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La prise en charge des personnes en situation de double diagnostic

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 422 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 13/01/2016
    • de BONNI Véronique
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Les personnes qui présentent la combinaison d’une déficience intellectuelle et d’un problème de santé mentale sont définies dans le jargon médical par le terme "double diagnostic". La prise en charge de ces cas comporte de réelles difficultés. Bien conscient du problème, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) a émis, en décembre dernier, un avis concernant ce "double diagnostic" en santé mentale. Le CSS recommande des actions dans tous les secteurs concernés et à tous les niveaux de pouvoir.

    Suivant cet avis, le Collègue de Monsieur le Ministre en charge de la Santé au niveau fédéral a dégagé des moyens supplémentaires tant pour les soins que pour la prise en charge de ces personnes. On peut notamment lire dans cet avis que les cellules mobiles d’intervention devraient être étoffées et après 6 ans de phase pilote, celles-ci seraient pérennisées et généralisées sur l’ensemble du territoire.

    Qu’en sera-t-il du côté de la Wallonie ?

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de cet avis du CSS concernant les "doubles diagnostics" ? Dans l’affirmative, quelles actions envisage-t-il de renforcer et de développer afin de répondre aux recommandations du CSS ?
  • Réponse du 02/02/2016
    • de PREVOT Maxime

    Ma volonté est de mieux rencontrer les besoins des personnes présentant à la fois une déficience intellectuelle et un trouble en santé mentale. À ce sujet, j'ai pris connaissance avec beaucoup d'intérêt de l'avis du Conseil Supérieur de la Santé et je suis pleinement d'accord avec ses trois recommandations principales que je résume :
    * Améliorer l’accessibilité des services en créant un réseau qui garantira à ces personnes un circuit de soins sur tout le territoire. « Ce réseau doit impliquer tous les secteurs (santé mentale, santé, handicap, enseignement, emploi, aide à la jeunesse, justice), être inclusif et mettre la personne au centre des préoccupations. »
    * Améliorer la formation du personnel.
    * Prévoir des places spécialisées pour les cas les plus complexes. » Le Conseil Supérieur de la Santé insiste pour que cette recommandation ne soit pas « mise en place indépendamment des deux autres (...) pour éviter que ces places spécialisées ne deviennent l’unique possibilité (...) et soient de ce fait rapidement insuffisantes. »

    Ces recommandations sont en concordance avec les nouvelles politiques en santé mentale auxquelles mes services participent activement à la suite des CIM santé publique. La philosophie à la base de ces politiques consiste à traiter la personne autant que possible dans son milieu de vie, par des soins de première ligne et cela, grâce à la concertation entre différents secteurs (notamment ceux du handicap et de la santé mentale). L'hospitalisation doit rester le dernier recours, être aussi brève que possible et permettre à la personne de conserver le lien avec son milieu de vie et les soins de première ligne.

    Plus concrètement, la ministre fédérale subventionne des projets pilotes pour le double diagnostic et compte renforcer leur intégration dans les réseaux en santé mentale, aussi bien pour les adultes que pour les enfants et adolescents. L'objectif est de réserver des places spécifiques pour ces personnes et de mettre en place des équipes mobiles. Ce projet a d’abord été présenté et discuté au groupe intercabinets et a été présenté aux professionnels la semaine dernière. Dans le même esprit, en 2009, l'AWIPH a créé 7 cellules mobiles d'intervention. Ces équipes sont destinées à éviter que les personnes présentant une double pathologie ne soient exclues par les institutions qui n'ont pas les moyens, seules, de les prendre en charge.

    Pour contrer ce problème d'exclusion, les acteurs de terrain eux-mêmes ont initié « Un jardin pour tous », réunissant des intervenants intersectoriels afin de trouver une prise en charge adéquate pour les enfants et adolescents qui sont exclus des institutions parce qu'ils présentent des problèmes complexes.

    Dans les prochaines semaines, je prendrai l’initiative d’un appel à projets qui sera diffusé pour l’amélioration de la prise en charge des personnes souffrant de double diagnostic. Avec les moyens qui seront mis à disposition, l’objectif est d’harmoniser les différentes initiatives afin d’intensifier la cohérence des réseaux de soins existants ou qui se mettent en place.

    Pour conclure, je voudrais rappeler que la création toute récente de l'Agence wallonne pour une Vie de Qualité va encore renforcer les liens entre les secteurs de la santé et du handicap, au bénéfice des personnes présentant un double diagnostic.