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La précarisation des emplois pour les étrangers

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 87 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 07/12/2015
    • de POTIGNY Patricia
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Face à l’afflux migratoire, une série d’interrogations émergent quotidiennement quant à l’avenir professionnel de ces arrivants sur notre territoire.

    Une intégration réussie dans la société passe par le travail ; problématique sur laquelle planchent beaucoup de pays européens et pour laquelle certains peuvent déjà tirer des conclusions un an après l’arrivée de migrants.

    C’est le cas de l’Allemagne qui, par le biais de son ministère de l’Emploi, fait savoir que seuls 4 % des personnes qui ont obtenu le statut de réfugiés ont trouvé un travail entre septembre 2014 et octobre 2015. Un taux très faible au regard de l’enthousiasme affiché par les acteurs économiques allemands…

    Enfin, ces premiers résultats germaniques montrent, qu’une fois encore, les femmes peinent, proportionnellement à la gent masculine, à décrocher un emploi (1 homme sur 26 pour 1 femme sur 43)…À l’occasion de la publication du nouveau monitoring socio-économique, le Mrax dénonce ces faits discriminants entre les hommes et les femmes, mais, de manière plus générale, constate « une discrimination endémique » et une précarisation des emplois pour les étrangers.

    Si ce constat est déjà alarmant en 2015, qu’en sera-t-il pour les années à venir ? Comment faire comprendre aux employeurs que les qualités professionnelles d’une Amina valent tout autant que celles d’une Marie ?

    Un groupe de travail se penche-t-il sur la question ?

    Madame la Ministre envisage-t-elle, avec la ministre de l’Emploi et de la Formation, une stratégie commune pour endiguer cet état de fait ? La mise en place d’actions positives ou d’incitants pour que les mentalités évoluent est-elle envisagée ?
  • Réponse du 13/01/2016
    • de TILLIEUX Eliane

    Le Gouvernement wallon a décidé de dédicacer au total 7 millions d’euros dans le budget 2016, pour les actions d’insertion socioprofessionnelle des personnes étrangères ou d’origine étrangère, relevant de mes compétences, dont 5 millions pour l’insertion socioprofessionnelle des primo-arrivants.

    Le monitoring socio-économique du Centre interfédéral pour l'égalité des chances et du SPF Emploi, publié en novembre dernier montre combien les populations d’origine étrangère, même issues des troisième ou quatrième générations d’immigrés, rencontrent encore des difficultés importantes à s’insérer sur le marché de l’emploi et, dans la plupart des cas, de manière plus accrue encore que les autres demandeurs d’emploi.

    Cette problématique ne se réduit ni aux politiques d’emploi ni à la lutte contre la discrimination à l’embauche. Elle nécessite une réflexion globale qui touche tant à l’enseignement, à la valorisation des filières techniques et professionnelles, qu’à l’apprentissage du français, au parcours d’accueil, à l’équivalence des diplômes, à la sensibilisation des entreprises à la gestion de la diversité qu’à l’articulation et à la transversalité des politiques développées en la matière.

    Concernant les budgets dégagés par le Gouvernement en matière d’insertion socioprofessionnelle, les pistes seront explorées avec le FOREm et avec les acteurs de formation et d’insertion socioprofessionnelle les plus concernés, afin de dégager des actions concrètes et porteuses pour donner toutes leurs chances d’insertion sur le marché de l’emploi aux personnes étrangères ou d’origine étrangère.

    Les modalités de mise en œuvre et de financement de ces mesures seront bientôt précisées. Les mécanismes de financement que nous définissons aujourd’hui devront, en tout état de cause, être simples, lisibles, cohérents et objectivables.

    J’ai en outre souhaité relancer des politiques spécifiques en matière de lutte contre les discriminations à l’embauche. Si un arsenal juridique existe déjà, visant à lutter contre les discriminations, en ce compris dans les conditions d'accès à l'emploi et les conditions de travail, dans l’orientation, la formation et l'insertion professionnelles (les lois du 10 mai 2007 et le décret du 6 novembre 2008), je soutiens le développement d’une dynamique en matière de lutte contre les discriminations et de gestion de la diversité des ressources humaines comme source de croissance dans les entreprises et organisations, à travers des missions de sensibilisation et de formation confiées aux organisations syndicales et au Consortium diversité regroupant le FOREm, HEC/ULg et le CRIPEL. Le FOREm, à ce titre, organise la formation progressive de tous ses agents en contact avec le public, en particulier les conseillers-référents. La formation des conseillers-référents, d’une part, et des délégués syndicaux, par ailleurs, contribue à prévenir et à lutter contre les discriminations.

    Quant à la question d’une « double » discrimination pour les femmes issues de l’immigration, le Plan Egalité des chances constitue un outil pertinent pour mener des actions positives. Le Plan Global Egalité est un plan transversal dans lequel chaque Ministre wallon s’est engagé à prendre des mesures qui visent à réduire les discriminations et à promouvoir la diversité au sein des administrations, services et OIP wallons. De même, le plan Gender vise, quant à lui, à intégrer la dimension de genre dans l’ensemble des politiques, mesures et préparations de budgets ou actions, afin d’éviter ou de corriger les inégalités entre les femmes et les hommes. Le Gouvernement a donc fait le choix de prendre des mesures qui responsabilisent chacun de ses ministres.

    Ces actions de lutte contre les discriminations à l’embauche seront renforcées tant que la question de l’égalité des droits restera d’actualité de même que les pratiques particulièrement porteuses pour les personnes étrangères ou d’origine étrangère, notamment pour les femmes ou pour les jeunes issus de l’immigration.

    Les employeurs ont toutefois évidemment leur responsabilité et leur rôle à jouer dans ce débat, au-delà des pratiques et mesures que nous pouvons mettre en place.