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La lutte contre le gaspillage alimentaire

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 347 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 06/01/2016
    • de COURARD Philippe
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    Le gaspillage alimentaire ne cesse de croître en Belgique, alors que paradoxalement et dans le même temps, la faim et la pauvreté au sens large touchent de plus en plus de familles belges. Notre société dite de surconsommation est un des facteurs explicatifs de cette situation.

    Le Gouvernement wallon s’est engagé, en février 2015, à mener un projet de lutte contre le gaspillage alimentaire en mettant en place « un plan d’actions coordonnées » en partenariat avec les acteurs de la production, de la transformation, de la distribution, et de la consommation.

    Où en est-on par rapport à ces engagements ? Arrivera-t-on un jour à interdire ce gaspillage et obliger les entreprises à donner ces denrées alimentaires, non vendables, à des structures sociales œuvrant à la lutte contre la pauvreté alimentaire ?

    Ce qui est le plus inquiétant dans la problématique du gaspillage alimentaire, c’est qu’il ne concerne pas que les firmes de production-vente, il concerne également les ménages. En effet, la presse récente nous informe que 85 % des Belges sondés avouent « jeter jusqu’à 20 % d’aliments chaque semaine, 12 % en jettent même entre 20 et 40 % et 3 % avouent que plus de 40 % de leurs denrées périssables passent à la poubelle ». Une famille wallonne jette en moyenne 23 kilos de nourriture par an.

    Ceci s’explique par le manque de compréhension et d’intelligibilité des mentions DLC (date limite de consommation), DLUO (date limite d’utilisation optimale), DDM (date de durabilité minimale)… Ce jargon des industriels suscite une confusion importante dans l’esprit des citoyens et mène au gaspillage puisque les produits, encore consommables, sont jetés à la poubelle.

    Pour diminuer ce type de gaspillage, ne faudrait-il pas mener des campagnes de sensibilisation sur le gaspillage alimentaire et rendre plus clairs les concepts évoqués ?

    L’Allemagne a été avant-gardiste en la manière et a mis sur pied une idée de génie, le « foodsharing » : une dizaine de frigos « libre-service » sont placés à travers la capitale dans le but de permettre le partage de nourriture entre particuliers. Toute personne peut se servir dans ces frigos, avec bien entendu, une priorité accordée aux plus démunis.

    Est-ce une initiative envisageable en Belgique ?
  • Réponse du 25/01/2016
    • de DI ANTONIO Carlo

    En date du 9 juillet 2015, le Gouvernement wallon a adopté un programme de lutte contre les pertes et les gaspillages alimentaires. Ce programme se veut transversal, car il fédère différents acteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de la gestion des déchets, de l’économie sociale, de la santé, de l’emploi ou encore des milieux caritatifs, autour de 17 actions prioritaires réparties en 5 axes, avec pour objectif de réduire de 30 % les pertes et le gaspillage alimentaires en Wallonie d’ici 2025.

    Les actions de ce programme sont également inscrites dans le programme de prévention des déchets ménagers et assimilés du futur Plan wallon des Déchets. Des passerelles ont également été établies avec le récent Plan wallon de lutte contre la pauvreté, afin de renforcer encore les mesures qui visent à favoriser la distribution des invendus alimentaires (plateformes d’échanges, renforcement des outils logistiques, de communication et de sensibilisation).

    La plupart des actions 2015-2016 du Programme sont sur le métier. Le Département du Développement Durable finalise l’élaboration de la charte wallonne de lutte contre les pertes et le gaspillage alimentaires, qui permettra de co-responsabiliser, de mettre en réseau et de mobiliser l’ensemble des parties prenantes en faveur de la mise en œuvre d’actions concrètes. La mise en place du forum permettant aux acteurs sectoriels de se rencontrer pour échanger leurs expériences est également programmée à très court terme, ainsi que l’organisation de la Journée régionale annuelle de lutte contre le gaspillage alimentaire, qui doit permettre de sensibiliser l’ensemble des citoyens à la problématique, au travers de divers évènements (animations dans les supermarchés, opérations dans les cantines scolaires et d’entreprises, portes ouvertes en entreprises agroalimentaires, collecte de dons,…).

    En ce qui concerne l’axe 4 du Programme (mesurer), l’Office wallon des déchets a lancé les études nécessaires pour mesurer et établir le diagnostic « quick win » des pertes et gaspillages alimentaires dans le secteur HORECA et dans celui de la transformation, à travers la réalisation d’audits en collaboration avec la FEVIA et la fédération HORECA-Wallonie.

    En ce qui concerne la problématique des étiquetages, conformément à la déclaration de politique régionale, le Gouvernement wallon va entamer avec le Gouvernement fédéral une réflexion pour clarifier les différentes mentions de date limite figurant sur les produits alimentaires.
    En ce qui concerne la pratique du foodsharing qui se développe de plus en plus en Allemagne, un premier frigo public a été ouvert à Schaerbeek sur le même principe, à l’initiative de l’ASBL Corvia, une association active dans la lutte contre la pauvreté.