/

L'agriculture intelligente face au climat

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 43 (2015-2016) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 16/10/2015
    • de COURARD Philippe
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région
    On estime que l'exploitation primaire de la terre (agriculture, deforestation, ...) est responsable de 25% des émissions de gaz à effets de serre. Bien que ce chiffre brut ne tient pas compte des bienfaits de l'agriculture pour l'humanité, il convient de le prendre au sérieux.

    L'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) a donc développé en 2010 un nouveau concept révolutionnaire : "l'agriculture intelligente face au climat" , une nouvelle approche qui serait capable d'assurer la sécurité alimentaire de la population mondiale, de s'adapter au changement climatique et d'atténuer ses émissions de gaz à effet de serre.

    Force est de constater que ce concept est assez flou, pourriez-vous l'expliquer ? Est-ce, selon vous, une piste à suivre pour nos agriculteurs ?

    Ce concept est largement décrié par beaucoup d'ONG qui estiment que certaines multinationales vont s'en servir pour capter des fonds issus de la lutte contre le réchauffement climatique et perpétuer un modèle polluant.

    Monsieur le Ministre partage-t-il cette analyse ?
  • Réponse du 05/11/2015
    • de COLLIN René

    Ce concept d’agriculture intelligente face au climat n’est pas particulièrement révolutionnaire, mais reflète plutôt la prise de conscience des nouveaux défis ou opportunités que constitue le changement climatique pour le milieu agricole.

    Comme le signale la FAO (Food and Agriculture Organization) dans le document « Pour une agriculture intelligente face au climat : Politiques, pratiques et financements en matière de sécurité alimentaire, d’atténuation et d’adaptation » publié en 2010, l’agriculture intelligente face au climat est une nouvelle approche, une façon de guider les changements nécessaires des systèmes agricoles, vu la nécessité de répondre conjointement à la sécurité alimentaire (au sens de la garantie de l’approvisionnement alimentaire) et au changement climatique. L’agriculture intelligente face au climat augmente la productivité et la résilience (adaptation) des cultures de manière durable. Elle favorise la réduction voire l’élimination des gaz à effet de serre (atténuation).

    Le développement d’une agriculture intelligente face au climat semble indispensable pour atteindre les objectifs en matière de sécurité alimentaire et de changement climatique. En se fondant sur des études de cas, le guide édité par la FAO analyse des solutions techniques, institutionnelles, politiques et financières nécessaires pour réaliser cette transformation.

    Concernant les pistes à suivre pour nos agriculteurs, il convient de rappeler que le document de la FAO est destiné aux pays en voie de développement et non aux pays industrialisés, pour lesquels la sécurité alimentaire n’est a priori pas problématique et ne devrait pas le devenir en dépit du changement climatique.

    Au niveau de la Région wallonne, une analyse des impacts et de l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques a été lancée en 2011, dans le cadre d’une étude menée par ECORES et initiée par l’AWAC (Agence wallonne de l’air et du climat). La section Adaptation du projet de Plan Air-Climat-Energie (PACE) identifie quelques actions propres à l’agriculture pour aider celle-ci à s’adapter aux impacts des changements climatiques. Le Projet de Plan Air-Climat-Energie (PACE) aborde également les émissions et séquestrations du secteur agricole et les mesures envisagées pour assurer que le secteur contribue à l’atteinte des objectifs de réduction de la Région.

    Certaines ONG françaises, anglaises et néerlandaises abordent effectivement l’« agriculture intelligente face au climat » avec prudence. Selon elles, il s’agit d’un concept relativement flou, où l’on retrouve des pratiques très diverses. Certaines sont largement contestées, notamment pour leur impact négatif sur l’environnement et les populations (par exemple, on retrouve les OGM ou l’usage intensif de pesticides ou d’intrants chimiques).

    Il y a effectivement un risque de récupération du concept d’« agriculture intelligente face au climat » par des multinationales. Toutefois, il est à noter qu’il s’agit d’un recueil de bonnes pratiques, et non pas d’une règlementation à suivre. Il ne pose donc pas plus de risques que d’autres documents.