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La vidéo-consultation médicale

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 317 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 07/12/2015
    • de BONNI Véronique
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Attirer de jeunes médecins généralistes dans les communes rurales en Wallonie constitue un véritable défi. Outre les éléments abordés dans votre note de politique générale, j'ai pu découvrir dans la presse, le dispositif que Monsieur le Ministre envisage de développer pour renforcer le dispositif Impulseo. Ainsi, vous avez élaboré un plan de 12 mesures comprenant notamment la création des axes Impulseo IV et V, mais aussi le soutien à la rénovation et à la création de nouvelles associations de santé intégrée.

    Cependant, dans ce cadre, j'ai cru comprendre que Monsieur le Ministre souhaitait développer le recours à la vidéoconsultation. Et ceci afin que, je cite, ses propos retranscrits dans l'article, « d'autres acteurs puissent orienter et conseiller les patients ». Ceci se ferait donc dans le but d'alléger les charges de travail qui pèsent actuellement sur les médecins généralistes et de répondre au manque de disponibilité des praticiens dans certains cas.

    La mise en place d'un tel système me semble assez révolutionnaire dans notre pays et mérite quelques éclaircissements.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il ce souhait de mettre en place et développer l'usage de vidéo-consultation ? Dispose-t-on de retours d'autres pays ?

    Pourrait-il détailler comment il conçoit la mise en place de vidéoconsultation ? Quels professionnels de la santé seraient autorisés à y prendre part ? Comment s'organiseraient le paiement et l'examen médical ? Des applications sur smartphones permettent déjà de relever certains paramètres médicaux.

    Monsieur le Ministre envisage-t-il des collaborations avec son collègue en charge du numérique afin de développer ces pistes ?

    Enfin ne risque-t-on pas de perdre une part importante du diagnostic, révélée par le contact humain et la discussion, en mettant de côté la relation directe entre un patient et son médecin ?
  • Réponse du 11/12/2015
    • de PREVOT Maxime

    Effectivement, la vidéo-consultation médicale est une des pistes explorées pour l’amélioration de la santé dans les zones rurales. Elle n’est pas la seule : on peut d’ailleurs faire le lien entre cet outil et le plan national « e-santé » récemment approuvé en Conférence interministérielle, ainsi qu’avec le décret reconnaissant une plateforme wallonne d’échange électronique des données de santé, voté à l’unanimité au Parlement de Wallonie le 14 octobre de cette année.

    D’un point de vue technique, la solution à développer ne devrait pas poser trop de problèmes. La première étape est de définir un standard commun qui permettra à chacun, patients comme médecins, de se connecter sur une plateforme de vidéoconférence afin d’entrer en contact à distance. Le Réseau Santé Wallon travaille déjà sur cette solution. J’ai bien entendu des contacts réguliers avec mon collègue le Ministre Marcourt dans le cadre du Plan du Numérique. Il y a notamment la question de l’accès aux réseaux informatiques dans toute la Wallonie.

    C’est plutôt au niveau organisationnel que les plus grands défis devront être relevés. Il faudra introduire un changement dans les mentalités afin de faire face aux défis des prochaines années, dont le vieillissement de la population, l’augmentation des maladies chroniques et complexes et les inégalités sociales de santé.

    En ce qui concerne la mise en place concrète, certains points doivent encore être éclaircis. Notre objectif est de travailler en collaboration étroite avec les acteurs de terrain de toutes les lignes de soins. Le secteur de l’aide à domicile ne doit pas être oublié : la coordination de l’aide et des soins à domicile peut être grandement facilité avec la vidéo-conférence. Je sais d’ailleurs que la vidéoconférence est déjà utilisée dans certains cas : notre volonté est qu’elle devienne habituelle, avec toutes les garanties quant à la qualité et la sécurité.
    Le premier public à sensibiliser et à former est bien entendu les médecins généralistes eux-mêmes. Est inscrite à l’ordre du jour du prochain Gouvernement wallon une subvention de 302.000 euros en faveur de l’ASBL FAG (Forum des Associations de Généraliste), qui fédère les cercles de médecins généralistes en Wallonie, afin de former et sensibiliser les professionnels de la santé aux outils informatiques (e-santé).

    En ce qui concerne le remboursement des soins donnés à distance, l'honorable membre sait comme moi que cette décision doit se prendre au niveau fédéral. Ma collègue fédérale a exprimé sa volonté de permettre le remboursement par l’INAMI des consultations médicales à distance dès l’année prochaine. J'invite l'honorable membre à contacter les collègues du fédéral pour en savoir plus à ce sujet.

    En conclusion, la vidéo-consultation est un outil, et uniquement un outil, qui devra à l’avenir faciliter la vie des professionnels de la santé tout en élargissant les possibilités pour les patients. Cet outil s’inscrit dans un cadre plus large, qui prend en compte un changement dans la manière de travailler des professionnels de la santé, les besoins accrus de la multidisciplinarité, les actions e-santé en cours de développement ou encore l’utilisation d’appareils mobiles tels que les smartphones. Bien évidemment et j’y veillerai, le contact humain et le « colloque singulier » devront toujours être privilégiés. C’est en lien avec les notions utilisées en santé publique de littératie (capacité d'un patient à trouver, à comprendre et à utiliser l'information de santé de base) et d’empowerment (permettre aux usagers des services de santé de décider pour eux-mêmes) et elles sont essentielles pour la lutte contre les inégalités en santé.