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La baisse du chômage

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 21 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 12/10/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Le chômage poursuit sa décrue en juin sur base annuelle (- 11,7 %) pour le dixième mois consécutif, rapporte l’ONEM dans un communiqué (paru dans Le Soir du 31 juillet dernier). En juin 2015 : 410.084 chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emploi ont perçu une allocation en Belgique, soit 54.286 de moins qu’en juin 2014. La baisse du chômage indemnisé concerne davantage les femmes (- 12,9 %). Le chômage masculin baisse sur une base annuelle, mais dans une moindre mesure (- 10,7 %). Le chômage des jeunes (moins de 25 ans) diminue de 22,2 %, le chômage des 25 à 49 ans de 14,7 % et le chômage des 50 à 64 ans de 1,1 %.

    Est-ce une raison de se réjouir, comme l’a fait le Ministre fédéral de l’Emploi ?

    Il a même parlé d’un signe d’espoir que nous laissions la crise derrière nous, et que la conjoncture reprend, ce qui se traduit notamment par la création d’emplois.

    Cet optimisme doit-il être relativisé par les propos de la CSC qui déplore que la baisse du chômage soit due pour une grande partie au fait qu’il y a une exclusion massive de personnes (23.269) du droit des allocations de chômage ?

    Qu’en est-il spécifiquement des jeunes qui risquent de ne plus être admis aux allocations d’attente ?

    En manipulant les statistiques, on parviendra toujours à leur faire dire des choses qui collent ou ne collent pas avec la réalité vécue sur le terrain.
  • Réponse du 23/11/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    En comparant le volume de demande d’emploi à la fin septembre 2015 et 2014, on observe une diminution de 15.931 personnes (- 6,1 %).

    Rappelons que l’analyse de l’évolution du chômage est un phénomène complexe à aborder, car influencé par un ensemble d’éléments (économiques, législatifs, démographiques, sociétaux, etc.) qui souvent interagissent les uns avec les autres.

    1) Des évolutions législatives récentes ont eu un effet à la baisse, mais aussi à la hausse sur le volume de la demande d’emploi.

    La diminution globale des demandeurs d’emploi inoccupés (DEI) concerne l’ensemble des personnes à la recherche d’un emploi et disponibles sur le marché de l’emploi, et non pas uniquement celles qui perçoivent des allocations de chômage (chiffres de l’ONEM repris dans la question). Ainsi, l’effet des législations ne se marque pas nécessairement par la diminution de la demande d’emploi, mais parfois par des « glissements » entre des catégories de demandeurs d’emploi (p.ex. des bénéficiaires d’allocations deviennent des inscrits libres ou obligatoires qui restent bien des demandeurs d’emploi).

    Les personnes qui ont vu leurs droits aux allocations de l’ONEM affectés ne disparaissent donc pas automatiquement des chiffres de la demande d’emploi du FOREm. Une personne qui n’aurait pas ou plus droit à des allocations de chômage peut venir s’inscrire au FOREm, soit librement (de sa propre initiative) ou à la demande du CPAS. Par ailleurs, une circulaire ministérielle (15/02/2014) insiste sur l’obligation pour les CPAS d’inscrire leurs bénéficiaires au Service régional de l’emploi, ce qui a favorisé une hausse de la demande d’emploi (particulièrement en décembre et janvier passé).

    Néanmoins, on peut raisonnablement supposer qu’une partie des personnes ayant perdu le droit aux allocations d’insertion ne soit pas venue se réinscrire au FOREm, marquant ainsi les volumes de la demande d’emploi à la baisse. En outre, d'après une analyse du FOREm, sur un peu plus de 13.500 personnes concernées par une fin de droits en janvier ou février 2015 (moment du pic de la diminution liée aux fins de droit), 10.000 personnes figuraient parmi les demandeurs d'emploi inoccupés. Parmi celles-ci, à fin avril 2015, un peu plus de 6.500 sont sorties de la demande d’emploi, dont 1.000 (soit 10 %) pour aller à l’emploi.



    2) Diverses mesures fédérales ou régionales visant à accroître l’employabilité des demandeurs d’emploi ont aussi un effet.

    Le soutien offert dans le passage des études à la vie active, par le stage de transition en entreprise, les politiques actives en faveur des chômeurs de longue durée (Plan Activa, Programme de Transition Professionnelle, mesure Économie d'insertion sociale SINE, la Garantie pour la jeunesse, etc.) favorisent une diminution du nombre de demandeurs d’emploi. Les jeunes qui constituent un public prioritaire ont notamment profité de ces dispositifs.

    L’accompagnement individualisé réalisé par le FOREm depuis 2010 offre un soutien et un suivi personnalisé aux demandeurs d’emploi en vue de leur insertion professionnelle sur le marché du travail, ce qui a aussi un effet positif.
    Les cellules de reconversion apportent également un appui aux personnes victimes de licenciements collectifs et affectent régulièrement le niveau de la demande d’emploi.



