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Le projet "Housing First"

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 303 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 07/12/2015
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Il y a quelques mois, j’interrogeais le collègue de Monsieur le Ministre, le ministre Furlan, sur le projet « Housing First » et son implémentation en Wallonie.

    Ce dernier m’a transmis quelques éléments de réponse, mais m’a précisé que le passage évoquant le « Housing first » dans la Déclaration de politique générale était extrait de la section relative à la « Cohésion sociale » qui relève du ministre ayant les Affaires sociales dans ses compétences, c’est-à-dire Monsieur le Ministre lui-même.

    Peut-il dès lors me dire s'il a eu des contacts avec le ministre Furlan à ce sujet ? Peut-on espérer voir des mesures concrètes aboutir dans les mois qui viennent ? Si oui, lesquelles et dans quel délai ?

    Enfin, Monsieur le Ministre peut-il nous dire qui portera ce projet au sein du Gouvernement ?
  • Réponse du 21/12/2015
    • de PREVOT Maxime

    L'honorable membre l’a souligné, le projet Housing First Belgium est une expérimentation d’innovation sociale en matière de lutte contre le sans-abrisme. Il est soutenu, depuis le 01/08/2013 par le SPP Intégration sociale, grâce à un subside de la Loterie nationale (860.000 euros par an). Ce projet est développé dans les 5 grandes villes belges : Bruxelles, Liège, Charleroi, Anvers, Gand. Il mobilise 6 équipes sur le terrain, ce qui représente 11 ETP travailleurs et chercheurs. Il est actuellement étendu à trois autres villes : Molenbeek, Hasselt et Namur.

    L’objectif est de prouver que le Housing First est possible en Belgique. Concrètement il s’agit de permettre à 135 personnes (chiffre au 15/10/2015), sélectionnées par les opérateurs, d’accéder à un logement individuel, tout en étant accompagnées par des équipes pluridisciplinaires. Leur évolution est comparée à deux groupes contrôles, l’un de personnes toujours à la rue, l’autre de personnes relogées, mais ne bénéficiant pas d’un tel accompagnement.
    Les critères d’accès sont :
    - Être sans-abri ;
    - Avoir des besoins élevés (pas uniquement accès au logement, sinon le projet serait fort coûteux) ;
    - La personne doit payer son loyer ;
    - Être en ordre administrativement.

    Il faut noter que le public cible est à la rue depuis plusieurs années et en cela, le projet est particulièrement intéressant, car peu de solutions s’offrent à ces personnes largement désocialisées.

    Le projet se développe sur deux niveaux d’action :
    - Initiatives sur le terrain ;
    - Évaluation réalisée par le forum Bruxellois de Lutte contre la Pauvreté, le Relais social de Charleroi et Steunpunt Algemeen Welzijnswerk.

    Une évaluation après 24 mois est en cours et l’évaluation finale sera délivrée en juin 2016, mais nous n’attendrons pas cette échéance pour permettre la continuation des projets.

    Nous étudions actuellement la meilleure manière de les intégrer via des conventions pluriannuelles dans un premier temps et dans un deuxième temps à travers les dispositifs réglementaires actuels (Relais sociaux).

    Par ailleurs, au-delà de la phase de test actuellement en cours, il nous semble important d’avoir une réflexion sur les dispositifs à mettre en place en matière d’accès au logement.

    En effet, selon les opérateurs, plusieurs solutions ont été trouvées. À Charleroi, des synergies ont été trouvées avec la SLSP « la Sambrienne », l’AIS « Charleroi-logement » et des propriétaires privés. À Namur, les mêmes synergies existent, par contre à Liège, les opérateurs publics n’ont pas souhaité se lancer dans l’aventure.

    Dans une vision plus pérenne, en dehors d’un projet pilote, il me semble qu’une meilleure collaboration avec les acteurs publics du logement est indispensable.

    Mon collègue, le Ministre Furlan a, en outre, souhaité, au travers du Plan de Lutte contre la Pauvreté, développer la mise en place de capteurs logement. Ceux-ci ont un rôle essentiel afin de développer l’offre de logements.

    Voilà deux leviers nécessaires à la bonne poursuite de l’initiative « Housing First » pour lesquels j’ai déjà associé mon collègue en charge du Logement.

    Nous tenons bien finaliser la reprise du Housing first en Wallonie avant la fin du financement fédéral de manière à permettre aux personnes relogées d’être toujours suivies.

    In fine, je veux aussi mettre l’accent sur la nécessaire participation des acteurs de terrain déjà présents au sein des Relais sociaux qui gèrent actuellement les projets Housing First. Ces opérateurs associatifs ou publics avaient déjà une connaissance importante des personnes aidées avant le lancement des projets. Il me semble essentiel que cette connaissance soit maintenue et encouragée. Les perspectives futures du Housing first ne devront pas être vues comme une couche de lasagne supplémentaire dans le paysage social, mais devront s’intégrer comme un moyen d’action supplémentaire donné aux opérateurs de terrain.

    Quant au porteur du projet au sein du Gouvernement, j’ai l’honneur d’être celui-là.