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La prévention de la coqueluche en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 440 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 18/01/2016
    • de PECRIAUX Sophie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    En 2015, la Wallonie a enregistré 477 cas de coqueluche répartis comme suit: 202 chez les zéro à 18 ans et 275 cas pour les plus de 18 ans.

    Si 2014, avec ses 823 cas reste une année exceptionnelle, 2015 a connu une augmentation par rapport à 2013 avec 409 cas.

    Deux problèmes peuvent expliquer ce taux assez élevé:
    - le vaccin qui n'est pas éternel et doit faire l'objet de rappels ;
    - la tradition des gynécologues à ne pas proposer le vaccin aux femmes enceintes.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il des comparatifs chiffrés avec nos voisins du nord et les autres pays européens ?

    Pense-t-il mettre en place une campagne de sensibilisation chez les médecins de première ligne afin de rappeler l'importance d'un rappel régulier des vaccins ?

    Une coopération entre la Région et la Fédération Wallonie-Bruxelles est-elle envisagée ou envisageable puisque cette thématique touche à la fois les moins de 18 ans et les adultes ?
  • Réponse du 10/02/2016
    • de PREVOT Maxime

    Maladie à prévention vaccinale, la coqueluche est causée par une bactérie, la bordetella pertussis, touchant les voies respiratoires. Maladie grave chez les enfants de moins de 6 mois non immunisés, elle est en recrudescence depuis plusieurs années. La raison est probablement multifactorielle : immunité décroissante en postvaccination, recherche plus fréquente de la coqueluche, nouvelles possibilités diagnostiques sont des pistes. Des études sérologiques montrent une diminution marquée, voire la disparition des anticorps postvaccinaux au cours des 5 à 10 ans qui suivent la dernière vaccination anticoquelucheuse.

    Les adolescents et les adultes constituent actuellement un groupe ‘réservoir’, susceptible d’être atteint par la maladie, parfois de manière peu spécifique, et de la transmettre à de jeunes enfants. Un nourrisson non ou insuffisamment vacciné peut être protégé indirectement contre la coqueluche grâce à une bonne couverture vaccinale de son environnement immédiat (immunité de groupe via une vaccination dite cocoon, recommandée depuis 2009). La réalisation systématique d’une telle «vaccination cocoon» s’avère toutefois compliquée et reste souvent insuffisante pour protéger le jeune nourrisson. La vaccination durant la grossesse, quant à elle, induit des titres élevés en anticorps pouvant être transmis au fœtus par voie transplacentaire et protège ainsi le nourrisson dès sa naissance. Elle est dès lors recommandée depuis septembre 2013 par le Conseil Supérieur de la Santé entre les semaines 24 et 32 de grossesse. Cependant, son implantation en pratique n’est pas toujours aisée. Le vaccin contre la coqueluche à l’attention des femmes enceintes est mis gratuitement à disposition en Communauté française depuis septembre 2015.

    Selon les données épidémiologiques disponibles pour la Région wallonne et l’ensemble de la Belgique, l’incidence de la coqueluche est en augmentation depuis 2011 sur l’ensemble du pays. En Région wallonne, l’incidence parmi les enfants de moins d’un an a atteint, en 2014, 181 cas pour 100.000 habitants, ce qui est élevé. Si l’incidence a diminué en 2015 pour la Région wallonne, elle a continué à augmenter dans les autres régions du pays. En Europe, des tendances similaires sont observées aux Pays-Bas, Royaume-Uni, Danemark, Portugal en Autriche, Lituanie, Lettonie, Irlande ou encore en Pologne. Des phénomènes épidémiques plus francs ont été rapportés aux Pays-Bas et au Royaume-Uni en 2012, pays qui a d’ailleurs connu une augmentation de décès liés à la coqueluche parmi les jeunes enfants.

    Concernant la vaccination, le schéma vaccinal en Belgique comprend 4 premières doses entre 8 semaines et 15 mois de vie. Deux doses dites ‘booster’ complètent le tableau à l’âge de 5-7 ans et à l’âge de 14-15 ans. Depuis 2001, le vaccin utilisé dans le cadre de la coqueluche est un vaccin acellulaire, certes moins immunogène, mais provoquant également moins d’effets indésirables.

    La coqueluche est à déclaration obligatoire en Wallonie, et ce dès suspicion, afin de s’assurer la mise en place des mesures préventives parmi les groupes à risque le plus rapidement possible. Dans ce cadre, la cellule de surveillance de l’AViQ collabore avec l’ONE pour les cas évoluant en milieux collectifs (milieux d’accueil ou milieux scolaires). Par ailleurs, les collaborations entre région et communauté existent au travers de la participation de la région (via la cellule de surveillance des maladies infectieuses) au comité intersectoriel vaccination regroupant notamment le programme de vaccination, l’ONE, la société de médecine générale, des représentants des mutuelles.

    Il est en effet également important de sensibiliser les médecins généralistes et les gynécologues quant à l’importance de la vaccination. Une information en ce sens a été diffusée par le programme de vaccination de la Communauté française. Des contacts ont été pris par la communauté française auprès du groupement des gynécologues et obstétriciens de langue française afin que la vaccination contre la coqueluche fasse partie de leurs recommandations officielles.