    3) Enfin, une embellie conjoncturelle influence le niveau de la demande d’emploi

    Depuis mi-2013, plusieurs signaux indiquent que la situation économique de la Wallonie et de la Belgique tend à s’améliorer par rapport aux années 2009 et 2012 : croissance du PIB, diminution du chômage temporaire, hausse de l’activité intérimaire, regain de confiance des chefs d’entreprise. Le CESW indique par ailleurs que, compte tenu des prévisions économiques des principaux partenaires commerciaux de la Wallonie (Allemagne, France, Pays-Bas), les années 2014 et 2015 devraient constituer deux années de consolidation pour l’économie wallonne.

    Ces améliorations conjoncturelles ont vraisemblablement mis du temps à influencer le marché de l’emploi, mais les chiffres de la demande d’emploi sont maintenant à la baisse depuis plus d’un an.

    La diminution globale des demandeurs d’emploi a été précédée d’une décrue observée auprès des jeunes demandeurs d’emploi. Cette tendance baissière a donc débuté avant que les personnes arrivent en fin de droits en janvier 2015 et avant que la limitation à l’accès aux allocations d’insertion devienne effective.



    4) Qu’en est-il des jeunes qui risquent de ne plus être admis aux allocations d’attente ?

    En moyenne, chaque année, sont repris en stage d’insertion professionnelle au FOREm :
    *n 6.900 jeunes âgés de moins de 21 ans et sans CESS (6.933 en 2014) ;
    * 5.900 jeunes âgés entre 24 et 29 ans (5.880 en 2014).

    Le resserrement des conditions d’accès aux allocations d’insertion risque de précariser une partie de ces jeunes, étant donné que l’ouverture de leur droit aux allocations d’insertion ne sera possible qu’à l’âge de 21 ans.

    En particulier, on pourrait s’attendre à ce qu’une partie d’entre eux postposent leur inscription comme demandeurs d’emploi, ce qui risquerait de les déconnecter très rapidement du marché de l’emploi et de la formation.

    Face à ce risque, rappelons d’abord que le droit aux allocations familiales après études est lié à l’obligation d’inscription comme demandeur d’emploi. Cette condition constitue un incitant à l’inscription au FOREm dès l’arrêt ou la fin des études.

    Par ailleurs, pour renforcer l’incitation pour les jeunes à s’inscrire comme demandeurs d’emploi dès la fin des études, le FOREm a renforcé ses actions de communication et de sensibilisation envers ceux-ci : des flyers d’information/sensibilisation ont été envoyés à l’ensemble des établissements scolaires dès le mois d’avril 2015. Le site internet du FOREm a été adapté, notamment pour attirer l’attention du jeune sur les adaptations récentes de la réglementation chômage, en les incitant à venir s’inscrire au FOREm dès la fin ou l’arrêt de leurs études, quels que soient leur âge ou leur situation.

    Pour les sensibiliser par rapport à leurs droits et devoirs, dès leur inscription au FOREm, tous les jeunes reçoivent une brochure d’information complète de même qu’une invitation à s’inscrire à une séance d’information sur leurs droits et devoirs, le stage d’insertion et les conditions d’accès aux allocations d’insertion.

    Dans le cadre de la Garantie jeunesse, le FOREm a également pris d’autres mesures pour renforcer l’accompagnement des jeunes, ce qui permet aussi de lutter contre le risque de précarisation des jeunes visés par le resserrement des conditions d’octroi des allocations d’insertion et notamment :
    - une mobilisation et mise en action du jeune très rapide
    Il a en effet été démontré que la mise en action rapide des jeunes jouait un rôle important contre le risque d’enlisement dans le chômage. C’est la raison pour laquelle le FOREm met tout en œuvre pour rencontrer les objectifs visés par la Garantie jeunesse, à savoir veiller à ce que tous les jeunes se voient proposer un emploi de qualité, une formation continue, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois suivants leur inscription. À cette fin, l’intensité de l’accompagnement personnalisé du jeune est renforcée.

    Parallèlement, le FOREm intensifie ses liens avec l’entreprise, notamment en vue d’augmenter les opportunités de stages pour ce public. Le FOREm veille également à ce que le stage de transition et la formation alternée constituent de réels leviers vers l’emploi durable pour les jeunes.

    - un accompagnement du jeune jusqu’à l’emploi
    Le FOREm poursuit l’accompagnement vers l’emploi de tous les jeunes qui, au terme de leur stage d’insertion, n’auraient pas encore trouvé d’emploi alors qu’ils n’auraient pas encore droit aux allocations d’insertion.