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La généralisation de l'abattage avec étourdissement

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 774 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 22/09/2015
    • de ONKELINX Alain
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    À la fin de ce mois aura lieu la fête du sacrifice. Cette année, Monsieur le Ministre désire - en s'alignant sur la directive européenne de 2009 qui permet uniquement d'abattre les animaux sans étourdissement dans les abattoirs reconnus - interdire l'abattage rituel sans étourdissement dans les abattoirs temporaires.

    Il s'agit ici d'une problématique particulièrement complexe, car de nombreux éléments sont à prendre en considération. En effet, il nous faut tenir compte des principes religieux de la communauté musulmane pour qui ce sacrifice est important, mais également de la souffrance possible infligée à l'animal, reconnu comme être sensible en Wallonie.

    C'est pourquoi j'aimerais tout d'abord demander à Monsieur le Ministre de plus amples informations sur les éléments qu'il possède concernant la souffrance engendrée pour l'animal selon la méthode d'abattage.

    Y a-t-il une étude qui nous permette de définir clairement quel est le degré de souffrance d'un animal lors d'en égorgement sans étourdissement préalable ? L'électrochoc que reçoit l'animal pour l'étourdir constitue-t-il lui-même une source de douleur ?

    Concernant l'électronarcose, technique particulière d'étourdissement, quelles en sont les particularités ? Monsieur le Ministre peut-il nous dire dans quelle mesure cette pratique est utilisée en Wallonie ?

    Cette alternative est-elle compatible avec les préceptes de l'Islam ?

    Enfin, concernant l'interdiction d'abattage sans étourdissement dans les abattoirs temporaires lors de la fête du sacrifice, il semble que cette mesure risque de conduire à un nombre important d'abattages clandestins dans les domiciles, ce qui entraîne des problèmes conséquents, notamment en matière d'hygiène. Quelle est la position de Monsieur le Ministre à ce sujet ? Des mesures particulières sont-elles envisagées pour limiter ce phénomène ?
  • Réponse du 06/10/2015
    • de DI ANTONIO Carlo

    Il existe différents travaux et études qui envisagent le degré de souffrance engendrée pour l’animal selon la méthode d’abattage. Le document officiel le plus récent qui a été porté à ma connaissance est l’avis du Conseil du Bien-être animal fédéral datant de mars 2010. Dans cet avis, le conseiller scientifique et les experts scientifiques du Conseil se sont basés sur la littérature scientifique la plus récente du moment pour établir que l'abattage sans étourdissement présente un risque élevé de problèmes de bien-être, et ce dans la mesure où l'animal est susceptible de ressentir notamment de la peur, de la douleur et de l'inconfort après l'égorgement. Je peux également citer un rapport scientifique de l’EFSA (European Food Safety Agency) de 2004, dont la conclusion était qu'un animal doit toujours être étourdi avant l’égorgement en raison de graves problèmes de bien-être liés à l'abattage sans étourdissement. Ces deux avis sont basés sur de nombreuses publications scientifiques que leur bibliographie permet de retrouver facilement. À ma connaissance, à l’heure actuelle, aucune publication scientifique, publiée dans une revue à comité de relecture, n’est venue contredire ces conclusions.

    Je peux donc affirmer qu’il est généralement admis qu’un étourdissement préalable, adapté à l’espèce et bien pratiqué, diminue les occasions de souffrance de l’animal alors que l’abattage sans étourdissement préalable accroît le temps nécessaire à la perte de conscience parfois jusqu’à plusieurs minutes, période pendant laquelle l’animal peut être soumis à une souffrance inutile.

    L’électronarcose est une méthode d’étourdissement acceptée pour toutes les espèces par le Règlement européen sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort. Il est obligatoire de l’effectuer selon des courants minimaux (1,00 Ampère pour les ovins). Le but de l’étourdissement est d’obtenir un état d’inconscience et d’insensibilité immédiat après l’application de la méthode et de maintenir l’animal dans cet état jusqu’à sa mort.

    Cette pratique n’est que peu utilisée dans les abattoirs de Wallonie. À ma connaissance, un seul abattoir possède ce type de pince électrique et il n’a abattu qu’une cinquantaine de moutons avec cette méthode.

    La compatibilité de l’étourdissement avec les préceptes de l’Islam est en discussion depuis plusieurs années avec les autorités religieuses dans plusieurs pays. Il en ressort que les spécialistes de l’Islam s’accordent sur le principe selon lequel, pour que l’abattage de l’animal soit conforme aux normes du rite, il faut qu’il intervienne sur un animal vivant. La légitimité d’annihiler la conscience de l’animal avant sa mise à mort n’est en revanche pas certaine pour tous. Certains considèrent que l’étourdissement est acceptable et que par conséquent il est permis d’y recourir à condition de choisir des méthodes qui laissent l’animal en vie. D’autres leur opposent que le risque existe que l’animal soit tué par la méthode d’étourdissement, et qu’il soit alors égorgé après sa mort. C’est la position qui est portée actuellement par les représentants belges. Un autre argument développé encore par certains musulmans est le refus d’employer l’étourdissement pre mortem de l’animal parce qu’il réduit l’effusion de sang au moment de l’abattage et, de ce fait, ne se conforme pas à la prescription selon laquelle l’animal doit être vidé de son sang. Cet argument est toutefois contredit par de récentes études scientifiques.

    La fête du sacrifice a eu lieu du 24 au 26 septembre cette année ; elle a été menée en conformité avec la législation européenne sans que cela ne provoque de problème particulier de bien-être animal ni de salubrité publique.