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L'utilisation d'une alimentation plus écologique pour le bétail

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 163 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 11/01/2016
    • de BONNI Véronique
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Le thème que je vais aborder ici pourrait prêter à sourire si l'enjeu n'était pas aussi important.

    Quelques jours après la COP 21, où les pays du monde se sont entendus pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique, une invention originale mérite à mon sens d'être soulignée et encouragée.

    Une entreprise agroalimentaire belge incorpore désormais des graines de lin dans sa production, et ce, dans le but de réduire considérablement (de près de 30 %) la production de méthane rejeté dans l'atmosphère par les bovins.

    Une belle contribution pour le bien-être de l'environnement, lorsqu'on sait que le méthane est un gaz à effets de serre bien plus puissant que le CO2.

    Selon cette entreprise, qui a reçu le 1er prix du « Défi Climat » de Carrefour Belgique, si toutes les vaches laitières belges étaient nourries avec cette alimentation adaptée, nous pourrions réduire de 200 000 tonnes équivalents CO2 chaque année.
    Soit, de quoi couvrir plus de 9 % de l'objectif du secteur agricole belge pour Kyoto 2020.

    Est-il envisageable d'encourager ce type d'alimentation à base de graines de lin pour nos bovins ?
  • Réponse du 25/01/2016
    • de COLLIN René

    L’incorporation de graines de lin extrudées dans l’alimentation des bovins a en effet des résultats positifs sur les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi sur la qualité des produits laitiers ou de viande.

    À ce sujet, mon administration subsidie un projet de recherche « Stratégies alimentaires pour réduire l'impact environnemental en équivalents CO2 chez la vache laitière produisant un lait de qualité nutritionnelle améliorée ». Cette recherche est menée à l’UCL par les professeurs Yvan Larondelle et Michel Focant et ce, en collaboration avec le CRA-W. Le projet, en cours depuis six années, se terminera en février 2016. Il a été cofinancé à 20 % par une société active notamment à Andenne et spécialisée dans la fabrication d’aliments pour animaux.

    Il en ressort déjà que l’incorporation d’une ration améliorée (incluant des graines de lin extrudées) chez des vaches laitières permet de réduire de 15 % les émissions de méthane (gaz à effet de serre), améliore la qualité du lait produit (augmentation des concentrations en acides linoléiques conjugués (CLA), ce qui est bénéfique pour la santé humaine) et augmente l’efficience azotée jusqu’à 35 % (contre 25 % pour des rations courantes utilisées actuellement en Wallonie).

    Pour les producteurs laitiers, l’achat d’aliments améliorés ou de compléments alimentaires constitue un surcoût. Toutefois, une gestion judicieuse des rations, et plus particulièrement le calcul des rations en fonction du niveau de lactation de la vache, ainsi que l’augmentation de la part de lait produite au départ des fourrages de l’exploitation limitent ce surcoût. Une étude des coûts devrait être menée de manière plus précise à ce sujet.

    En ce qui concerne les bovins à l'engrais, le Professeur Michel Focant estime qu’il ne fait aucun doute que l'incorporation de graines de lin et d'un minimum de céréales (sources d'amidon) dans leur ration est de nature à réduire les émissions de méthane. Cette réduction serait sans doute du même ordre de grandeur que pour les rations testées chez les vaches laitières.

    Les conclusions d’autres études menées par la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Liège ou par le CRA-W vont dans ce sens. Ainsi, une étude menée par le CRA-W sur des taureaux blanc bleu belge culards a montré que l’incorporation de graines de lin, en rations adaptées, durant les phases de croissance est envisageable afin de réduire les émissions de méthane. Toutefois, des études doivent être menées afin de s’assurer que les réductions observées ne sont pas contrebalancées par des émissions plus importantes ailleurs dans les systèmes (engrais de ferme ou production des aliments).

    Pour encourager davantage l’incorporation de graines de lin dans les rations par les producteurs laitiers et de viande et aussi les sociétés fabriquant des aliments pour le bétail, des publications scientifiques seront diffusées au terme de l’étude, mais aussi des activités de vulgarisation notamment dans la presse agricole. C’est la Direction Recherche et Vulgarisation de mon administration qui assure cette mission.