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Les objectifs de l'Union européenne en matière d'antibiorésistance animale

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 181 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 19/01/2016
    • de PREVOT Patrick
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Toute mauvaise utilisation des antibiotiques, par exemple un usage abusif, est susceptible de créer des souches bactériennes résistantes qui auront des répercussions tant sur la santé publique que sur la santé animale. L’objectif de l’Europe est clairement celui de lutter contre le développement des antibiorésistances, et ce au travers plusieurs objectifs :
    - mettre en place un système de collecte de données;
    - évaluer et améliorer la biosécurité dans les élevages;
    - améliorer les moyens médicaux pour empêcher l’apparition, l’aggravation et l’extension de la maladie;
    - recourir aux tests de laboratoire.

    Pour chacun des objectifs précités, Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur leur état d’avancement ? Où en est l’Union européenne dans ce dossier ? Un agenda a-t-il pu être établi ?

    Le magazine Pleinchamp affirme que la législation belge va devoir être revue concernant la lutte contre les bactéries résistantes, et ce, en vertu d’une obligation européenne. Monsieur le Ministre confirme-t-il ce point ? Une conférence interministérielle est-elle prévue au sein des organes politiques belges et pour quel agenda ?

    En ce qui concerne l’ensemble des objectifs, quels coûts devront sensément être supportés par les éleveurs wallons eux-mêmes ?

  • Réponse du 01/02/2016
    • de COLLIN René

    La lutte contre le développement des antibiorésistances concerne toute la chaîne alimentaire, des animaux aux êtres humains. Les normes en vue de réglementer l’usage des antibiotiques relèvent donc de la responsabilité des autorités sanitaires, en l’occurrence l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) et le SPF Santé Publique au niveau belge. Celles-ci prévoient de rendre bientôt obligatoire la transmission des données de traitements avec antibiotiques vers une base de données centrale.

    Au niveau régional, nous avons aidé depuis plusieurs années le secteur de l’élevage à développer et mettre en œuvre des outils d’enregistrement des cas individuels de maladie des animaux. Ces outils permettent à la fois à l’agriculteur d’avoir une meilleure mémoire de la santé de ses animaux et aux services de conseil qui l’encadrent (vétérinaire, nutritionniste, comptable) de lui conseiller les meilleures pistes préventives. Le but ultime est de savoir quand on a intérêt à éviter le recours aux antibiotiques, dans les cas où l’expérience a montré que ce n’est pas efficace ni du point de vue thérapeutique, ni du point de vue économique.

    Ces dernières années, la Région a ainsi financé les projets Laecea (prononcer « lècé ») et Mammiscan, dont le but était de démarrer une banque de données sur les mammites cliniques des vaches laitières et sur l’efficacité des traitements appliqués. Ces projets continuent maintenant sans financement et sont intégrés dans le service de contrôle laitier de l’Association wallonne de l’élevage (AWE), ce qui prouve leur intérêt.

    De grandes banques de données sont actuellement développées pour l’enregistrement en ligne des traitements médicaux appliqués sur les animaux. Pour les élevages porcins et avicoles qui participent aux systèmes Belpork et Belplume, des outils sont développés par ces organismes. Pour les éleveurs de bovins et les éleveurs d’autres espèces qui ne collaborent pas avec les organismes précités, un nouveau système de gestion des traitements médicaux sera incessamment développé conjointement par l’AWE et l’ARSIA. Le financement principal viendra du Fonds fédéral de santé animale.

    Dans les actions de maîtrise des antibiotiques en élevage, on peut aussi pointer la présence croissante des élevages bio en Wallonie, où l’usage des antibiotiques est proscrit et la prévention des maladies par des méthodes naturelles et rigoureuses d’élevage est requise.

    Les coûts engendrés, pour les éleveurs wallons, par l’enregistrement des traitements médicaux en élevage et la meilleure maîtrise des antibiotiques sont encore difficiles à estimer. D’une part, ils dépendent en grande partie de la politique fédérale à ce sujet, d’autre part on peut s’attendre à ce qu’une utilisation plus raisonnée des traitements médicaux diminue les coûts sanitaires dans les élevages.