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La dépollution des sols par les plantes

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 219 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 18/11/2015
    • de DE BUE Valérie
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    La communauté d'agglomération de Creil a été la première en France, en 2013, à mettre à disposition de chercheurs de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Inéris) près d'un millier de m2 pour conduire des recherches en phytoremédiation, éventail de techniques de dépollution des sols par les plantes.

    Les résultats sont probants après deux ans d'expérimentation. La chercheuse a constaté que les saules et les arabettes accumulaient toujours davantage de métaux : quatre fois plus de zinc que l'année précédente et deux fois plus de cadmium.

    La phytoextraction s'inscrit aussi dans l'économie circulaire. Les métaux stockés dans les feuilles et tiges des plantes peuvent en effet être réemployés en écocatalyseurs dans les procédés pharmaceutiques et chimiques.

    Où en est-on en Wallonie ? Cette technique est-elle connue de Monsieur le Ministre ? Si oui, quels essais ont déjà été réalisés? Dans le cas contraire, compte-t-il s'y intéresser dans les prochains mois ? Des zones wallonnes ne pourraient-elles pas servir à l'expérimentation ?
  • Réponse du 07/12/2015
    • de DI ANTONIO Carlo

    Les experts scientifiques en la matière de l’ULB, l’UCL et l’ULg ont indiqué que la phytoremédiation ne permet pas d’assurer l’assainissement de terrains moyennement ou fortement pollués, comme on en trouve en Wallonie. Les limitations de la technique sont claires :
    1. L’effet des plantes s’observe uniquement sur la profondeur de leur système racinaire, c’est-à-dire sur la tranche superficielle du sol.
    2. La durée de traitement par phytoremédiation se compte en années, car il faut laisser à l’espèce végétale le temps de grandir et d’atteindre sa capacité maximale d’accumulation. Ce timing est dans la plupart des cas incompatible avec les délais imposés par les chantiers de développement.
    3. Les sols fortement dégradés qui hébergent plusieurs familles de contaminants aux propriétés physico-chimiques variées sont difficilement traitables. Les végétaux utilisés ne sont généralement capables de concentrer dans leurs tissus qu’un ou quelques contaminants spécifiques (souvent métalliques) à la fois.

    En Wallonie, je citerai l’exemple de l'assainissement d'un ancien dépôt pétrolier à Saint-Ghislain par la société anonyme Total Belgium. Les terres polluées – de manière superficielle - en hydrocarbures ont été assainies sur une période de deux ans. Cela étant, la réhabilitation de ce site avait pour particularité que Total n’avait pas besoin de son site dans l’immédiat. De plus, il est important de préciser que certaines parties du site dont les pollutions étaient profondes et complexes (mélanges de polluants) ont été assainies de manière « classique » (excavation et traitement hors site).

    Pour des terrains à pollution superficielle, et pour lesquels le propriétaire aurait le temps d’attendre l’effet des végétaux, les chercheurs rencontrés au sein de mon cabinet ont souligné que les connaissances sur les espèces accumulatrices de polluants sont limitées et qu’une mise en œuvre à grande échelle par des bureaux d’étude, par exemple, n’est pas envisageable pour l’instant. Des projets exploratoires seraient donc à encourager par rapport à une mise en œuvre « industrielle » des techniques.