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Les enfants touchés par l'austérité

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 26 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 24/11/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à MAGNETTE Paul, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Depuis le début de la crise, dans les deux tiers des pays OCGE, la pauvreté des enfants a gagné du terrain. Souvent, on cite la Hongrie, l’Espagne, la Turquie, la Grèce, mais aussi la Belgique où la pauvreté enfantine fait un bond de + 2.7 %.

    Il s’agit, selon les chercheurs, d’un phénomène qui frappe avant tout les enfants issus de familles sans emploi (12 %). Et c’est confirmé par le fait que la crise et le chômage qui l’accompagne touchent plus les populations actives que les populations retraitées.
    La politique d’austérité, que l’UE tente d’imposer aux états membres, et souvent avec l’accord de ceux-ci, renforce encore la vague de paupérisation des familles avec enfants – les mettant dans un cercle vicieux dont ils risquent de ne pas pouvoir s’en sortir (car la pauvreté génère de la pauvreté).

    Et la pauvreté est multiforme : être sans emploi (et ce de longue durée) finit souvent par vivre dans un logement en manque flagrant de qualité et par l’échec scolaire ou le désintérêt pour les formations (notamment si les formations que les parents ont suivies n’ont abouti à rien sur le plan de l’emploi) etc.

    Le Gouvernement wallon annonce un plan de lutte contre la pauvreté. Idem du côté flamand. Le défi est de taille, insistent les chercheurs. Quelle sera, dans ce plan, la part réservée spécifiquement à la lutte contre la pauvreté des enfants ? Et quelles sont les actions principales que Monsieur le Ministre estime devoir mettre en place ?
  • Réponse du 16/12/2015
    • de MAGNETTE Paul

    Selon l’enquête EU-SILC de 2011, en Wallonie, un enfant (soit une personne de moins de 18 ans) sur quatre est pauvre, que ce soit en termes de risque de pauvreté (24,9 %) ou de privation matérielle (23,5 %). Ce rapport est d’un enfant sur cinq en Belgique et en Europe (EU-27) et d’un sur dix en Flandre.

    Au vu de ces données, la pauvreté infantile est, évidemment, une question qui retient toute mon attention. Il est essentiel de favoriser l’égalité des chances dès la naissance et de faire en sorte que chaque enfant puisse avoir accès aux mêmes droits, quel que soit son milieu d’origine.

    Le risque de pauvreté des enfants vivant en Wallonie est particulièrement important, au sein des familles monoparentales : la moitié des personnes (enfants et adultes) vivant dans ce type de famille est pauvre : 54,3 % y courent un risque de pauvreté et 43,2 % un risque de privation matérielle.

    Il convient cependant de se demander si la précarité des familles monoparentales est due à un revenu moindre (dans la mesure où seul un adulte peut subvenir aux besoins de la famille) ou à la plus faible implication sur le marché du travail des personnes isolées avec enfants. En tout état de cause, les familles monoparentales constituent un groupe cible particulièrement important pour la prévention et la lutte contre la précarisation. Il est donc essentiel de mobiliser les leviers wallons pour améliorer leur situation.

    En ce sens, afin de coordonner pleinement les dispositifs publics pour lutter contre d’éventuelles discriminations, le Gouvernement a décidé, dans le cadre du Plan de lutte contre la pauvreté (PLCP) qu’il a adopté en septembre 2015, de passer en revue les législations de l’ensemble des niveaux de pouvoir de Belgique à la lumière du vécu des familles monoparentales. Cette opération devrait permettre de formuler des recommandations afin d’ajuster et d’optimiser les décrets et les réglementations régionales pour éviter les discriminations et ne pas pénaliser encore davantage ces structures familiales.

    Le PLCP prévoit, en outre, des mesures opérationnelles pour lutter contre ce phénomène. C’est le cas dans l’axe 6 « politiques familiales » où des actions visent à :
    - tenir compte des spécificités des familles monoparentales dans le futur modèle d’allocations familiales. Il est ainsi prévu d’analyser les besoins spécifiques des familles monoparentales, notamment en lien avec le mécanisme des suppléments sociaux ;
    - renforcer l’accessibilité des services d’aides familiales et de garde d’enfants malades. Il est ainsi prévu :
    * de revoir le montant de la part contributive du bénéficiaire, en tenant compte de son niveau de revenus ;
    * de renforcer l’accessibilité financière des services de garde d’enfants malades et d’aides ménagères.

    Par ailleurs, d’autres axes du plan réservent une attention spécifique aux familles monoparentales.

    Ainsi, dans l’axe 1 « Logement » une mesure vise à baliser les priorités d’accès pour certains publics cibles (familles monoparentales) dans le système d’attribution des logements publics et, dans l’axe 9 « numérique », une mesure a pour objet d’impliquer les Espaces publics numériques dans l’e-inclusion des citoyens, ce qui passe, notamment, par un ciblage des actions concrètes sur les publics précarisés (femmes seules…).