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Le dépistage du cancer du col de l'utérus

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 35 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 01/10/2015
    • de BROGNIEZ Laetitia
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Afin de lutter contre le cancer du col de l’utérus, il y a au niveau de la FWB un programme de vaccination qui vise spécifiquement les adolescentes de 13-14 ans, élèves en deuxième secondaire. Mais cela ne dispense pas les femmes adultes (25 à 64 ans) de faire un dépistage, le plus souvent réalisé par un gynécologue. Il s’agit du test de Pap, un frottis du col utérin, qui est pratiqué tous les trois ans.

    Il faut cependant constater qu’environ 40 % des femmes ne participent pas régulièrement à un programme de dépistage du cancer du col (selon le Dr Marc Arbyn de l’ISP).

    Une autre forme de dépistage, le test HPV, est régulièrement présentée comme étant plus efficace tandis qu’elle ne doit être effectuée que tous les cinq ans. Qui plus est, le test HPV présente l’avantage de pouvoir être réalisé sur un échantillon que les femmes peuvent prélever elles-mêmes grâce à un kit, ce qui pourrait laisser supposer une augmentation du nombre de dépistages…

    L’Institut scientifique de santé publique (ISP) a analysé 16 études menées dans différents pays, l’objet étant de démontrer l’impact de l’envoi de kits d’autoprélèvement au domicile, d’une part, et de courriers recommandant une visite chez le gynécologue ou chez le médecin pour effectuer un test de dépistage, d’autre part. Les résultats sont variables d’une région à l’autre quant au succès du kit d’autoprélèvement, l’ISP recommande dès lors de mener des études-pilotes.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de cette étude réalisée par l’ISP ?

    La Flandre aurait déjà prévu de procéder à des tests d’envoi de kits d’autoprélèvement. La Wallonie va-t-elle lui emboîter le pas ? Où en est la réflexion de Monsieur le Ministre sur la mise en place éventuelle d’un programme organisé de dépistage ?
  • Réponse du 16/10/2015
    • de PREVOT Maxime

    J’ai effectivement pris connaissance de l’étude réalisée par l’ISP et j’ai déjà eu l’occasion de répondre à Mme Salvi sur la question du dépistage du cancer du col de l’utérus lors de la commission du 29/09/2015.

    Je reprendrai donc ici les éléments déjà développés dans ma précédente réponse.

    La réalisation du dépistage individualisé du cancer du col, tel que réalisé actuellement, soit tous les 3 ans entre 25 et 65 ans via un frottis, réduit de 80 % l’apparition d’un cancer invasif.
    L’Agence Inter-mutualiste, l’Institut Scientifique de Santé Publique et la Fondation Registre du Cancer ont analysé l’évolution de la participation des femmes de 1996 à 2011 au dépistage opportuniste (c’est-à-dire « non-organisé ou spontané »). En 15 ans de suivi, 60 % des femmes ont été examinées par frottis de col au moins une fois tous les trois ans et la participation est restée stable. Ce taux reste insuffisant pour avoir un effet significatif sur l’incidence des cancers invasifs. De plus, les femmes défavorisées socialement ont moins participé. Bien que le test soit totalement remboursé, à raison d’un frottis réalisé tous les trois ans, il reste près de 40 % de femmes à convaincre.
    Nous devons réfléchir à la meilleure stratégie à adopter afin d’augmenter le taux de dépistage du cancer du col en Wallonie et ainsi diminuer le taux de mortalité de ce cancer : sensibilisation, information, dépistage opportuniste ou dépistage via un kit d’auto prélèvement.

    Si les résultats de la méta-analyse de seize études sur le dépistage du cancer du col, réalisée par l’ISP montre que globalement la stratégie de l’autoprélèvement augmente le taux de participation au dépistage par rapport à l’approche du courrier postal incitant à consulter, il précise également que les résultats varient significativement d’un pays à l’autre (de 35 à 40 % de femmes en Suède à 6 % à Londres, ce qui implique un coût important pour le fort pourcentage de kits envoyés et non utilisés).
    D’où l’importance de réaliser un projet pilote incluant une évaluation scientifique de l’impact de ces deux approches sur la participation.

    Avant d’opter pour une généralisation d’un dépistage organisé basé sur un test d’auto dépistage en Wallonie, un projet pilote évaluant la faisabilité, l’efficacité clinique de la combinaison du test proposé et du matériel d’auto prélèvement, ainsi que les coûts, l’organisation et la compliance de la population, pourrait être réalisé tout comme en Flandre.

    Nous devons cependant d’abord continuer la réflexion sur le choix du test (sensibilité, effet protecteur sur les cancers invasifs, ...), la qualité du frottis demandé, l’organisation de ce dépistage, la sensibilisation par rapport au public cible, le choix du canal de distribution, les laboratoires d’analyse des résultats, le choix de diffusion du résultat, la place du médecin généraliste ou du gynécologue, le financement, l’impact sur le coût des soins de santé, la méthode d’évaluation de la procédure et du taux de couverture.

    Nous attendons également les protocoles de recherche de l’ISP sur ce sujet comme notamment pour la Communauté flamande. Les résultats de ces projets pilotes en Flandre ainsi que dans d’autres pays et les études du KCE nous guiderons dans le choix de la meilleure politique possible en matière de dépistage.