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La création de journées du Matrimoine en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 16 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 30/09/2015
    • de BONNI Véronique
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Chaque année, depuis la fin des années 80, au mois de septembre les Journées du Patrimoine sont organisées, en Wallonie, comme un peu partout en Europe.
    Une belle initiative qui permet de mettre le public en contact avec des oeuvres historiques et culturelles de la Région et tout cela gratuitement.

    Cependant, en parcourant le catalogue de la Wallonie pour cette 27e édition, il m'a fallu faire face à un triste constat : parmi les sculpteurs, architectes, peintres, mis à l'honneur, excessivement peu de femmes artistes sont présentes.

    Bien entendu, certains pourraient objecter que l'époque retenue pour cette édition, 1713-1830, n'offrait que peu de place aux femmes dans notre société.

    En France, face à ce même constat amer, plusieurs associations ont décidé de contrer la tendance en organisant des journées du Matrimoine.

    Des actions positives afin de faire découvrir, en complément de l'héritage du père (sens littéral de patrimoine), les artistes et créatrices du passé ainsi que leurs oeuvres. Parce que l'égalité entre femmes et hommes dans la culture passe sans doute aussi par la valorisation des femmes artistes et intellectuelles d'hier...

    Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres permettant de mieux cerner la représentation d'artistes féminines au sein du catalogue des journées du Patrimoine pour cette édition ?

    Pense-t-il qu'il soit possible, pour les éditions à venir, d'intégrer davantage les artistes féminines au sein de celui-ci ?

    Jugerait-il opportun de mettre en place, comme cela se fait ailleurs, une journée du Matrimoine, complémentairement aux journées du patrimoine, afin de valoriser les artistes et créatrices féminines ?
  • Réponse du 16/10/2015
    • de PREVOT Maxime

    J'ai le plaisir de répondre en ma qualité de Ministre du Patrimoine, mais également en ma qualité de Ministre de l’Égalité des chances.

    Cette question se situe en effet à la charnière entre deux de mes compétences et fait sans doute référence à une récente initiative menée en Ile-de-France.

    Comme le sait l'honorable membre, les journées du Patrimoine wallon sont organisées par l’Institut du Patrimoine wallon, qui est un organisme d’intérêt public. Je travaille de concert avec cet organisme ainsi que le Département du Patrimoine du Service public de Wallonie, en ce qui concerne notamment la mise en œuvre des grandes orientations de la politique et le thème des journées du Patrimoine wallon.

    En Wallonie comme ailleurs, les traditionnelles Journées du Patrimoine visent à valoriser les monuments, les sites et les sites archéologiques appartenant au patrimoine immobilier, et à sensibiliser les citoyens à leur protection ou leur intégration dans le cadre de vie.

    Comme le souligne l'honorable membre, la 27e édition de la Journée du Patrimoine wallon est portée sur l’époque 1713-1830, qui n’offrait que peu de place aux femmes dans notre société. Pour les éditions à venir, il est évident que les artistes féminines seront prises en compte à leur juste valeur, pour autant que l’époque s’y prête.

    Cela dit, sur le plan étymologique, le dictionnaire latin-français Gaffiot fait apparaître que « Matrimonium » (mariage) ne peut être mis en opposition avec « Patrimonium » (patrimoine, bien de famille). Le Larousse précise, quant à lui, que « le terme de « patrimoine » désigne les biens matériels qu'un individu tient, par héritage, de ses ascendants et qu'il transmet à ses descendants. Par extension, cet héritage peut être commun aux membres d'un groupe social, par exemple une nation ». (Heritage en Anglais ; erfgoed en néerlandais ; Erbe en allemand). Ainsi, on parlera aussi de « patrimoine naturel », sans qu’un ou une artiste ne soit à l’origine de celui-ci. C’est comme cela que nous disposons depuis 25 ans d’un Département du Patrimoine et plus récemment d’un Institut du Patrimoine Wallon, qu’il me semblerait difficile de rebaptiser aujourd’hui.

    Par ailleurs, ce qui a trait aux artistes créateurs ou créatrices d’œuvres d’art est de la compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour ce qui est du Patrimoine mobilier, dont les Musées qui les abritent. Je renverrai donc l'honorable membre vers ma collègue Joëlle MILQUET pour aborder la question des femmes artistes et de leur production.

    Enfin en ma qualité de Ministre de l’égalité des chances, l'honorable membre sait que j’œuvre pour que les politiques de genre soient intégrées dans les politiques wallonnes, dans toutes les matières régionales, via l’application du décret du 11 avril 2014 visant à la mise en œuvre des résolutions de la Conférence des Nations unies sur les femmes à Pékin de septembre 1995 et intégrant la dimension du genre dans l’ensemble des politiques régionales, dit décret gendermainstreaming. L’objectif est donc de veiller à ce que l’égalité entre les hommes et les femmes soit respectée et qu’il n’y ait pas de discrimination. Concrètement, dans le Plan Gender, chaque ministre a défini deux politiques dans lesquelles il allait prioritairement intégrer la dimension de genre, sur la base de propositions faites par le Conseil wallon pour l’égalité des hommes et des femmes. Ce Plan Gender entend, par exemple, lutter contre la pauvreté, la précarité des familles notamment monoparentales, améliorer l’accueil de la petite enfance… Mais le CWEHF n’a pas jugé, à ce stade, prioritaire de retenir un objectif stratégique relevant du Patrimoine.