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La vidéo-consultation

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 274 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 25/11/2015
    • de GONZALEZ MOYANO Virginie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Monsieur le Ministre annonçait récemment 12 actions destinées à faciliter l'installation des médecins dans les zones rurales, profitant de la régionalisation du fonds Impulseo depuis le 1er janvier. L'action qui vise à soutenir la rénovation ou la construction de nouvelles Associations de santé intégrée (ASI) s'inscrit dans le cadre du Plan wallon de développement rural (PWDR) et dans ce but, bénéficiera d'une enveloppe de près de 10 millions d'euros répartis sur la période 2014-2020. 60 % de cette enveloppe provient de la Wallonie et 40 % du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader).

    En outre, Monsieur le Ministre envisage la poursuite et le renforcement des anciens incitants « Impulseo ». Près de 5 millions sont déjà budgétés pour 2015. Ils serviront à financer des primes (20.000 euros imposables, mais non remboursables) et des prêts (15.000 euros) à taux zéro.

    Au total, ce sont plus de 15 millions d'euros que la Wallonie va dégager pour attirer les médecins généralistes dans les zones rurales. Ceci est, bien évidemment, une bonne chose quand on sait que la pénurie de médecins généralistes est criante dans 145 communes wallonnes ! Parmi elles, l'ensemble des 119 communes rurales sont les plus touchées. Plus de 50 communes n'ont pas de jeunes médecins (moins de 40 ans).

    Aussi, ces actions seront-elles suffisantes pour « ramener » les médecins dans les campagnes ? Monsieur le Ministre préconise également l'intervention des infirmiers, pharmaciens et autres professions liées à la santé, mais n'est-ce pas faire peut-être courir un risque aux personnes nécessitant une réelle consultation et/ou l'avis d'un médecin ?

    Dans la presse, Monsieur le Ministre parlait également d'un recours à la vidéo consultation. Il souhaite développer ce projet, mais quel est-il exactement ? Qu'entend-il par là ? Concrètement, comment entend-il mettre cette initiative sur pied ?

    Tous les citoyens pourront-ils en bénéficier ?
  • Réponse du 11/12/2015
    • de PREVOT Maxime

    Le problème de pénurie de médecins dans les régions rurales est global et dépasse très largement les frontières de la Wallonie et de notre pays. Nos voisins européens sont nombreux à être confrontés à une situation similaire. La France a notamment développé un modèle qui consiste, face aux difficultés rencontrées, à faire du « clé sur porte » pour les médecins, afin de les attirer dans les zones les moins bien desservies en leur offrant un logement, un emploi pour le conjoint, l'inscription en crèche pour les enfants, l'inscription en école pour les autres. En Norvège, dès que quelqu'un termine ses études de médecine, il a l'obligation d'aller pendant cinq ans prester dans une des zones les moins densément peuplées en tant que généraliste avant d'avoir l'autorisation, le cas échéant, de gagner la capitale pour ouvrir son cabinet. Ce faisant, environ la moitié des médecins sont restés dans ces zones rurales.

    Avec la 6e réforme de l'État, le fonds Impulseo est désormais dans les mains de la Région, de même que l'organisation des soins de première ligne.

    Nous nous sommes rendus compte qu’Impulseo, s'il a pu être un élément positif, comportait certaines failles. L'attrait financier, à lui seul, n'est pas suffisant pour encourager suffisamment de médecins à s'installer dans les zones rurales. C'est souvent la charge liée à l'exercice des gardes et la volonté concomitante d'avoir une certaine qualité de vie qui sont pointées du doigt pour ne pas aller dans les zones où le médecin risque d'être sollicité en permanence, puisqu'il est quasi le seul à des kilomètres à la ronde.

    Sans substitution des métiers, nous souhaitons plutôt stimuler l’interdisciplinarité et la continuité des soins pour le patient habitant dans une zone rurale.

    Comme le note l'honorable membre, la vidéo-consultation médicale est une des pistes explorées pour l’amélioration de la continuité des soins dans les zones rurales. Elle n’est pas la seule : on peut d’ailleurs faire le lien entre cet outil et le plan national « e-santé » récemment approuvé en Conférence interministérielle, ainsi qu’avec le décret reconnaissant une plateforme wallonne d’échange électronique des données de santé, voté à l’unanimité au Parlement de Wallonie le 14 octobre de cette année.

    D’un point de vue technique, la solution à développer ne devrait pas poser trop de problèmes. La première étape est de définir un standard commun qui permettra à chacun, patients comme médecins, de se connecter sur une plateforme de vidéoconférence afin d’entrer en contact à distance. Le Réseau Santé Wallon travaille déjà à cette solution. J’ai bien entendu des contacts réguliers avec mon collègue le Ministre Marcourt dans le cadre du Plan du Numérique. Il y a notamment la question de l’accès aux réseaux informatiques dans toute la Wallonie.

    C’est plutôt au niveau organisationnel que les plus grands défis devront être relevés. Il faudra introduire un changement dans les mentalités afin de faire face aux défis des prochaines années, dont le vieillissement de la population, l’augmentation des maladies chroniques et complexes et les inégalités sociales de santé.

    En ce qui concerne la mise en place concrète, certains points doivent encore être éclaircis. Notre objectif est de travailler en collaboration étroite avec les acteurs de terrain de toutes les lignes de soins. Le secteur de l’aide à domicile ne doit pas être oublié : la coordination de l’aide et des soins à domicile peut être grandement facilité avec la vidéo-conférence. Je sais d’ailleurs que la vidéoconférence est déjà utilisée dans certains cas : notre volonté est qu’elle devienne habituelle, avec toutes les garanties quant à la qualité et la sécurité.

    Le premier public à sensibiliser et former est bien entendu les médecins généralistes eux-mêmes. Une subvention de 302.000 euros vient d’être accordée à l’ASBL FAG (Forum des Associations de Généralistes), qui fédère les cercles de médecins généralistes en Wallonie, afin de former et sensibiliser les professionnels de la santé aux outils informatiques (e-santé).

    En ce qui concerne le remboursement des soins donnés à distance, l'honorable membre sait comme moi que cette décision doit se prendre au niveau fédéral. Ma collègue fédérale a exprimé sa volonté de permettre le remboursement par l’INAMI des consultations médicales à distance dès l’année prochaine. J'invite l'honorable membre à contacter les collègues du fédéral pour en savoir plus à ce sujet.

    En conclusion, la vidéo-consultation est un outil, et uniquement un outil, qui devra à l’avenir faciliter la vie des professionnels de la santé tout en élargissant les possibilités pour les patients. Cet outil s’inscrit dans un cadre plus large, qui prend en compte un changement dans la manière de travailler des professionnels de la santé, les besoins accrus de la multidisciplinarité, les actions e-santé en cours de développement ou encore l’utilisation d’appareils mobiles tels que les smartphones. Bien évidemment et j’y veillerai, le contact humain et le « colloque singulier » devront toujours être privilégiés. C’est en lien avec les notions utilisées en santé publique de littératie (capacité d'un patient à trouver, à comprendre et à utiliser l'information de santé de base) et d’empowerment (permettre aux usagers des services de santé de décider pour eux-mêmes) et elles sont essentielles pour la lutte contre les inégalités en santé.