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L'avenir du projet Housing First Belgium

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 67 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 12/10/2015
    • de IMANE Hicham
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le projet Housing First est un projet d'innovation sociale visant à lutter contre le sans-abrisme et à promouvoir l'insertion par le logement et l'accompagnement. Le projet s'articule autour de six initiatives mises en place dans cinq grandes villes: Gand, Liège, Charleroi, Anvers et Bruxelles. Le projet vient d'ailleurs d'être étendu à trois autres grandes villes : Molenbeek, Hasselt et Namur.

    Les Relais sociaux de Charleroi et de Liège participent depuis septembre 2013 à une phase-test du modèle.

    Grâce à cette initiative, une trentaine de personnes a ainsi pu intégrer un logement.

    Ces personnes sont accompagnées par deux équipes pluridisciplinaires qualifiées. Les résultats sont très prometteurs alors que, au sein des réseaux de Liège et de Charleroi, peu de pistes sur le long terme existent pour ce public très fragile.

    Les porteurs wallons du Housing First ont souhaité en ce début d'année 2015 prolonger l'expérimentation nationale au-delà de juillet dernier, consolider leur expertise de terrain et engager de nouveaux travailleurs.

    Les pratiques Housing First figurant comme une priorité dans la DPR, les relais sociaux de Liège et Charleroi ont donc demandé aux ministres fédéraux et régionaux concernés de soutenir l'expertise dont bénéficient déjà les deux plus grandes villes wallonnes ainsi que leur capacité à fournir des données de recherche et des recommandations pour l'avenir.

    Mon collègue député fédéral Eric Massin a questionné le 18 mars dernier Mme Elke Sleurs, Secrétaire d'État à la Lutte contre la pauvreté, à ce sujet.

    Dans sa réponse, Mme Sleurs a déclaré qu'elle prolongeait d'un an l'expérience « Housing First Belgium » mais que lors de sa rencontre avec ses homologues des Régions, elle ne manquerait pas « d'attirer leur attention sur l'importance de développer et pérenniser ce type de bonnes pratiques, eu égard aux compétences de chaque niveau de pouvoir, telle que préconisée dans l'accord de coopération sur le sans-abrisme et l'absence de chez soi ».

    À la lecture de cette réponse de la Secrétaire d'État Elke Sleurs, je partage l'avis de mon collègue Eric Massin : « le plus important est que des dispositions soient déjà prises pour que, dès juin 2016, le projet puisse être pérennisé et qu'on puisse mettre en place des objectifs plus importants ».

    Lors d'une visite au Relais social de Charleroi en janvier dernier, Monsieur le Ministre a été interpellé par plusieurs responsables de cette association Chapitre XII sur l'avenir du projet Housing First.

    Depuis lors, ils n'ont semble-t-il toujours pas reçu de réponse de sa part. Leur inquiétude est grandissante, car des emplois et des subventions sont liés à l'avenir du projet Housing First. Et ils tiennent à ce tellement beau projet de relogement de sans-abri.

    En tant que ministre de tutelle des Relais sociaux, Monsieur le Ministre pourrait-il les rassurer sur l'avenir du projet Housing First ? A-t-il déjà eu des contacts avec Mme Sleurs, Secrétaire d'État à la Lutte contre la pauvreté à ce sujet ?
  • Réponse du 04/11/2015
    • de PREVOT Maxime

    L'honorable membre l'a souligné, le projet Housing First Belgium est une expérimentation d’innovation sociale en matière de lutte contre le sans-abrisme. Il est soutenu, depuis le 01/08/2013 par le SPP Intégration sociale, grâce à un subside de la Loterie nationale (860.000 euros par an). Ce projet est développé dans les 5 grandes villes belges : Bruxelles, Liège, Charleroi, Anvers, Gand. Il mobilise 6 équipes sur le terrain, ce qui représente 11 ETP travailleurs et chercheurs. Il est actuellement étendu à trois autres villes : Molenbeek, Hasselt et Namur.

