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La perdrix grise et la sarcelle d'hiver

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 26 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 12/10/2015
    • de COURARD Philippe
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Les périodes de chasse sont organisées pour des périodes de cinq ans via l'arrêté quinquennal. Le nouvel arrêté devra entrer en vigueur pour la saison cynégétique 2016 soit le 1er juillet.

    Plusieurs acteurs du monde de la ruralité font part de leurs avis. Ainsi, la Ligue royale belge pour la protection des oiseaux est inquiète pour la perdrix grise et la sarcelle d'hiver qui seraient menacées d'extinction.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il cette information ? Le cas échéant, entend-il prendre des mesures particulières pour protéger ces espèces ?

    Au-delà de la question de la chasse, si des espèces sont en danger, il faut s'interroger sur la qualité de leur habitat et la possibilité qui leur est offerte de se nourrir. Qu'en est-il pour ces espèces ?
  • Réponse du 20/10/2015
    • de COLLIN René

    Les deux espèces évoquées sont reprises par l’Union internationale pour la Conservation de la Nature dans la catégorie « préoccupation mineure, espèce pour laquelle le risque de disparition en Belgique est faible ».

    En ce qui concerne la sarcelle d’hiver, c’est une espèce qui se rencontre naturellement en de nombreux endroits de Wallonie en hivernage et en migration, peu de zones humides, temporaires ou permanentes la retenant pour nicher, cette espèce étant largement répandue dans le paléarctique. En Europe, elle se rencontre surtout au nord du 45°parallèle. Les populations de sarcelles d’hiver sont considérées comme globalement stables sur le continent. La lente augmentation des effectifs de sarcelles d’hiver à l’échelle de l’Europe semble peu liée à la politique de gestion de l’espèce elle-même, qui a peu ou pas varié selon les pays, mais serait plutôt imputable à la prise en compte de l’importance de leurs habitats et aux mesures de conservation dont certaines zones humides ont bénéficié au cours des deux dernières décennies.

    La perdrix est considérée comme patrimoniale et comme un bon baromètre de l’état environnemental des plaines cultivées (espèces « bio-indicatrice »).

    Il faut malheureusement le reconnaître : la perdrix est en déclin de manière assez générale, non seulement en Wallonie, mais aussi ailleurs en Europe de l’Ouest.

    Le défi à relever aujourd’hui est celui de concilier « agriculture rentable » et « faune sauvage » en impliquant en partenariat tous les acteurs dont particulièrement les agriculteurs. Pour remédier à la diminution de notre faune de plaine, il y a lieu d’agir sur la restauration du milieu, la gestion des prédateurs et dans une moindre mesure sur les prélèvements cynégétiques qui, il faut le souligner, sont marginaux par rapport aux autres causes de mortalité, de l’ordre de 5 à 10 %.

    Il convient toutefois de ne pas généraliser ce déclin de la perdrix grise. Localement, des populations sont en effet encore bien développées chez nous, en particulier dans le Hainaut. Il faut aussi noter que l’on observe les plus fortes tendances à la hausse dans des territoires chassés. Cela s’explique par l’intérêt porté par les chasseurs à la conservation de l’espèce. C’est souvent suite aux démarches de chasseurs auprès des agriculteurs que l’habitat de l’espèce est amélioré au bénéfice de la perdrix, mais aussi de toute la petite faune des plaines. Il est intéressant de noter à ce sujet qu’environ trois quarts des bandes « faune » installées en plaine dans le cadre du programme des mesures agro-environnementales le sont à l’initiative des chasseurs qui tentent d’améliorer les habitats de leur territoire.

    Une interdiction de la chasse pénaliserait certainement les efforts de ces nombreux gestionnaires et n’offrirait en contrepartie absolument aucune garantie d’un effet positif sur les populations de perdrix.

    Il est très clairement démontré par de nombreuses études que la perdrix grise, comme d’ailleurs bon nombre d’espèces non chassées de l’avifaune des plaines, en déclin également, telles que le bruant proyer et l’alouette des champs, souffre en fait d’une dégradation de son habitat. L’incitation réelle à une adhésion massive au programme agri- environnemental pour créer un maillage écologique et l’intégration de la protection de la biodiversité dans certains systèmes de production nécessite une longue sensibilisation et beaucoup de concertation. Le verdissement de la Politique agricole commune est une étape dans cette direction tout comme l’application et le respect de la conditionnalité en agriculture. Je suis donc optimiste.


    Je rappelle aussi que les deux espèces visées sont inscrites à l’annexe II partie A de la Directive européenne 2009/147/CE « Oiseaux », ce qui autorise sans équivoque leur chasse et que le choix, en Wallonie, des dates d’ouverture et de fermeture de la chasse à ces oiseaux gibiers s’inscrit parfaitement dans le prescrit du guide « Key Concepts of article 7(4) of directive 79/409/EEC, period of reproduction an prenuptial migration of annex II Bird species in the 27 EU member stades » approuvé par le Comité ORNIS (DG ENV) et du guide sur la chasse durable en application de la Directive oiseaux (7 janvier 2009).