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La baisse du risque de pauvreté chez les personnes âgées

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 222 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 18/11/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le risque de pauvreté chez les personnes âgées est en baisse. En effet entre 2006 et 2014, le risque de pauvreté chez les personnes âgées est passé de 23 % à 16 %.

    Ce risque s’inscrit quasiment dans la moyenne de la population globale, soit 15 %. Avant, la vieillesse allait souvent de pair avec un risque de pauvreté plus élevé.

    Est-ce une nouvelle dont on doit se réjouir ? Oui et non ! Oui parce que le risque diminue sensiblement ! Non, parce qu’il reste toujours trop élevé !

    Puis-je demander à Monsieur le Ministre de compléter ces propos par une analyse différenciée suivant l’état de santé des personnes âgées, en bonne santé ou en perte d’autonomie ? Peut-on supposer que le risque de pauvreté est bien plus marqué chez les personnes en perte d’autonomie et donc confrontées à des coûts supplémentaires ?
  • Réponse du 03/12/2015
    • de PREVOT Maxime

    Les chiffres cités viennent du working paper du SPF sécurité sociale d'octobre « Évolution de la situation sociale en Belgique : stabilité et divergence ». La diminution du risque de pauvreté chez les 65 ans et plus y est décrite avec les données de l'enquête Silc. Il faut savoir que les personnes habitant dans des structures collectives (comme les maisons de repos, soit 28 % des plus de 85 ans) ne sont pas reprises dans l’échantillon de l'enquête Silc. Cette enquête ne donne donc pas une image complète de l'état de pauvreté chez les personnes âgées.

    Ce rapport précise que
    « […] ces résultats suggèrent que les améliorations des indicateurs relatifs aux personnes âgées se sont essentiellement fait sentir parmi les plus faibles revenus. »

    C'est une bonne nouvelle, mais par contre le risque de pauvreté augmente entre 2005 et 2014 parmi les personnes en situation sociale faible. C'est surtout de cela qu'il faut s'inquiéter.
    « Chez les personnes au faible niveau d’éducation, le risque [de pauvreté] a en effet connu une hausse de 10 % entre 2005 et 2014 (de 18,7 % à 28,5 %). Pour les autres niveaux d’éducation, le risque de pauvreté est resté plus ou moins stable »

    Les conclusions du rapport du SPF sont sans ambigüités : « Il paraît dès lors assez clair que la détérioration des catégories socialement faibles appelle à une attention politique particulière. »

    Le vieillissement est un moment de fragilisation des personnes. Pour faire face aux difficultés liées à l'âge, les personnes ont besoin de mobiliser des ressources (physiques, économiques, sociales, culturelles, etc.). Quand ces ressources sont inexistantes ou insuffisantes, parce qu'elles ont déjà été trop éprouvées ou parce qu'elles n'ont pas pu se constituer, il y a un risque de grande vulnérabilité. Ce n'est donc pas tant la pauvreté aux âges avancés, mais tout le parcours de vie qui est déterminant pour vieillir en bonne santé. Un parcours de vie qui empêche le maintien ou l'accumulation des ressources nécessaires est la cause de difficultés aux âges avancés qui seront plus graves, plus nombreuses et probablement plus précoces que chez des personnes ayant eu un niveau de vie confortable.

    Face à cela, des mesures politiques et sociales peuvent être mises en place pour compenser le manque de ressources disponibles : l'adaptation du domicile, l'accompagnement du deuil, la réhabilitation après une maladie (Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale, Pauvreté et vieillissement, Rapport bruxellois sur l’état de la pauvreté 2008, Commission communautaire commune, 2008.). Concrètement, en ce qui concerne l'accès aux soins, les principales mesures de protection des personnes âgées vulnérables sont à trouver dans les mesures du fédéral d'assurance soins de santé, de généralisation du tiers payant, d'intervention majorée, de maximum à facturer, etc.

