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Le risque de disparition en Wallonie de la sarcelle d'hiver et de la perdrix grise

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 83 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 12/11/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Récemment Monsieur le Ministre a été interrogé sur la présence de la sarcelle d'hiver et de la perdrix grise en Wallonie.

    En réponse, il a indiqué notamment que ces deux espèces sont reprises par l’Union internationale pour la Conservation de la Nature dans la catégorie « préoccupation mineure, espèce pour laquelle le risque de disparition en Belgique est faible ».

    Concernant la perdrix grise, Monsieur le Ministre précisait qu' « il faut aussi noter que l’on observe les plus fortes tendances à la hausse dans des territoires chassés ». Quelles sont les sources de cette observation ?

    Il a certainement pris connaissance de la réaction de La Ligue royale belge pour la protection des oiseaux (LRBPO) à la réponse qu'il a fournie aux récentes questions parlementaires sur le sujet.

    Suite à la réponse de Monsieur le Ministre, la LRBPO, soutenue par d'autres associations, se demande dès lors s'il faut conclure que sont farfelues une série d'autres sources, dont :
    - les résultats des recensements effectués de 2001 à 2007, par des ornithologues réputés, qui ont contribué à l'élaboration de l'Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie, résultats qui indiquent que les sarcelles sont devenues rares en Wallonie et que la Sarcelle d'hiver figure en tête des espèces présentant un risque extrême d'extinction, mais aussi que la perdrix présente de même un risque réel d'extinction en Wallonie;
    - le dernier rapport AVES, Oiseaux nicheurs en Wallonie en 2013 et 2014, centré sur les nicheurs menacés, déclarant au sujet de la perdrix grise : « l'analyse des points d'écoute sur la période 1990-2014 confirme l'ampleur du recul, avec un minimum de contacts atteint en 2013»;
    - le bilan de la loi sur la Conservation de la nature, présenté en conférence de presse, le 10 septembre 2013, par le ministre Di Antonio, citant la perdrix grise en exemple de régression marquée et en tête des espèces qui présentent la plus grande inquiétude.

    Il faut reconnaître que la différence de constat de l'Union internationale pour la Conservation de la nature, d'une part, et ceux posés par les associations locales et régionales, d'autre part, interpelle et qu'un dialogue accru entre ces associations locales et régionales et Monsieur le Ministre s'impose. Monsieur le Ministre a-t-il récemment rencontré la LRBPO à ce sujet ou compte-t-il le faire ? Si une rencontre a eu lieu, qu'en est-il ressorti ?

    La LRBPO ne plaide pas pour un arrêt définitif de la chasse à ces espèces menacées, mais une suspension, durant les cinq années à venir, pour permettre aux populations de ces espèces de se reconstituer progressivement. « Même si, comme l'affirme le ministre, cette suspension n'offrait absolument aucune garantie d'un effet positif », précise l'ASBL. On pourrait ajouter que le contraire n'offre pas non plus une garantie d'une amélioration, alors pourquoi ne pas essayer une suspension sur cinq voire dix ans pour comprendre si oui ou non cela a un effet sur la population de ces espèces menacées ? Quelle est donc la réponse de Monsieur le Ministre à cette demande de la LRBPO ?
  • Réponse du 08/12/2015
    • de COLLIN René

    Pour la Sarcelle d’Hiver, espèce migratrice, le niveau en Wallonie de prélèvement des sarcelles d’hiver par la chasse est insignifiant par rapport aux prélèvements réalisés annuellement à l’échelon européen et paneuropéen. Le maintien de l’ouverture de la chasse actuelle se justifie donc, d’autant que la commercialisation de cette espèce reste interdite.

    Pour la perdrix, comme je l’ai dit dans ma précédente réponse, elle est en déclin de manière assez générale en Europe de l’Ouest, dont en Wallonie.

    Il est très clairement démontré par de nombreuses études que la perdrix grise, comme d’ailleurs bon nombre d’espèces non chassées de l’avifaune des plaines, en déclin également, tel que le bruant proyer et l’alouette des champs, souffre en fait d’une dégradation de son habitat. 

    Une interdiction de la chasse pénaliserait certainement les efforts des nombreux gestionnaires que sont les chasseurs, et n’offrirait en contrepartie absolument aucune garantie d’un effet positif sur les populations de perdrix. Dans les pays ou régions où la chasse à la perdrix grise a été interdite, le processus d’extinction de cette espèce ne s’est pas ralenti. D’ailleurs une étude française de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage souligne que le taux de disparition hors chasse des perdrix grises est établi à 68 % (février 2015) et il y a tout lieu de croire qu’il doit être semblable en Wallonie.

    Mon conseiller a discuté avec le Président et le Directeur de la Ligue de protection des oiseaux lors d’une manifestation organisée par celle-ci à Gembloux et m’a fait part de leurs arguments.

    Mais j’ai aussi pris compte, dans ma décision, des conclusions du colloque organisé en octobre dernier à Namur intitulé « La petite faune des plaines, le temps de l'action » qui réunissait agriculteurs, naturalistes et chasseurs.