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La situation du Fort d'Emines

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 852 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 22/09/2015
    • de HAZEE Stéphane
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    En plus de son intérêt patrimonial, le fort d'Emines a une valeur historique et symbolique indéniable, mise en relief à travers les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Il est en effet l'une des neuf fortifications de la ceinture de défense namuroise, qui a subi vaillamment les assauts des troupes allemandes en août 1914 et qui est la seule qui est restée en son état d’origine de 1888.

    Par le biais d'une convention signée avec le propriétaire en 2013 et couvrant la période 2014-2018, la Province a investi 200 000 euros de manière à sécuriser le site et ses accès et a ainsi pu le rouvrir au public dans le cadre du centenaire, avec des visites ou des expositions. Ces manifestations ont aussi eu le concours de bénévoles de la Maison de la mémoire rurale de La Bruyère, ainsi que des communes de La Bruyère et Namur.

    Toutefois, il s'agit d'une propriété privée, que son propriétaire souhaite désormais vendre. Il s'agit naturellement d'une situation exceptionnelle, puisque le bien est un fort (3.000 m² de surface bâtie et 60.000 m² de terrain). Non classé actuellement, il a toutefois était mis sur une liste de sauvegarde.

    La commune de La Bruyère, qui s'est dite prête à débourser un certain montant pour acquérir le bien, estime cependant que le prix demandé par le propriétaire, fixé à un million d’euros, est bien trop élevé. Il faut en effet avoir égard aux investissements subsidiés par les pouvoirs publics, aux investissements encore à réaliser et au prix d'achat consenti il y a 20 ans.

    Au-delà, si la commune de La Bruyère se dit intéressée à devenir copropriétaire du Fort d'Emines, elle ne peut l'envisager qu'en partenariat avec d'autres autorités, comme la Ville de Namur ou la Province de Namur, mais aussi, bien sûr, la Région.

    Le devenir de ce lieu historique constitue naturellement un enjeu d'intérêt public. Il semble dès lors important que les autorités compétentes puissent s'inquiéter de sa conservation et, autant que possible, de sa mise en valeur, tout en veillant évidemment aux conditions financières dans lesquelles cette action peut intervenir.

    Il faut également considérer que, contrairement à la situation en région liégeoise, aucun fort de type « Brialmont » n’est actuellement détenu dans le Namurois par des pouvoirs publics et donc ne peut être ouvert aux visiteurs de manière permanente.

    Par ailleurs, à notre connaissance, aucune infrastructure muséale ne présente de manière permanente l’impact de la guerre 1914-1918 en Wallonie.

    Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer si ses services ont examiné ce dossier ?

    Quelle est, tout d'abord, la situation actuelle du Fort d'Emines sur le plan du patrimoine ? Peut-il ainsi nous rappeler si, suite à l'inscription sur une liste de sauvegarde, des perspectives de classement et de protection sont, le cas échéant, envisageables ?

    À côté de cela, comment analyse-t-il la perspective d'une cession du bien ? A-t-il reçu ou pris des contacts avec les autorités locales ?

    Plus largement, n'est-il pas utile d'ouvrir un dialogue avec la Région, les autorités locales et l’associatif autour de cet enjeu patrimonial ?
  • Réponse du 14/10/2015
    • de PREVOT Maxime

    Sur le plan patrimonial, le fort d’Emines n’est actuellement pas protégé et n’a pas, contrairement à ce que laisse supposer cette question, fait l’objet d’une inscription sur la liste de sauvegarde. Ceci est compréhensible dans la mesure où, depuis qu’il a été acquis par un privé il y a environ 23 ans, il ne s’est pas trouvé menacé et n’a pas motivé de procédure d’urgence. En effet, le propriétaire, qui a fait de ce vaste site boisé un terrain de chasse, l’a préservé des actes de vandalisme et l’a entretenu. L’inscription sur la liste de sauvegarde ne s’indique en effet qu’en cas de risque imminent.

    Le propriétaire a effectivement accepté, sous l’impulsion d’associations, de laisser le fort accessible au public, moyennant une intervention de la Province à concurrence de 200.000 euros, essentiellement pour sécuriser celui-ci. Des interventions en ce sens étaient indispensables pour accompagner cette initiative très positive durant la période des commémorations 14-18. En effet, les vestiges des constructions et équipements, même s’ils sont relativement bien conservés par rapport à d’autres forts, présentent des endroits potentiellement dangereux.

    Les frais d’entretien et de sécurisation sont évidemment à prendre en compte, de même que l’existence d’un projet soutenable à long terme, pour envisager de rendre durablement ce vaste terrain accessible au public. Il est donc compréhensible que la commune de La Bruyère réfléchisse de manière approfondie à une éventuelle acquisition, d’autant plus que le prix de vente a considérablement évolué. Il y a une vingtaine d’années, la commune de La Bruyère a envisagé l’acquisition du site, pour un montant à l’époque d’1million de francs belges, soit environ 25 000 euros. Aujourd’hui, il est question de près d’un de 1 million d’euros.

    En ce qui concerne la Région, l’Administration du Patrimoine a effectivement déjà travaillé sur ce dossier, même si aucune demande n’a été introduite en ce sens. Mais je n’ai pas encore reçu les informations rassemblées et l’évaluation patrimoniale, de sorte que je n’ai pu examiner le dossier à ce stade.