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Le rapport de l'IWEPS concernant la présence des entreprises de service en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2015
  • N° : 125 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 08/12/2015
    • de POTIGNY Patricia
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Dans son rapport relatif à la présence des entreprises de service en Wallonie, l’IWEPS ne va pas par quatre chemins : si la Wallonie veut concurrencer Bruxelles, elle doit impérativement changer sa politique en matière d’accueil des entreprises de service.

    Bien que les résultats présentés soient fâcheux pour le développement économique de notre Région, les points d’achoppement peuvent, sur le long terme, être solutionnés.

    En Wallonie, les services représentent 23,7 % du PIB alors que la moyenne belge et européenne avoisine les 27,7 %. Un différentiel que Monsieur le Ministre a annoncé vouloir corriger.

    Sur base de l’étude menée par l’IWEPS, quelle stratégie va-t-il mettre en place pour séduire ce type de sociétés et les amener à se localiser en terres wallonnes ?

    On note également que les intercommunales sont frileuses quant à l’arrivée éventuelle des sociétés de service dans leurs zones d’activités. Prévoit-il des concertations avec ce secteur ?

    Ce qui me semble le plus problématique, c’est le rôle que jouent les pouvoirs publics dans ce dossier. Je cite : « l’administration n’est pas au service du développement économique et des investisseurs ». Comment peut-elle se montrer peu intéressée, voire réfractaire quant à la venue d’investisseurs potentiels ? Comment réagir face à ces manquements ? Comment Monsieur le Ministre compte-t-il mettre en place une nouvelle culture « entrepreunariale » au sein de l’administration wallonne et ainsi faire changer les mentalités ?

    Enfin, Monsieur le Ministre va-t-il cibler Charleroi et Liège en tant que territoires à mobiliser comme cela est suggéré par l’IWEPS ? Si tel est le cas, de quelle manière répartir équitablement l’implantation des investisseurs entre ces deux villes?

    Au final, compte-t-il présenter un plan d’actions ? Quels sont ses objectifs pour les années à venir afin de remédier au «  mal-développement en Wallonie » ?
  • Réponse du 15/01/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le 24 mars dernier, un Collège d’experts s’est réuni, sous la présidence du Ministre-Président pour aborder différentes thématiques en lien avec les travaux réalisés par le gouvernement dans le cadre de la réflexion Horizon 2022.

    Dans la foulée de cette réunion, le Ministre-Président a proposé qu’une « mission visant à l’identification de pistes d’action permettant au Gouvernement wallon de mettre en oeuvre des mesures opérationnelles conduisant à l’amélioration de l’attractivité et de la compétitivité du territoire wallon pour le secteur des services supérieurs » soit confiée à un collège d’experts.

    Ce collège fut rapidement mis en place et composé de Professeurs d’université tels MM. Bourgeois et Halleux (ULg) et Pagano (UMONS). Cette task force fut épaulée par MM. Brunet, Administrateur général et Guyot, Directeur scientifique (IWEPS).

    Ses conclusions ont abouti à la publication du Rapport de recherche n°14 publié par l’IWEPS en septembre dernier et auquel cette question fait écho.

    S’il est vrai, comme le souligne le rapport précité, que le poids dans le PIB régional du secteur des services supérieurs (c’est-à-dire les secteurs de la consultance juridique et fiscale, du marketing, de la R&D mais aussi de la distribution et des services aux entreprises) se mesure davantage en Flandre et à Bruxelles qu’en Wallonie, le tableau est loin d’être catastrophique pour notre région.

    En effet, comme l’évoque l’étude publiée par l’IWEPS, si la majorité des grands bureaux de conseil se situent à Bruxelles (pour une question de métropolisation) et dans la proche banlieue néerlandophone de celle-ci (pour une question de périurbanisation), force est de constater qu’une partie significative des collaborateurs de ces sociétés viennent de Wallonie et y vivent.

    D’autre part, depuis quelques années, ces firmes de consultance détectant des capacités de marchés en Wallonie ont commencé à y installer des bureaux régionaux (tels Deloitte, EY et quelques cabinets d’avocats internationaux pour ne citer que les principales têtes de pont).

    L’étude souligne effectivement que la notion de « service » est sans doute moins présente en Wallonie qu’en Flandre ou à Bruxelles. Cette différence provient certainement d’une mentalité entrepreneuriale wallonne sociologiquement et historiquement orientée autour des activités de productions lourdes au détriment des activités de services.

    Depuis dix ans, les diverses politiques menées en faveur de l’entreprenariat ont inclus des mesures favorisant le service comme valeur ajoutée aux PME. Il s’agit notamment de la réforme du régime de consultance agréée en Wallonie, du SBA, de la réforme en cours des incitants économiques ou encore des diverses politiques du plan Marshall en faveur de la recherche ainsi que le récent plan numérique présenté récemment.

    Néanmoins, une lecture attentive du Rapport de l’IWEPS ne justifie pas la remarque suivante : « les intercommunales de développement économique sont frileuses quant à l’arrivée des sociétés de services dans leurs zones d’activités ».

    En effet, les prescriptions urbanistiques qui s’appliquent aux intercommunales dans la mise en œuvre de zones d’activités économiques règlementent strictement la typologie des activités qui peuvent s’y développer.

    La plupart de ces prescriptions urbanistiques excluent généralement les activités de services dans les parcs d’affaires. Quand bien même voudraient-elles y déroger, les fonctionnaires délégués chargés de la mise en œuvre du code de l’aménagement du territoire sont, à juste titre, particulièrement intraitables sur le sujet.

    Au sujet de l’administration wallonne, sans l’appui constructif et positif de celle‑ci, la Région n’aurait pu accueillir :
    * Google et son centre de gestion de données ;
    * H&M et son centre européen de distribution ;
    * Johnson et Johnson pour ses activités de services en matière de medical devices ;
    * Mckinsey, qui a installé à Mont Saint Guibert son principal centre de connaissances pour le monde occidental.

    Les installations de centres de services en Wallonie sont également nombreuses. Que ce soit à Charleroi, à Liège, à Mons, dans le Brabant wallon, le Luxembourg ou encore Tournai. Ainsi, durant les quinze dernières années, l’AWEx, administration ayant notamment pour mission d’attirer des investissements industriels, de biens et de services sur le territoire a participé à l’installation de 349 dossiers d’entreprises de services – sensu lato – avec à la clé la création de 8.507 emplois directs et l’injection de 1,484 milliard d’euros dans l’économie.
    Ces entreprises représentent respectivement :
    * 26 % des investissements réalisés ;
    * 13 % de l’emploi généré ;
    * 31 % des montants investis par les investisseurs étrangers sur la période considérée.

    Ces entreprises étrangères couvrent la majorité des activités de services au profit de l’industrie et du commerce, à savoir les activités de call center, de distribution et de services, d’ingénierie, de R&D ou encore de services à la clientèle.

    Évidemment, il est positif que la Région accueille encore davantage de sociétés de services.

    Il est vrai qu’il est important de diversifier les approches et la composition économiques.

    Sans doute l’économie des services est importante et la Région y a sa part. Mais elle peut-être volatile et fugace. Ce serait donc une erreur de miser son développement régional uniquement sur celle-ci.

    Récemment, la Commission européenne a d’ailleurs rappelé l’importance de l’industrie dans le cadre de la compétitivité du continent. À tel point d’incorporer la compétence « industrie » au sein du titre officiel du Commissaire en charge de l’Économie.