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La situation de lanterne rouge de la Wallonie en matière de fibres optiques

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 94 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 18/11/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Les réseaux internet fixes belges offrent de très bons débits, mais risquent d’être, malheureusement, vite dépassés.

    En effet les opérateurs hésitent à consentir aux lourds investissements dans le déploiement de fibre optique jusqu’au domicile.

    Dans d’autres pays, les autorités prennent l’initiative.

    Le régulateur britannique des télécoms, l’OFCOM, vient en effet de comparer le déploiement de la fibre optique dans cinq pays et la Belgique y fait pâle figure puisque seul 0,8 % des habitations seraient actuellement directement connectées en fibre optique.

    À l’heure actuelle, les opérateurs privilégient le déploiement de réseaux de fibres optiques jusqu’à la cabine de quartier, les dernières dizaines ou centaines de mètres étant couvertes par un réseau cuivré ou coaxial (câble).

    Le principal frein est le prix. Les opérateurs seraient en effet dans l’obligation d’ouvrir des milliers de trottoirs et la rentabilité de tels investissements est nettement plus hasardeuse que l’infrastructure générale. En Belgique, il en coûterait près de 715 euros par domicile pour une connexion généralisée à la fibre, soit une enveloppe totale de près de 2,87 milliards d’euros pour l’ensemble des foyers.

    L’histoire récente de la fibre optique est très malmenée.

    D’abord, la Région wallonne et la SOFICO créent un début de réseau, puis le dossier stagne. Ensuite, le Gouvernement wallon envisage de vendre, mais ne passe pas à l’acte.

    En attendant, les investissements restent sur le carreau. Actuellement, on lit dans la presse que la Belgique occupe en matière de fibre optique la position de lanterne rouge.

    N’est-ce pas en contradiction flagrante par rapport à la volonté du Gouvernement wallon de réindustrialiser la Wallonie ?

    Comment peut-on concevoir une réindustrialisation sans infrastructures suffisamment performantes ?

    À mes yeux, les autoroutes de l’information devront faire partie intégrante de la relance économique et de la réindustrialisation.
  • Réponse du 22/06/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le déploiement des fibres optiques jusqu’au domicile des citoyens nécessite des investissements lourds et le principal frein rencontré est évident, c’est le prix !
    Cependant, la stratégie numérique de la Wallonie consacre le très haut débit comme un des prérequis indispensable pour garantir l’attractivité de notre territoire.

    En ce qui concerne l’accessibilité au haut et au très haut débit, les rapports élaborés, tant au niveau européen qu’au niveau de l’État fédéral, notamment via l’IBPT, montrent que si notre pays dispose d’une couverture au-dessus de la moyenne européenne, il n’en demeure pas moins que des disparités importantes subsistent dans certaines parties du territoire. La Wallonie n’échappe malheureusement pas à ce constat considérant la réalité géographique qui est la sienne ainsi que la relative dispersion de son habitat. Cette réalité contraste souvent avec certaines cartographies privilégiant une couverture de la population par rapport à celle du territoire.

    Pourtant, aucun wallon ne devrait être exclu de cette ressource incontournable que constituent aujourd’hui les réseaux fixes et mobiles.

    Nous souhaitons même clairement que la Wallonie figure dans le peloton de tête de la future révolution du « Gigabit » par rapport à nos concurrents et partenaires internationaux.

    Cependant, les choix à réaliser, notamment en ce qui concerne les infrastructures de communication de nouvelle génération, basées sur fibres optiques, communément appelées NGN (pour New Generation Networks), sont donc, non seulement, extrêmement complexes, mais engagent également notre région pour les 20 ans à venir.

    Que l'honorable membre convient donc que ce dossier doit être traité avec la plus grande attention, car celui-ci ne se limite pas à des questions de débit et de couverture qui dans certains cas sont même supérieurs aujourd’hui à ceux de nombreux de nos partenaires européens tel que l’a encore relevé la Commission européenne dans le cadre des objectifs du Digital Agenda. L’enjeu n’est pas de consacrer le présent, mais bien de préparer l’avenir avec l’arrivée de ces réseaux de nouvelle génération qui seront les seuls à être en mesure de répondre efficacement à l’explosion des échanges de données découlant de l’hyperadoption digitale par les consommateurs et les entreprises à laquelle on assiste aujourd’hui.

    À cette fin, une série d’échanges sont en cours depuis plusieurs mois avec les différents opérateurs concernés. Dans le cadre de ces échanges, la Région a fait le choix, à la différence de ce qui se pratique parfois chez certains de nos voisins, de maintenir une stricte logique de neutralité technologique afin de ne pas entraver les dynamiques d’innovation permettant de servir au mieux les intérêts du consommateur final et cela où qu’il se trouve, que ce soit au travers de connexions fixes, mobiles ou encore d’une combinaison de ces deux modes d’accès. Cette hybridation des différentes solutions fixes et mobiles est notamment l’une des clés essentielles permettant la montée en débit sur des technologies existantes afin d’offrir à nos entreprises et à nos citoyens, où qu’ils se trouvent sur le territoire, des performances compatibles avec les usages attendus en matière numérique.

    L’Agence du Numérique a également lancé et anime la « Mission Très Haut Débit » telle que prévue dans la stratégie numérique de la Wallonie, afin de faciliter cette transition réclamée par nos citoyens et nos entreprises, notamment en vue de faciliter le développement de territoires ruraux.

    Dans ce cadre, le dialogue avec les opérateurs privés a été repris sous la forme de contacts bilatéraux. Ils visent à définir les objectifs de chacun d’entre eux et dans quelle mesure la Région peut jouer un rôle de facilitateur des projets programmés par ces acteurs. Cette phase de consultation menée par l’Agence du Numérique doit s’achever au début du second semestre de cette année. Les positions des différents acteurs seront ensuite portées au sein de la Mission Très Haut Débit.

    Conçue comme une instance permanente de coordination prévue dans le cadre de la stratégie numérique, la Mission THD va réunir, sur la base d’une expertise publique, mais également privée, via les opérateurs, les conditions nécessaires à la cartographie et à l’éligibilité des projets locaux en matière de connectivité large bande fixe et mobile.

    En instruisant de façon coordonnée les futurs projets portés par les opérateurs privés, cette instance va également permettre d’identifier et de prioriser les ressources nécessaires. Elle veut être à la fois un catalyseur de projets, mais également un lieu privilégié de dialogue pour le déploiement coordonné d’infrastructures très haut débit fixes et mobiles. L’Agence travaille également dans ce cadre avec le niveau fédéral et en particulier l’IBPT, pour faciliter l’identification de zones blanches en termes de couverture réseau des différentes communes. La collaboration entre les différents niveaux de pouvoir est quant à elle réglée au travers du Comité de concertation.

    Parallèlement, la SOFICO travaille sur sa stratégie en matière de valorisation des fibres optiques de la Région afin de déterminer quelles sont les actions prioritaires à entreprendre pour, là aussi, renforcer la cohérence de l’action publique en matière de couverture territoriale du très haut débit.