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L'intégration des personnes d'origine étrangère sur le marché du travail

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 86 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 07/12/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Le SPF Emploi, Travail et Concertation sociale et le Centre interfédéral pour l'égalité des chances ont présenté le 17 novembre dernier leur dernier rapport « Monitoring socio-économique – marché du travail et origine ».

    Ce rapport, qui examine la période 2008-2012 et se base sur des données administratives de la population, révèle que la position des personnes d'origine étrangère sur le marché du travail est plus mauvaise en Belgique qu'ailleurs dans l'Union européenne.

    Les données indiquent que 73,3 % des personnes d'origine belge avaient un emploi en 2012, mais seulement 45 % des personnes originaires d'un État candidat à l'Union européenne, 42,7 % des personnes d'origine maghrébine, 39,6 % des personnes originaires d'Afrique subsaharienne et 39 % des personnes originaires d'Europe hors Union européenne.

    Les facteurs explicatifs sont multiples, mais le rapport pointe notamment la discrimination sur le marché du travail, l'inégalité des chances dans l'enseignement, le parcours migratoire ou encore les dysfonctionnements du marché du travail en général.

    La meilleure intégration des personnes d'origine étrangère sur le marché du travail requiert par conséquent des actions sur des plans divers, notamment au niveau de l'enseignement, raison pour laquelle j'interpelle en parallèle la ministre en charge de l'éducation en Fédération Wallonie-Bruxelles.

    Sachant que diverses actions et projets sont déjà menés en Wallonie en matière d'insertion socioprofessionnelle des personnes d'origine étrangère, mais souhaitant me concentrer par cette question sur ce qui sera fait pour améliorer la situation, Madame la Ministre peut-elle me faire part des mesures qui seront prises en matière d'emploi et de formation dans le but de réduire les écarts de taux d'emploi entre les personnes d'origine étrangère et les personnes d'origine belge ? Une concertation va-t-elle être menée avec d'autres collègues dans cet objectif ?
  • Réponse du 27/01/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    Le monitoring socio-économique du Centre interfédéral pour l'égalité des chances et du SPF Emploi, publié en novembre dernier, montre combien les populations d’origine étrangère, même issues des troisième ou quatrième générations d’immigrés, rencontrent encore des difficultés importantes à s’insérer sur le marché de l’emploi et, dans la plupart des cas, de manière plus accrue encore que les autres demandeurs d’emploi.

    Cette problématique ne se réduit ni aux politiques d’emploi ni à la lutte contre la discrimination à l’embauche. Elle nécessite une réflexion globale qui touche tant à l’enseignement, à la valorisation des filières techniques et professionnelles, qu’à l’apprentissage du français, au parcours d’accueil, à l’équivalence des diplômes, à la sensibilisation des entreprises à la gestion de la diversité qu’à l’articulation et à la transversalité des politiques développées en la matière.

    Le Gouvernement wallon a décidé de dédicacer au total 7 millions d’euros supplémentaires, dans le budget 2016, pour les actions d’insertion socioprofessionnelle des personnes étrangères ou d’origine étrangère, relevant de mes compétences, dont 5 millions pour l’insertion socioprofessionnelle des primo-arrivants.

    Les pistes seront explorées avec le FOREm et avec les acteurs de formation et d’insertion socioprofessionnelle les plus concernés, afin de dégager les dynamiques les plus concrètes et porteuses pour donner toutes leurs chances d’insertion sur le marché de l’emploi aux personnes étrangères ou d’origine étrangère. Ces mesures seront concertées au niveau du Gouvernement wallon.

    Les modalités de mise en œuvre et de financement de celles-ci seront bientôt précisées. Les mécanismes de financement que nous définissons aujourd’hui devront, en tout état de cause, être simples, lisibles, cohérents et objectivables.

    J’ai en outre souhaité relancer des politiques spécifiques en matière de lutte contre les discriminations à l’embauche. Si un arsenal juridique existe déjà, visant à lutter contre les discriminations, en ce compris dans les conditions d'accès à l'emploi et les conditions de travail, dans l’orientation, la formation et l'insertion professionnelles (les lois du 10 mai 2007 et le décret du 6 novembre 2008), je soutiens le développement d’une dynamique en matière de lutte contre les discriminations et de gestion de la diversité des ressources humaines comme source de croissance dans les entreprises et organisations, à travers des missions de sensibilisation et de formation confiées aux organisations syndicales et au Consortium diversité regroupant le FOREm, HEC/ULg et le CRIPEL. Le FOREm, à ce titre, organise la formation progressive de tous ses agents en contact avec le public, en particulier les conseillers-référents. La formation des conseillers-référents, d’une part, et des délégués syndicaux, par ailleurs, contribue à prévenir et à lutter contre les discriminations.

    Quant à la question d’une « double » discrimination pour les femmes issues de l’immigration, le Plan Egalité des chances constitue un outil pertinent pour mener des actions positives. Le Plan Global Egalité est un plan transversal dans lequel chaque Ministre wallon s’est engagé à prendre des mesures qui visent à réduire les discriminations et à promouvoir la diversité au sein des administrations, services et OIP wallons. De même, le plan Gender vise, quant à lui, à intégrer la dimension de genre dans l’ensemble des politiques, mesures et préparations de budgets ou actions, afin d’éviter ou de corriger les inégalités entre les femmes et les hommes. Le Gouvernement a donc fait le choix de prendre des mesures qui responsabilisent chacun de ses ministres.

    Ces actions de lutte contre les discriminations à l’embauche seront renforcées tant que la question de l’égalité des droits restera d’actualité, de même que les pratiques particulièrement porteuses pour les personnes étrangères ou d’origine étrangère, notamment pour les femmes ou pour les jeunes issus de l’immigration.

    Les employeurs ont toutefois évidemment leur responsabilité et leur rôle à jouer dans ce débat, au-delà des pratiques et mesures que nous pouvons mettre en place.