    Au niveau des régions, le soutien des maisons médicales, notamment au forfait, les aides à domicile, le soutien aux aidants proches et la perspective de mise en place d'une assurance autonomie sont autant de mesures qui vont assurer la protection des personnes âgées devant faire face à des difficultés de santé. En effet, un important travail est actuellement en cours pour opérationnaliser les principes de la future assurance autonomie qui sera conçue sur un mode assurantiel, c’est-à-dire qu’il s’agit pour les Wallons de se protéger contre le risque de dépendance, qu’elle se manifeste dans des circonstances d’âge, de maladie, d’accident ou de handicap. Les conditions pour pouvoir en bénéficier restent à déterminer. Cela implique la mise en place d’une nouvelle échelle de perte d’autonomie. Ainsi, le bénéficiaire aura droit à des prestations d’aide à un tarif réduit, et en fonction de ses revenus.

    Les CPAS ont aussi un rôle à jouer à la fois dans leur intervention pour l'accès aux soins de santé des personnes ne bénéficiant pas de l'assurance soins de santé et pour l'accès en maison de repos. Les données du dernier rapport bisannuel des maisons de repos montrent que la proportion de personnes âgées hébergées en maison de repos et bénéficiant de l’aide financière du CPAS est en légère diminution. Cette proportion était de 8 % pour les personnes entrées en maison de repos avant 2005, de 5 % pour celles entrées entre 2006 et 2009 et de 4 % pour celles entrées à partir de 2010.

    Quant à l'attention particulière à accorder aux publics vulnérables tout au long de leur vie, il y a de nombreux domaines où la Région wallonne peut intervenir que ce soit dans l'accès à la propriété d'un bien immobilier, dans l'accès à un logement décent, dans la médiation de dettes, dans l'amélioration des conditions de vie, etc. Le plan de lutte contre la pauvreté en est la concrétisation. Ce premier plan wallon de lutte contre la pauvreté synthétise les actions à mener dans les compétences régionales. Ces actions visent l’amélioration de la qualité de vie des Wallons et la diminution des dépenses des ménages, afin de réduire de manière concrète et transversale la pauvreté. Citons quelques mesures :
    - en matière de santé : développer les maisons médicales, soutenir une meilleure articulation des différents acteurs et lignes de soins afin d’améliorer la trajectoire de soins, améliorer la prise en charge efficiente des maladies chroniques pour les personnes précaires
    - en matière d’accès de soins : automatiser certains droits dérivés wallons.

    En Wallonie, le secteur de la médiation de dettes est couvert par différents opérateurs organisés en réseau. Sur 185 services de médiation de dettes (SMD) recensés, 173 sont liés aux CPAS, ce qui démontre la volonté des pouvoirs publics wallons d’éviter au maximum la dégradation de la situation des personnes surendettées. On citera également en tant qu’opérateur majeur du dispositif, le crédit social accompagné qui permet d’octroyer des crédits limités en vue d’améliorer le quotidien de personnes à faibles revenus et d’éviter leur marginalisation.

    Les nouvelles matières transférées de la Communauté française nous donnent de nouvelles pistes d'actions possibles pour garantir aux personnes vivant en situation de pauvreté leur droit de vivre en bonne santé, jusqu'à la fin de leur vie. La promotion des comportements sains, l'augmentation des connaissances en santé et la santé dans toutes les politiques régionales sont des pistes devenues réalistes pour garantir ce droit.

    Enfin, si on veut quantifier le lien entre pauvreté monétaire et soins de santé, on peut utiliser les données de l'enquête nationale de santé. D'après cette enquête, parmi les ménages wallons dont le revenu mensuel est inférieur ou égal à 1 000 euros, 20 % déclarent avoir reporté des soins de santé pour des raisons financières contre 5 % dans les ménages avec un revenu mensuel supérieur à 1 500 euros (Enquête nationale de santé, ISP, 2008 cité dans Cahier bien vieillir, préserver l'autonomie, synergies statistiques, Wallonie Communauté française, 2014). Toujours selon l'enquête nationale de santé, chez les Wallons de 50 à 65 ans qui déclarent avoir du mal à joindre les deux bouts, la moitié présente des symptômes dépressifs. Cette proportion atteint 70 % chez les 80 ans et plus. Dans la population sans cette difficulté à joindre les deux bouts, la proportion de personnes ayant des signes dépressifs est nettement plus réduite (moins de 30 % chez les 50-64 ans et 40 % chez les 80 ans et plus).