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La fin des pénuries d’eau en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 149 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 27/10/2015
    • de MOUCHERON Savine
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    En Wallonie, certains distributeurs d’eau potable sont parfois très exposés à la pénurie en cas de sécheresse. Cela est dû notamment à la taille de la réserve d’eau de leurs captages ou à l’afflux de touristes durant l’été, qui doublent ou triplent la population de certaines communes.

    Pourtant, la Région wallonne dispose de réserves d’eau importantes qui lui permettent même d’approvisionner Bruxelles, une partie de la Flandre et des pays limitrophes. Afin que plus personne en Wallonie ne doive subir de nouvelles pénuries, nous avons récemment appris que vous aviez sollicité la SWDE afin de mettre en place un projet d’interconnexion des réseaux.

    Monsieur le Ministre peut-il nous en dire davantage sur ce projet d’interconnections  ? Comment vont-elles se réaliser?

    A combien va s’élever le montant de ce projet exactement et qui va le prendre en charge  ?

    Selon quel calendrier  ce plan se mettra-t-il en place ? Au niveau de la prospection des eaux souterraines, nous savons que les réserves sont importantes chez nous.

    De nouveaux captages vont-ils être mis en place  ?

    Enfin, en termes de perspectives et de projets transfrontaliers, Monsieur le Ministre peut-il nous en dire davantage sur les projets futurs avec nos pays voisins (projets métropole européenne de Lille, Quiévrain, Grand-Duché de Luxembourg)  ? Comment se passe la collaboration avec ceux-ci  ?

  • Réponse du 03/11/2015
    • de DI ANTONIO Carlo

    Etant donné que les zones à besoins en eau ne sont pas situées à proximité des prises d’eau les plus productives, la pose de conduites de liaison entre les réseaux est nécessaire pour permettre d’apporter les volumes d’eau vers les différentes zones demandeuses. Pour ce faire, il s’agit de valoriser le potentiel en eau disponible (barrages de l’est de la Wallonie par exemple) et d’interconnecter les réseaux des grands opérateurs (Vivaqua, CILE, INASEP, SWDE, FARYS, …).

    L’état des lieux dressé par la SWDE à la demande du Gouvernement wallon a montré que la Wallonie dispose de ressources suffisantes pour faire face à la demande en eau présente et à venir. L’amélioration du rendement des réseaux permettrait en outre de récupérer un volume d’eau non négligeable (> 5.000.000 m³/an si tous les réseaux avaient un rendement d’au moins 75%).

    Les principaux sites de production fournissant plus de 100.000 m³/an d’une eau de qualité se situent principalement au nord du sillon Sambre et Meuse et dans l’est de la Wallonie. Il apparaît dès lors que le nombre de prises d’eau pourrait être réduit afin de privilégier les gros sites de production et de les interconnecter. Ce maillage suffisamment dimensionné pour alimenter chaque raccordement avec une eau de qualité et en quantité suffisante devrait – à terme – couvrir le territoire wallon.
    La première phase des travaux correspond au schéma régional des ressources en eau établi par la SWDE suite aux synergies connues fin 2014. Il représente un budget de 250 millions d’euros pour environ 300 km de conduite et la sécurisation de 620.500 raccordements (576.000 SWDE et 44.500 autres opérateurs wallons) hors ceux de Bruxelles capitale, de la Flandre (35.000) et en France (135.000). Les travaux ont débuté en 2014 en collaboration avec les grands opérateurs concernés (CILE, INASEP, IDEA, VIVAQUA) et devraient durer une dizaine d’années.

    Cette sécurisation de l’alimentation a un coût, à l’instar d’une assurance. En l’absence d’augmentation des volumes d’eau produits et distribués, l’impact des investissements est reporté sur l’ensemble des consommateurs via une augmentation tarifaire. Afin de maîtriser la facture d’eau, tout en réalisant la sécurisation de l’ensemble du territoire wallon, une intervention financière via le Fonds pour la protection de l’environnement est nécessaire.

    Enfin, l’état des projets transfrontaliers est le suivant :

    - Collaboration avec Métropole européenne de Lille (MEL) :

    Un projet d’interconnexion dans la région à l’ouest de Tournai est envisagé afin de sécuriser le réseau d’eau lillois en cas de besoin (période hivernale avec entretien des stations de potabilisation). Il s’agit d’une fourniture très temporaire (4-5 jours/an) de volume de l’ordre de 10.000 m³/j.

    - Collaboration avec Noréade :

    À Quièvrain, il est prévu une fourniture par Noréade à la SWDE à partir de 2017 d’un volume d’eau de 550 m³/j en vue de diluer l’eau wallonne locale qui contient beaucoup de nitrates. Une étude des possibilités de fourniture d’eau wallonne à Maulde et Vieux Reng vient de débuter.

    - Collaboration avec Aluseau (Grand-Duché de Luxembourg)

    Un projet de liaison entre les adductions provenant du barrage de Nisramont et le barrage d’Esch-sur-Sûre est envisagé afin de sécuriser l’alimentation en Wallonie et au Grand-Duché. En effet, Aluseau gère le barrage d’Esch qui assure le rôle de réserve stratégique d’eau pour les opérateurs luxembourgeois. Ceux-ci privilégient leurs propres prises d’eau et n’utilisent l’eau de la réserve qu’en cas d’extrême nécessité en raison de son prix élevé.