    L’objectif est de prouver que le Housing First est possible en Belgique. Concrètement il s’agit de permettre à 135 personnes (chiffre au 15/10/2015), sélectionnées par les opérateurs, d’accéder à un logement individuel, tout en étant accompagnées par des équipes pluridisciplinaires. Leur évolution est comparée à deux groupes contrôles, l’un de personnes toujours à la rue, l’autre de personnes relogées, mais ne bénéficiant pas d’un tel accompagnement.

    Les critères d’accès sont :
    - être sans-abri ;
    - avoir des besoins élevés (pas uniquement accès au logement, sinon le projet serait fort coûteux) ;
    - la personne doit payer son loyer ;
    - être en ordre administrativement.

    Il faut noter que le public cible est à la rue depuis plusieurs années et en cela, le projet est particulièrement intéressant, car peu de solutions s’offrent à ces personnes largement désocialisées.
    Le projet se développe sur deux niveaux d’action :
    - initiatives sur le terrain ;
    - évaluation réalisée par le Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté, le Relais social de Charleroi et Steunpunt Algemeen Welzijnswerk.

    Une évaluation après 24 mois est en cours et l’évaluation finale sera délivrée en juin 2016, mais nous n’attendrons pas cette échéance pour permettre la continuation des projets.

    Nous étudions actuellement la meilleure manière de les intégrer soit aux dispositifs réglementaires actuels (Relais sociaux) soit via des conventions pluriannuelles.


    Par ailleurs, au-delà de la phase de test actuellement en cours, il nous semble important d’avoir une réflexion sur les dispositifs à mettre en place en matière d’accès au logement.

    En effet, selon les opérateurs, plusieurs solutions ont été trouvées. À Charleroi, des synergies ont été trouvées avec la SLSP « la Sambrienne », l’AIS « Charleroi-logement » et des propriétaires privés. À Namur, les mêmes synergies existent, par contre à Liège, les opérateurs publics n’ont pas souhaité se lancer dans l’aventure.

    Dans une vision plus pérenne, en dehors d’un projet pilote, il me semble qu’une meilleure collaboration avec les acteurs publics du logement est indispensable.

    Mon collègue, le ministre Furlan a, en outre, souhaité, au travers du Plan de lutte contre la pauvreté, développé la mise en place de capteurs logement. Ceux-ci ont un rôle essentiel afin de développer l’offre de logements.

    Voilà deux leviers nécessaires à la bonne poursuite de l’initiative « Housing First » pour lesquels je compte associer mon collègue en charge du Logement.

    Un autre point a été également soulevé dans le cadre de notre analyse du projet. Combien de temps dure l’accompagnement des personnes aidées et à quel rythme de travail ?

    Les projets pilotes en cours ne répondent pas encore à cette question. Dans une optique de fonctionnement à plus long terme, vous comprendrez qu’il sera nécessaire d’apporter si pas de délais précis, à tout le moins une estimation de la durée de prise en charge et par là même de la rotation des suivis.

    In fine, je veux aussi mettre l’accent sur la nécessaire participation des acteurs de terrain déjà présents au sein des Relais sociaux qui gèrent actuellement les projets Housing First. Ces opérateurs associatifs ou publics avaient déjà une connaissance importante des personnes aidées avant le lancement des projets. Il me semble essentiel que cette connaissance soit maintenue et encouragée. Les perspectives futures du Housing first ne devront pas être vues comme une couche de lasagne supplémentaire dans le paysage social, mais devront s’intégrer comme un moyen d’action supplémentaire donné aux opérateurs de terrain.

    Il est clair que pour permettre ce fonctionnement futur, des moyens budgétaires devront être dégagés. À ce stade, je ne peux pas encore citer de montant tant que je n’ai pas connaissance de l’ensemble des sources de financements possibles et tant que les questions soulevées plus haut n’ont pas encore de réponse.