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L'accueil des femmes SDF dans les abris de nuit

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 324 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 08/12/2015
    • de POTIGNY Patricia
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Pour répondre au manque, malheureusement, croissant de places disponibles dans les abris de nuit, vous avez annoncé une meilleure couverture territoriale wallonne par la création de 5 abris supplétifs.

    Environ 220 sans domicile fixe trouveraient ainsi un refuge nocturne dès 2018. Mais qu’en est-il des femmes « sans-abri »?

    En effet, selon les observations de la Croix-Rouge et autres associations de terrain, celles-ci sont de plus en plus nombreuses à se retrouver en errance.

    Une problématique supplémentaire pour les responsables des abris de nuit qui ont peu de lits dédicacés aux dames « seules ». Bien que certains aient la volonté d’augmenter leur capacité d’accueil pour la gent féminine, la douloureuse question financière se pose ; ce qui retarde les aménagements des dortoirs.

    Alors que le Plan Hiver 2015 a débuté, les alternatives aux abris de nuit pour ces dames sont peu nombreuses… Soit elles sont accueillies, s’il reste de la place, dans un centre d’hébergement de type familial ou immanquablement elles doivent trouver un squat.

    Pratiquement, où en est-on pour améliorer les conditions de vie des femmes SDF la nuit et en hiver ?

    Des moyens seront-ils débloqués pour que les abris de nuit puissent réaliser les transformations nécessaires afin d’assurer l’intimité de ces femmes ?
  • Réponse du 21/12/2015
    • de PREVOT Maxime

    On assiste actuellement à une augmentation très préoccupante de la population sans-abri. C’est bien ce constat qui m’a poussé à développer la création de nouveaux abris dans les villes de plus de 50 000 habitants et par province.

    La problématique de l’accueil des femmes nécessite des réponses adaptées à des situations particulières.
    Il existe deux types de situations :
    - celle de femmes en rue sur une courte durée, dans un contexte d'urgence sociale, mais avec une volonté de trouver rapidement des solutions pour en sortir.
    - celle de femmes en rue de manière plus durable, par exemple: les femmes isolées présentant des troubles divers en fonction d'accidents de vie. Ces dames ont moins de résilience et ont adopté des codes similaires aux personnes ancrées à la rue depuis des années. Elles ne sont pas spécialement en demande de sortir de la situation, songent juste à trouver un lieu où dormir en sécurité, où aller en journée pour trouver un certain confort de base.

    Au niveau de la prise en charge de la première catégorie, la réponse adaptée est de viser à sortir la personne d’un hébergement d'urgence, surtout si la dame est accompagnée d'enfants. Des solutions sont recherchées en vue d'orienter au mieux ces personnes par exemple vers des maisons d'accueil.

    Pour la deuxième catégorie, la collecte de données statistiques met en évidence une augmentation du nombre de femmes vivant à la rue. Les relais sociaux mettent en place une accroche progressive via l’ensemble des réseaux de manière à permettre une réinsertion sur le long terme.

    Il faut noter également que ce type de personnes peut également bénéficier d’un relogement via les expériences Housing First développées à Liège, Namur et Charleroi.

    Par ailleurs, des études soulignent le recours plus fréquent de la population féminine exclue du logement à un réseau informel (hébergement chez un tiers), notamment lorsqu’elles sont accompagnées d’enfants, craignant que si elles révèlent leur situation à un travailleur social, cela ne mène au placement des enfants. Un tel phénomène retarde l’entrée des femmes dans la situation déclarée de personne sans-abri et exclue du logement. De plus, malgré les problématiques importantes vécues par les femmes, les acteurs sociaux constatent cependant une faculté plus importante de prise en charge individuelle des femmes.

    Tous les sans-abris, quel que soit leur genre, doivent être pris en considération et recevoir l’aide la mieux adaptée, les acteurs de terrain en sont pleinement conscients.
    Dans le cadre des modifications réglementaires en cours, je compte néanmoins prévoir l’obligation d’une prise en charge séparée par genre avec une proportion minimale des places d’un abri de nuit réservées aux femmes.