/

Les effets de la beuverie effrénée "binge drinking" et la consommation abusive d'alcool

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 839 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 22/09/2015
    • de KNAEPEN Philippe
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Une étude publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Institut de veille sanitaire (InVS) en France apporte un nouvel éclairage sur le phénomène du binge drinking.

    En effet, l’étude en question s’est attachée à analyser l’ensemble des séjours hospitaliers en lien avec la consommation d’alcool. Outre l’impact très lourd sur les budgets de la sécurité sociale et des hôpitaux, plusieurs autres enseignements peuvent être tirés.

    Premièrement, les hommes sont particulièrement concernés par des hospitalisations pour démence, dépendance, cirrhoses et autres pathologies liées à la consommation d’alcool. Ils représentent la majorité de la patientèle de ces services pour les hospitalisations liées à l’alcool.

    Ensuite, alors que l’on constate depuis une décennie une baisse de la consommation régulière d’alcool, bien qu’un Belge consomme en moyenne 11 verres d’alcool par semaine, les pratiques excessives comme le binge drinking accroissent les risques et sont en pleine expansion.

    De plus et c’est le véritable enseignement de cette étude, alors qu’on parle du binge drinking comme d’un phénomène générationnel touchant les jeunes, cette étude, qui a analysé les séjours hospitaliers, insiste sur le fait que les jeunes ne sont pas les seuls à pratiquer le binge drinking et que d’autres tranches de la population sont concernées par ce phénomène.

    Le 9 décembre dernier, j'interrogeais Monsieur le Ministre sur l’abandon du plan Alcool 2014-2018 ainsi que l’absence totale de référence à la consommation abusive d’alcool dans la Déclaration de politique régionale.

    Suite à la sixième réforme de l’État, la Wallonie a reçu de nouvelles compétences notamment en matière de prévention et de la santé ainsi que la gestion du fonds fédéral de lutte contre les assuétudes.

    À ma question du 9 décembre, Monsieur le Ministre me précisait « qu’aucun plan stratégique [contre l’alcool] n’est à ce jour planifié en Wallonie » mais que la Wallonie développerait ces actions dans les années à venir.

    Monsieur le Ministre peut-il me préciser quelles actions seront menées ? Des groupes de travail sur le sujet existent-ils ? A-t-il une stratégie et des projets à court, moyen et long termes ? Quel rôle va jouer le Fonds de lutte contre les assuétudes ? Depuis ma question orale de décembre, des actions ont-elles déjà été menées sur cette problématique de la consommation abusive d’alcool ?
  • Réponse du 14/10/2015
    • de PREVOT Maxime

    Une enquête récente sur ce sujet réalisée par l'agence Intermutualiste met en lumière ce phénomène inquiétant qui connaît aujourd'hui, et il faut le regretter, une popularité certaine, mais dont l'importance reste encore difficilement mesurable.

    Cette étude a répertorié le nombre d'assurés de 12 à 17 ans qui ont été accueillis durant l'année aux urgences ou hospitalisés une nuit et pour lesquels la concentration d'alcool dans le sang a été analysée le même jour. L'enquête révèle que 2376 jeunes en état d'intoxication alcoolique présumée se sont retrouvés à l'hôpital en 2013. Les chiffres relatifs à 2008 ne sont guère différents.

    Sur le plan de la prévention, l'honorable membre sait sans doute que la Région wallonne subventionne l'ASBL Modus Vivendi ainsi que différents services qui bénéficient du soutien logistique de cette association, notamment dans le cadre des Quality Nights. Il s'agit d'un projet qui vise à améliorer le bien-être des personnes qui sortent dans les lieux de fête notamment en Wallonie. On y trouve divers services préventifs : distribution d'eau gratuite pour limiter les consommations de bière ou d'alcool, préservatifs et bouchons d'oreilles à prix modique, brochures d'informations sur la santé, alertes rapides en cas de circulation de drogue à haut risque, personnel sensibilisé à la réduction des risques et aux premiers secours, et cetera.

    Mon souhait est de poursuivre et de consolider le soutien aux associations qui se destinent à l'information et à la limitation des risques liés à la consommation abusive d'alcool et à la consommation de drogues, y compris dans le cadre du Fonds de la lutte contre les assuétudes transféré à la Wallonie. Parmi les projets soutenus par le Fonds, trois associations sont très actives sur les problématiques liées à l’alcool : le projet Freedom, qui vise à l’implémentation d'un projet de sevrage à domicile de personnes alcoolodépendantes ; l’ASBL Alpha, qui développe un site internet d'aide en ligne pour personnes alcooliques et leur entourage ; et la Société scientifique de médecine générale (SSMG) dont le projet porte sur la mise en place d'une démarche en médecine générale reposant sur le dépistage d’une consommation problématique.

    La prévention et la promotion de la santé, sous forme d'information régulière et directe, sont l'un des meilleurs moyens à pouvoir activer et sont des enjeux particulièrement importants. La problématique de la consommation excessive d'alcool chez les jeunes est singulièrement préoccupante. On le voit d'ailleurs bien autour de nous.

    La réforme de l'État a prévu d'attribuer aux Régions les compétences en matière de promotion de la santé et de prévention, sauf pour la promotion de la santé à l’école. En effet, c’est l’ONE, donc la Fédération Wallonie-Bruxelles qui reste compétente en cette matière spécifiquement, laquelle s’intègre bien entendu dans un cadre plus global requérant la concertation infrafrancophone.

    Dès lors, cette situation nécessite une concertation importante, davantage encore que par le passé, entre les différentes autorités. Actuellement, la Wallonie soutient notamment le travail de l'ASBL Univers Santé qui déploie des activités spécifiquement en lien avec la consommation d'alcool par les jeunes.

    L'ASBL réunit, au sein d'un réseau pilote appelé « Jeunes, Alcool et Société », 12 associations actives auprès des jeunes. Au sein de ce groupe se définissent des stratégies et des actions visant à faire connaître le problème et proposer des solutions comme celle qui était notamment dans le plan à l'école.

    Par ailleurs, les associations de prévention d'assuétudes offrent aux institutions qui en ont besoin – pensons aux écoles, aux maisons de quartier, et cetera – des formations, des accompagnements de projets et des outils pour travailler la question des consommations avec les jeunes. La Wallonie en finance plusieurs dont l'ASBL Infor Drogue, Citadelle, etc.

    J'ai bien conscience de la gravité du problème, mais aussi de sa complexité. Il me semble en effet qu'il y a lieu de travailler à tous les niveaux de pouvoir, entre institutions, pour se concerter, et avec le terreau associatif, pour être efficace – puisque c'est lui qui est le plus à même d'être en contact avec celles et ceux qui sont concernés – pour avoir un travail de prévention le plus efficient possible, singulièrement pour ce qui concerne la consommation abusive d'alcool chez les jeunes.

    Mon souhait est donc de pouvoir concerter, avec mes collègues des autres entités, les différentes actions qui doivent être poursuivies et menées. C’est d’ailleurs le cas au sein de la Cellule générale de Politique en matière de Drogues qui se réunit régulièrement et accueille les différentes autorités du pays.