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Les inondations en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 43 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 12/01/2016
    • de DUFRANE Anthony
    • à MAGNETTE Paul, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Dans le cadre de la COP 21, plusieurs études et publications ont montré que le réchauffement climatique pourrait augmenter de façon sensible la fréquence et la gravité des inondations dans nos régions. Toutes les études menées sur le sujet montrent que le risque de crues exceptionnelles augmente ainsi d'année en année.

    Nous savons que les zones qui ont connu des inondations ces dernières années (Ittre ou Tubize par exemple) se sont dotées de solutions pour éviter ou limiter les dégâts à l'avenir.

    Comment les prévisions d'augmentation des crues dans les prochaines années sont-elles prises en compte pour déterminer les actions à entreprendre ? Monsieur le Ministre-Président peut-il nous détailler comment le plan PLUIES prend en compte cet aspect pour éviter ou limiter les conséquences des inondations ?
  • Réponse du 03/02/2016
    • de MAGNETTE Paul

    La Wallonie n’a heureusement pas attendu la Cop 21 pour être sensibilisée aux conséquences du réchauffement climatique et agir en conséquence.

    Ainsi, dès 2009, deux actions « climatiques » ont été ajoutées au plan « Pluies » initial :
    - la première visait à participer à l’élaboration du plan Air-Climat, ce qui s’est traduit par la désignation d’un expert « air-climat » pour participer aux travaux du Groupe transversal inondations (GTI) ; cette action a permis d’assurer la cohérence entre les deux plans et de dégager des synergies méthodologiques ;
    - la seconde prévoyait de réaliser une étude globale d’analyse des conséquences du réchauffement climatique sur le cycle hydrologique.
    Cette seconde action s’est concrétisée pour le district international de la Meuse, par la participation de la Wallonie au projet européen « Amice » (Adaptation of the Meuse to the impacts of climate évolutions) dans le cadre du programme Interreg IVB de 2010 à 2014. La Wallonie y a assumé un cofinancement à hauteur de plus de 1,3 million d’euros. C’est au sein de la Commission internationale de la Meuse que la coordination entre les différents partenaires européens a été réalisée ; la coordination des partenaires wallons étant assurée par le GTI.

    Sur le plan plus scientifique, il y a lieu de rappeler les acquis du projet « Amice » :
    1) des scénarios climatiques transnationaux du bassin de la Meuse pour deux horizons temporels (2021-2050 et 2071-2100) ont été établis par combinaison des anomalies nationales en proportion de la surface drainée de chaque sous-bassin ;
    2) des scénarios hydrologiques transnationaux en ont été déduits :
    - augmentation du débit centennal de 15 % pour la période 2021-2050 et de 30 % pour la période 2071-2100 ;
    - diminution du débit minimum annuel sur 7 jours consécutifs de 10 % pour 2021-2050 et de 40 % pour 2071-2100.

    Afin de simuler les conséquences de ces scénarios sur l’emprise des inondations, des simulations hydrauliques ont été effectuées sur l’ensemble du trajet de la Meuse. En fonction de la configuration géographique, les résultats font apparaître que c’est en Wallonie que l’augmentation du niveau de l’eau serait la plus importante, comprise entre 60 cm et 1,3 m suivant les scénarios.

    Les résultats de ces simulations ont déjà été intégrés dans les cartes d’aléa d’inondation ; pour ce faire la valeur d’aléa « très faible » a été créée. Elle permet donc de disposer d’une image concrète du changement climatique dans nos régions.

    D’autre part, le projet Amice a formulé des propositions de nouvelles stratégies de gestion des barrages-réservoirs existants dans la vallée de la Vesdre.

    Entretemps, la Directive européenne 2007/60/CE relative à l’évaluation et à la gestion des risques d’inondation est entrée en vigueur. Elle impose de prendre en compte le changement climatique dans l’exécution des plans de gestion des risques d’inondation. Ces derniers ont été présentés lors de l’enquête publique qui vient de se terminer, ce 8 janvier.

    Actuellement, le Centre régional de crise mène une réflexion avec les autorités fédérales sur la prise en compte de « scénarios catastrophes » en vue d’adapter le plan fédéral d’urgence « inondations ».

    Les résultats du projet Amice seront adaptés aux nouveaux développements scientifiques issus de la Cop 21 et étendus au bassin de l’Escaut.

    Par la suite, il est prévu d’analyser les conséquences économiques de ces scénarios afin d’envisager des mesures de protection qui devront être proportionnées et budgétairement acceptables.


    Cette démarche se fera en gardant à l’esprit que les scénarios climatiques, même s’ils sont de plus en plus précis, restent entachés d’incertitudes et que le risque zéro n’existe pas.

    Les résultats finaux qui seront obtenus ne constitueront pas forcément une réalité intangible de terrain, mais la démarche gardera cependant tout son sens si l’on travaille par comparaison avec des situations antérieures ou actuelles et celles projetées en 2050 et 2100, sans attacher trop de crédit aux valeurs absolues.

    À ce stade, il est bien sûr encore trop tôt pour tirer des conclusions concrètes et définitives au niveau politique.