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L'utilisation des antibiotiques dans les hôpitaux wallons

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 241 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 24/11/2015
    • de MARTIN Nicolas
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    L’usage des antibiotiques systématique dans le traitement de diverses affections est décrié par les spécialistes depuis de nombreuses années. Il est en effet apparu que cet usage systématique, notamment en ce qui concerne les antibiotiques à large spectre, serait dans certains cas inefficace et même dangereux, favorisant notamment la résistance de l’organisme aux molécules actives desdits antibiotiques. 

    Cependant, une enquête scientifique menée au sein des hôpitaux belges révèle que la Belgique reste un des pires élèves en matière d’usage des antibiotiques. 

    Il est important de noter que des écarts énormes dans le volume de prescription sont observés entre les différents hôpitaux du pays, les hôpitaux les plus « généreux » étant les hôpitaux généraux, les écarts entre hôpitaux allant de 3 % de prescription à 90 %. 

    Concernant la problématique plus spécifique des antibiotiques à large spectre, la Belgique en utiliserait 12 fois plus que la moyenne européenne (4 % contre 0,3 %), alors que dans bien des cas, des molécules plus ciblées et entraînant moins d’effets à long terme pourraient être envisagées. 

    Enfin, il semble que les dates d’arrêt de traitement ne soient pas claires, la date de fin de prise étant clairement mentionnée dans seulement 35 % des cas. 

    Tous ces éléments constituent un terreau fertile pour le développement à court terme de superbactéries, de plus en plus résistantes aux antibiotiques courants. Par ailleurs, cette situation n’est pas sans lien avec le développement accru de maladies nosocomiales sur lesquelles j’ai déjà pu interroger Monsieur le Ministre.

    Ainsi, quelles actions peuvent être entreprises, en partenariat avec le Gouvernement fédéral, afin d’endiguer ce phénomène mettant la santé publique en danger ?
  • Réponse du 09/12/2005
    • de PREVOT Maxime

    A la fin des années 1990, la Belgique était le deuxième pays européen sur 20 ayant la plus forte consommation d’antibiotiques. Cette surconsommation constitue une menace pour la santé publique.

    Les antibiotiques sont soumis à prescription médicale, ce qui relève de l’art de guérir. Le médecin doit pratiquer une « Evidence-Based Medicine » en utilisant consciencieusement et judicieusement les meilleures données actuelles de la recherche clinique dans la prise en charge de son patient.

    Comme je l’ai déjà expliqué à plusieurs reprises, il s’agit d’une matière relevant davantage de l’État fédéral.

    En 1999, la Belgique a créé la Commission belge de coordination de la politique antibiotique (BAPCOC).

    La BAPCOC est une instance fédérale qui vise la promotion d’une consommation d’antibiotiques rationnelle en Belgique et qui lutte contre l’augmentation de la résistance aux antibiotiques.

    Cette commission est composée de différents groupes travaillant sur la pratique ambulatoire, la médecine vétérinaire, la sensibilisation ou encore l’hygiène hospitalière. Ces groupes de travail ont différentes missions : sensibilisation, information (campagnes de sensibilisation,…), recommandations, collecte de données,…

    La BAPCOC publie un guide des antibiotiques qui contient des recommandations pour l’usage adéquat des antibiotiques dans la pratique des médecins généralistes et pharmaciens : par type d’infection, le guide indique si l’usage d’un antibiotique est nécessaire, quels sont le meilleur choix, la bonne dose et le bon intervalle entre les doses. Ce guide est accompagné d’intercalaires qui contiennent un résumé succinct du guide avec des recommandations pour la bonne prise des antibiotiques. Depuis 2012, un intercalaire pour pharmacien est également disponible.

    En outre, depuis 2008, un arrêté royal du 12 février 2008 modifiant l’arrêté royal du 4 mars 1991 fixant les normes auxquelles une officine hospitalière doit satisfaire pour être agréée impose la création d’un groupe de gestion pluridisciplinaire de l’antibiothérapie au sein du Comité médicopharmaceutique.

    Ce groupe de gestion pluridisciplinaire a pour mission, notamment de développer, d’exécuter et d’évaluer des initiatives visant à limiter l’utilisation excessive d’antibiotiques, y compris une politique antibiotique locale en matière d’activités de promotion concernant des médicaments anti-infectieux.

    L’accord national médico-mutualiste 2015 prévoit des objectifs concernent notamment l’usage rationnel des médicaments et la réduction de la polymédication. Dans cet accord, la Commission Nationale Médico-mutualiste prie l’INAMI et le Comité d’évaluation des pratiques médicales en matière de médicaments d’organiser une conférence spéciale en 2015 sur le thème de la prescription rationnelle et du bon usage de médicaments, axée sur les domaines requérant une attention particulière (e.a. antibiotiques, psychotropes, polymédication, …).


    Enfin, chaque hôpital doit avoir un comité d'hygiène hospitalière dont une des missions est de coordonner l'attribution de missions relatives à la gestion des antibiotiques. Au sein de ce Comité, je souhaite attirer l'attention sur le rôle du médecin hygiéniste qui est un médecin ou un pharmacien-biologiste clinique qui a suivi une formation équivalente à celle de médecin-hygiéniste hospitalier. Pour pouvoir s'acquitter efficacement de sa fonction, il doit faire la preuve d'avoir suivi avec succès une formation dans au moins les domaines suivants : infections nosocomiales (prévention et contrôle ; aspects microbiologiques et infectiologiques ; aspects épidémiologiques), législation relative à l'hygiène hospitalière, agents antimicrobiens et gestion des antibiotiques.

    En 2011, les pays de la région OMS Europe ont également adopté un plan d’action pour lutter contre la résistance aux antibiotiques les engageant à promouvoir leur bon usage, à améliorer les systèmes de surveillance. Le centre européen de contrôle des maladies transmissibles (ECDC) participe par ailleurs à cette surveillance en collectant les données des états membres.