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L'expérimentation animale

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 106 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 16/10/2015
    • de POTIGNY Patricia
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    Pour pouvoir tester l’efficacité, la posologie et l’innocuité d’un médicament, plusieurs phases sont nécessaires avant que les autorisations utiles à sa commercialisation ne lui soient octroyées.

    Au cours de cette batterie de tests, les animaux sont encore trop souvent la cible privilégiée des chercheurs.

    Or, plusieurs voix commencent à s’élever contre le modèle animal trop éloigné de l’humain que pour analyser de manière fiable le produit de santé. Certaines études, menées lors d’un retrait de médicament, montreraient que les effets secondaires à l’origine de la suppression n’avaient pas ou peu été détectés chez l’animal.

    L’expérimentation animale serait donc trop aléatoire pour certifier la « non dangerosité » d’un médicament pour l’organisme humain. Les différences physiologiques entre les deux espèces seraient trop importantes …

    L’ASBL Suppression des expériences sur l’animal vient de communiquer les chiffres des animaux utilisés en laboratoires privés ou universitaires pour la Wallonie en 2014…environ 300.000 chats, chiens, rongeurs et autres mammifères dont la vie de cobaye est faite de frustration et de douleurs avant une mort inévitable.

    S’il n’y avait aucun autre moyen pour développer un traitement, on pourrait éventuellement comprendre l’absolue nécessité d’utiliser l’animal.

    Or, des procédés alternatifs et offrant une fiabilité élevée existent : études cliniques et épidémiologiques ou encore simulations informatiques. Ces moyens seraient moins chers et plus rapides tout en évitant la souffrance animale.

    Quelles argumentations les firmes pharmaceutiques ou les universités mettent-elles en avant pour justifier la poursuite de ces pratiques ?

    Des études sur les méthodes alternatives existent sûrement. Que révèlent-elles ?

    En concertation avec les différents acteurs de terrain et associations, un plan pour la suppression définitive de l’expérimentation animale en Wallonie pourrait-il être mis sur pied ?

    Où en est le projet de Monsieur le Ministre de plateforme de recherche de méthodes alternatives à l’expérimentation animale, en collaboration avec le monde universitaire ?

    À court terme, quelles sont les actions que son ministère compte entreprendre pour contrer ces tests sur les animaux qui ne seraient pas toujours fiables pour l’homme ?
  • Réponse du 30/10/2015
    • de DI ANTONIO Carlo

    Le débat au sujet de l’utilité des expériences sur les animaux est un vaste sujet qui est loin d’être conclu à l’heure actuelle. Il est donc difficile, en quelques lignes, de dresser les tenants et aboutissants de ce large débat. Certes, des exemples existent sur certaines conclusions hâtives d’expériences sur animaux par rapport à l’extrapolation des résultats à l’homme. Il faut cependant réaliser que l’utilisation des animaux est à la base de découvertes importantes dans les mécanismes biologiques des maladies et de leur traitement.

    L’expérimentation animale reste pour le moment un moyen d’investigation nécessaire et son remplacement n’est pas encore réalisable dans plusieurs domaines de recherche. Il est aussi utile de remarquer que de nombreux tests sur animaux sont liés à une exigence réglementaire européenne de sécurité vis-à-vis de l’utilisation, sur l’homme, de produits chimiques et de médicaments.

    Un plan à court terme pour la suppression totale de l’expérimentation animale en Wallonie n’est donc pas à l’ordre du jour, d’autant plus que nous sommes liés à la réglementation européenne contraignante dans ce domaine.
    Les tests alternatifs sont nombreux, mais tous ne sont pas suffisamment développés ou validés. En matière de développement des méthodes alternatives, la directive européenne 2010/63 charge le Centre européen pour la validation des méthodes alternatives (ECVAM) d'évaluer la validité scientifique des tests alternatifs avant de les intégrer dans la réglementation européenne.

    Certains établissements en Belgique sont intégrés dans un réseau de laboratoires européens actifs dans cette recherche d’alternatives. Certains tests alternatifs validés sont déjà obligatoires dans le pays (phototoxicité, anticorps monoclonaux).
    La mise sur pied, en collaboration avec le secteur et des représentants de la société civile, d’un groupe chargé de proposer une stratégie wallonne en matière de développement des méthodes alternatives à l’expérimentation animale est chose faite. Les différents acteurs vont maintenant démarrer leurs travaux.

    La fiabilité de certains tests sera forcément abordée dans la réflexion au sein de ce groupe, dont j’attendrai les conclusions avant de prendre une initiative éventuelle dans ce domaine.