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Le projet "One belt, one road"

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 350 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 21/09/2015
    • de LAMBELIN Anne
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    En 2013, la Chine a lancé le projet « One belt, one road » qui a pour but de relier les plus grandes villes industrielles chinoises aux plus grandes villes commerciales asiatiques, africaines et européennes. Cette ambition est non seulement une stratégie économique, mais également géopolitique. À plus long terme, ces lignes pourraient également servir au transport de passagers.

    Ce projet, considéré comme le plus ambitieux du XXIème siècle, serait financé par l’Asian Infrastructure Investment Bank auquel la Belgique a officiellement demandé l’adhésion lors de la visite royale en Chine. Durant cette visite, le journal néerlandophone, De Morgen, relate que le Président chinois Xi Jinping aurait fait part de son intention d’inclure le port d’Anvers (qui est actuellement déjà relié à la Chine) dans le projet « One belt, one road ».

    Le Ministre-Président flamand, Geert Bourgeois, a déjà fait savoir dans une interview de juillet que la Flandre était séduite par l’idée, mais que, pour qu’une telle liaison soit possible, il faudrait la réouverture de « l’ijzeren rijn », la ligne ferroviaire entre l’Allemagne et la Flandre, qui ne passe pas par la Wallonie !

    Si actuellement nous ne sommes encore qu’aux prémices de ce méga-projet chinois, nous ne pouvons que nous inquiéter de la direction que prennent les négociations. En effet, notre Région aurait beaucoup à perdre si une telle liaison utilisait « l’ijzeren rijn », sans circuler par la Wallonie. Les villes et gares wallonnes, comme Charleroi, auraient tout à y gagner !

    La Wallonie a-t-elle, lors de la visite royale, participé aux discussions portant sur le projet « One belt, one road » ? Une stratégie est-elle, ou sera-t-elle mise en place par le Gouvernement wallon et/ou l’AWEx vis-à-vis du projet ? Enfin, des discussions sont-elles envisagées avec la Flandre dans ce cadre ?
  • Réponse du 20/10/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le Ministre de l’Économie partage l’importance accordée au projet « One Belt, One Road », tant sur le plan économique que géopolitique.

    Les anciennes routes de la soie, comme la muraille de Chine d’ailleurs, sont souvent représentées comme des constructions linéaires allant « d’un point A à un point B ». En réalité, il s’agit d’un entrelacs de multiples tronçons couvrant de vastes régions. Il en va de même pour « One Belt One Road » (OBOR), projection politique qui ancre et donne corps à la stratégie de la Chine. Celle-ci s’oriente :
    * d’une part, vers l’Asie Centrale, la Russie et l’Europe du Nord par voie ferroviaire ;
    * d’autre part, vers l’Asie du Sud-Est, l’Inde, l’Afrique de l’Est et l’Europe par voie maritime.

    L’AWEx n’a pas attendu la visite d’État de juin dernier pour mettre le projet OBOR dans ses priorités. Les lignes ferroviaires atteignant l’Allemagne, via la Pologne ou la République tchèque, peuvent facilement être poursuivies vers la Wallonie.

    Début 2015, l’Agence a d’ailleurs commandé une étude pour analyser les possibilités de connexion entre Duisbourg et la Wallonie, notamment vers les plates-formes multimodales de Liège et de Neufchâteau. En effet, soucieux de pénétrer au cœur des marchés de consommateurs, la Région peut intéresser des logisticiens chinois, russes, allemands ou même flamands. Plusieurs projets sont d’ailleurs suivis dans ce sens avec le pôle Logistics in Wallonia et les intercommunales concernées.

    Concernant les nouvelles voies ferroviaires, notre région a une réelle carte à jouer grâce à ses infrastructures et l’expertise de ses logisticiens.

    Par ailleurs, la liaison avec la Chine et les autres pays asiatiques du circuit chinois est déjà assurée à la fois :
    * Directement : par les airs, essentiellement via Liège Airport, très actif en Chine ;
    * Indirectement : par rails, via les nœuds logistiques liés à d’autres aéroports, comme ceux de la province du Luxembourg ou des environs de Mouscron.

    Actuellement, ces atouts sont encore renforcés. Ces efforts permettront certainement de tirer profit de la dynamique générée par OBOR.

    D’ailleurs, l’AWEx suit cela de très près. Elle est notamment un des membres fondateurs de la Silk Road Investment and Trade Promotion Union, fondée par le China Council for the Promotion of International Trade Shenzhen (CCPIT Shenzhen) en Juin 2015. La province du Guangdong, où se trouve Shenzhen, figure également sur le tracé des nouvelles routes et constitue la principale plate-forme logistique et de production industrielle de Chine. Je rappelle d’ailleurs que la ville de Shenzhen, qui abrite notamment le troisième plus important port container du monde, est jumelée avec le Brabant Wallon.

    Par ailleurs, les conseillers économiques de l’AWEx en Chine ont tous multiplié les participations à des séminaires et conférences sur OBOR pour assurer une bonne visibilité à la Wallonie.

    Ce sujet amène également à souligner le corollaire naturel de ces nouvelles voies de transport : le développement exponentiel du commerce électronique.

    Souvent d’origine chinoise, les produits d’e-commerce prisés par les consommateurs européens doivent atteindre notre continent dans les meilleurs délais. La voie maritime est la moins chère, mais la plus lente malheureusement. La voie aérienne, la plus chère, est privilégiée pour les produits à haute valeur ajoutée. C’est dans ce sens que se spécialisent les efforts commerciaux de Liège Airport vers la Chine. Le compromis des lignes ferroviaires, celles-ci devant encore être sécurisées et rentables par l’envoi de produits en retour, est donc un enjeu majeur pour les produits manufacturés de technologie grand public.

    Que ce soit pour l’export de produits ou l’investissement de partenaires en commerce électronique, la stratégie de l’AWEx et de Logistics in Wallonia est donc de soutenir en priorité ces développements prometteurs. Ainsi, leur participation conjointe au Salon China Logistics Fair à Shenzhen, les 14 et 15 octobre, n’a d’autre objectif que de positionner davantage la logistique wallonne dans cette perspective. Ainsi, il s’agit notamment de nouvelles initiatives de création d’un incubateur d’accueil de sociétés asiatiques, actives dans le commerce électronique à Liège Airport.

    Le Port d’Anvers a sollicité la Région pour exposer conjointement au Salon Logistics Fair le mois prochain, ce que le Gouvernement a accepté d’emblée.

    Concernant l’adhésion de la Belgique à l’Asean Infrastructure Investment Bank (AIIB) et la reconnaissance d’Anvers comme faisant partie intégrante de la stratégie « One Belt One Road », c’est en effet une bonne nouvelle pour la Belgique et aussi pour la Wallonie, et ce pour plusieurs raisons :

    * Nos entreprises vont plus facilement pouvoir participer aux projets financés par AIIB ;  
    * C’est un nouveau signe des excellentes relations que nous entretenons avec la Chine ;
    * Cela renforce l’image de la Belgique comme un des points d’entrée privilégiés en Europe pour les marchandises chinoises, notamment via Anvers – par mer ou voie ferrée ;
    * Cela permettra à la Belgique de bénéficier de liens plus intenses avec les principaux pays cibles d’OBOR – Asie Centrale et Asie du Sud-Est, dans une moindre mesure l’Europe orientale ;
    * Plus important peut-être pour la Wallonie : la Région se positionne depuis longtemps comme l’« extended gateway » du port d’Anvers vers l’Europe. Elle joue d’ailleurs de plus en plus souvent ce rôle pour le port de Rotterdam également.