en place de solutions sur le long terme.

    Dans un premier temps, Monsieur le Ministre peut-il me faire part précisément de la situation économique des secteurs concernés par l'embargo en Wallonie, et notamment des producteurs de pommes et de poires ?

    Dans un deuxième temps, peut-il dresser un bilan des effets pour ces secteurs des actions développées par le Gouvernement wallon ?

    Pour ce qui concerne plus spécifiquement les débouchés commerciaux, les Pays du Golfe, l'Asie du Sud-est, la Chine et l'Inde ont été identifiés comme étant intéressants à court terme et un groupe de travail pour chaque destination devait être constitué. Qu'en est-il aujourd'hui de ces débouchés pour les producteurs wallons ?

    Enfin, Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer quelle sera la politique du Gouvernement wallon en la matière pour les mois à venir ? Des actions de promotion de la consommation de produits locaux vont-elles être renouvelées, voire amplifiées (par exemple l'action « Pommes à l'école ») ?
  • Réponse du 09/10/2015
    • de COLLIN René

    Le secteur agricole dans son ensemble est en effet soumis à rude épreuve depuis plusieurs mois : embargo russe, fin des quotas laitiers, récoltes très abondantes en pommes, poires, pommes de terre, pratiques commerciales inéquitables, …

    La production de pommes et poires 2014-2015 en Wallonie a été fortement secouée avec une diminution de prix de 40 % entre décembre 2013 et décembre 2014. Les mesures d’aide européennes, prolongées jusqu’au 30 juin 2016, ont permis, sur la saison 2014-2015, aux producteurs belges de gérer cette crise en retirant du marché environ 25.000 tonnes de produits. La reprise des prix en mars 2015 est moins le résultat de ces mesures de marché qu’une conséquence heureuse pour nos producteurs de la perméabilité de la frontière russe. Finalement, on estime les pertes en production de poires à 1 000 euros/hectare et en pommes à 4000 €/hectare pour la saison 2014-2015. Ces pertes sont essentiellement dues à la surproduction de cette saison, dont la gestion a été compliquée par l’embargo russe.

    Actuellement, la récolte a 15 jours de retard par rapport à l’an dernier. Les prix des poires 2015 sont meilleurs qu’il y a un an. En pommes, la comparaison n’est pas encore possible, vu les 15 jours de retard. Toutefois, les craintes pour la rentabilité de la production de pommes sont réelles, car si la production belge s’annonce inférieure à celle de 2014, la production polonaise sera équivalente à 2014. Or, la Pologne est un très gros acteur dans ce secteur, et l’essentiel de sa production était exporté en Russie.

    Outre la mise en œuvre par mes services des mesures européennes citées ci-avant, l’APAQ-W a augmenté la communication sur les pommes et poires wallonnes ; l’AWEX, en collaboration avec le Fédéral et les autres Régions, a participé à la préparation de visites officielles dans les pays du Golfe et en Chine. Simultanément, ces institutions ont établi la liste des barrières commerciales tarifaires et non tarifaires (phytosanitaire et sanitaire) imposées par ces pays à l’importation de produits agricoles, et ont mis en œuvre diverses actions pour lever ces barrières.

    Les missions économiques dans ces pays ont été l’occasion de présenter aux autorités ainsi qu’aux opérateurs actifs dans l’importation les atouts de l’agriculture et de l’agroalimentaire belge sous la bannière « Food.BE - Small Country, great food » mise en œuvre par la FEVIA, en insistant notamment sur les aspects qualité et sécurité alimentaire de la production agroalimentaire belge.

    La prochaine mission économique aura lieu sur la Côte Ouest du Canada, avec lequel un accord a été conclu pour l’exportation de poires belges, mais dont certaines modalités doivent encore être affinées.

    L’embargo russe a été l’occasion de trouver de nouveaux débouchés pour nos produits : en poires, en Allemagne, Inde et Chine ; en pommes, en Chine, Inde et Canada, tout cela dans un contexte complexe où chaque État développe ses propres règles et restrictions.

    En ce qui concerne l’avenir, la DGO3 s’est résolument engagée comme facilitateur pour la mise en œuvre de l’accord dans le cadre de la concertation belge de la chaîne agroalimentaire entre les différents acteurs de la chaîne alimentaire : producteurs, transformateurs et distributeurs. Grâce à cet accord, les producteurs laitiers bénéficieront d’une rétribution majorée de 2,7 cents par litre de lait pendant 6 mois.

    Le Conseil de l’Agriculture du 15 septembre 2015, auquel j’ai participé, a dégagé un budget de 420 millions d’euros d’aides temporaires d’urgence pour les secteurs laitiers et porcins, dont 13 millions d’euros pour la Belgique. Mes services discutent actuellement des modalités avec la Commission européenne.

    Cette dernière a, par ailleurs, affecté 30 millions d’euros supplémentaires au programme annuel de travail 2016 pour mettre en œuvre des mesures d’information et de promotion sur le marché intérieur et dans les pays tiers.

    Je suis convaincu de l’intérêt des campagnes de promotion pour nos fruits et légumes.

    Afin d’inciter à la consommation locale des produits, l’APAQ-W mène diverses actions telles que le développement du portail le ClicLocal, la réalisation de matériel de promotion des fruits et légumes de chez nous, l’octroi de subsides pour des manifestations locales (Fête des courges, Fête de la pomme, Fête des fraises,…), l’accueil de producteurs sur les salons et foires ou encore l’organisation du concours Coq de Cristal avec pratiquement chaque année, une catégorie fruits et légumes.

    Des actions de sensibilisation vers les élèves sont également menées.