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Le cancer de la peau

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 170 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 03/11/2015
    • de POTIGNY Patricia
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Dernièrement, chercheurs, dermatologues et oncologues sont montés au créneau pour attirer l’attention sur l’évolution inquiétante du cancer de la peau en Belgique.

    Comme pour toute autre maladie, la prévention et le dépistage sont primordiaux pour brider sa propagation.

    Des scientifiques de la Fondation contre le cancer ont, récemment, mené une recherche quant à sa progression en Belgique. Le constat n’est pas optimiste en termes de vies qui pourraient être atteintes, mais aussi de coût des soins pour la société. Néanmoins, d’après les chercheurs, "ces résultats provisoires réclament une enquête plus approfondie sur les modalités optimales de prévention et de dépistage".

    Monsieur le Ministre a-t-il pu prendre connaissance de cette étude ? Si oui, les chercheurs font-ils part de recommandations à destination des pouvoirs publics et quelles sont-elles ? Si une autre enquête a lieu pour mieux déterminer les priorités relatives à la prévention et au dépistage, ses services prévoient-ils d’y prendre part ?

    Même si les faits sont alarmistes, le corps médical s’accorde sur le fait qu’une meilleure communication au sein de la population pourrait l’aider à mieux se prémunir en acquérant de simples réflexes comme la surveillance des grains de beauté, l’utilisation correcte d’une protection solaire, la visite chez le dermatologue une fois par an,...

    Monsieur le Ministre prévoit-il de nouvelles campagnes de sensibilisation dans les mois prochains ? Seront-elles définies en fonction de public cible ou pour tout un chacun ?
  • Réponse du 23/11/2015
    • de PREVOT Maxime

    Tout d’abord, dans un souci de cohérence, je souhaite faire référence aux différentes questions parlementaires relatives à la problématique du cancer de la peau qui m’ont été posées :
    - « L’interdiction des bancs solaires » de Mr Jean-Luc Crucke, introduite le 16/03/2015 ;
    - « Les politiques de prévention en matière de cancer de la peau » de Mr André-Pierre Puget, introduite le 20/10/2015 ;
    - « Le dépistage du cancer de la peau en Wallonie » de Mr Nicolas Martin, introduite le 26/10/2015.
    S’agissant des autres points développés dans la question, voici les éléments de réponse :
    J’ai effectivement pris connaissance de l’étude à laquelle l'honorable membre fait référence. Des membres de mon Cabinet ainsi que de l’administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles assistaient à la Table ronde organisée le 19/10/2015 par la Fondation contre le Cancer, au cours de laquelle les Professeurs Lieve Brochez et Lieven Annemans ont présenté leur étude dont les conclusions définitives sont attendues pour le mois de décembre prochain.

    Tout d’abord, le Professeur Lieve Brochez a présenté les résultats de l’enquête de population sur le dépistage précoce du cancer de la peau, postulant qu’une détection précoce peut mener à une augmentation des chances de guérison et à un meilleur rapport coût-efficacité du traitement.

    Cette détection précoce se fait via un simple examen de la peau, examen non invasif. Il est question ici de comparer deux méthodes diagnostiques soit par un examen de lésions focalisées de la peau versus un examen systématique du corps entier, et d’évaluer la valeur de la dermoscopie dans le dépistage.

    Les deux groupes cibles comparés proviennent de personnes âgées de 18 ans et plus, de deux communes flamandes de niveaux socio-économiques comparables, sans cross-over. Les premières conclusions sont qu’il existe une grande précision diagnostique dans les deux groupes, que le taux de participation est plus élevé dans le groupe d’examen systématique du corps entier, que le pourcentage de détection est comparable dans les deux groupes, que le dépistage n’est pas lié à une induction significative de l’angoisse, que l’examen des lésions focalisées, plus rapide que l’examen du corps entier, est une alternative pour un système de santé avec de longues listes d’attente et/ou un budget limité. De nouvelles questions sont soulevées suite à cette étude :
    - Quel est l’âge limite pour débuter le dépistage ? - Comment augmenter le taux de participation au dépistage des lésions focalisées ?
    - Qui doit dépister, une équipe experte de dermatologues ?
    - Utilisation du dermoscope ?
    - Que dépister : uniquement les lésions focalisées ?
    - Où dépister ? (Exemple du carcinome basocellulaire dont l’augmentation du coût direct est liée à la localisation au niveau du visage dont le traitement chirurgical est plus délicat.)

    Ensuite, le Professeur Lieven Annemans a abordé l’impact économique actuel et futur du cancer de la peau en Belgique et les possibilités d’impact des préventions primaire et secondaire sur son évolution. La prévention primaire est basée sur les campagnes de prévention dans la population générale et/ou sur l’interdiction de l’usage (public) des bancs solaires. Notons que l’effet n’est visible qu’après une latence de 10 ans après la première implémentation. La prévention secondaire est basée sur la détection précoce d’un cancer de la peau dans la population générale, soit par un examen de lésions focalisées de la peau versus un examen systématique du corps entier. Les conclusions du Professeur Annemans sont que :
    - le coût actuel du cancer de la peau sur base annuelle est de 100 millions d'euros ;
    - le coût projeté sur une durée de 20 ans est de 5,9 milliards d'euros ;
    - si les tendances actuelles se maintiennent, le nombre des cancers de la peau triplera en 20 ans ;
    - la prévention primaire a un effet positif en termes de coût et de mortalité, mais seulement après une période de latence de +/- 10 ans après son implémentation ;
    - le dépistage (par l’inspection du corps entier) a un effet positif sur la mortalité. Il induit un coût supérieur au non-dépistage, coût lié au traitement des cancers détectés.
    - ces résultats concernant la prévention sont des préliminaires à d’autres recherches qui devraient porter sur la fréquence du dépistage, d’autres formes de prévention et d’autres facteurs influençant.

    Les recommandations émises méritent toute notre attention. Il est indispensable à ce stade d’aller dans le sens d’une collaboration avec les différents acteurs impliqués dans cette lutte tant au niveau international qu’au niveau de la Belgique. Ce n’est qu’en tenant compte de cette dynamique globale que de nouvelles campagnes de sensibilisation pourraient être initiées par la Région wallonne, en gardant à l’esprit le rapport coût-efficacité.