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Les relations de la Région wallonne avec Shenzhen

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 176 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 22/01/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Une ville de 15 millions d’habitants située juste à côté de Hong Kong, Shenzhen qui était l’usine du monde, vit et respire l’électronique.

    En effet, dans les années 1990, le gouvernement central a entrepris de reconvertir cette ville et d’en faire la vitrine de l’innovation technologique nationale. Et aujourd’hui, les plus grandes entreprises technologiques chinoises y sont basées et c’est aussi un pôle important pour les biotechnologies (à l'exemple de BGI).

    Cette reconversion intéresse la Wallonie, la croissance wallonne passera par le développement d’une économie créative. Le plan numérique wallon doit faire de la Wallonie l’une des zones leaders dans le monde en matière de digital.

    Une mission économique composée d’une vingtaine de start-up, centres de recherche et incubateurs a été menée à l’occasion de la tenue de la China Hi-Tech fair, la plus importante foire des hautes technologies de Chine. L’objectif n’est pas tellement comme dans une mission classique de trouver de nouveaux débouchés pour des produits wallons, mais bien de faire de la veille technologique et de s’inspirer de ce qui s’y passe.

    N’est-ce pas un exemple à suivre, certes également dans les secteurs du digital, mais avant tout dans les secteurs où la Wallonie a une chance de devenir des leaders mondiaux, à savoir l’industrie chimique et pharmaceutique ? L’un n’empêchant pas l’autre, l’un agissant surtout au niveau de la diversification des applications et l’autre agissant dans un domaine sensible qui intéresse l’humanité (à savoir la santé), les deux peuvent offrir des perspectives à long terme, sauf qu’en matière pharmaceutique la Wallonie peut prendre des longueurs d’avance, qu’il sera plus difficile de prendre pour l’autre secteur.

    Si je me place dans le contexte des cycles de Kondratieff, tout porte à croire que les populations des pays émergents s’intéresseront davantage aux questions liées à la santé, alors qu’à ce stade on observe que bon nombre d’entreprises se retiennent parce qu’ils n’y voient pas (encore) un marché suffisamment lucratif. Ne faut-il pas, au-delà des considérations morales légitimes, s’inspirer de l’exemple chinois en créant chez nous un Silicon Valley pharmaceutique ?
  • Réponse du 04/02/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Shenzhen figure effectivement parmi les villes dont on parle. Sa phénoménale croissance ces dernières années a attiré l’attention du monde entier. Shenzhen a vu naître et croître de nombreux géants internationaux comme :
    * Huawei ;
    * ZTE et Tencent dans le secteur des télécoms ;
    * BGI dans le secteur des biotechnologies ;
    * DJI dans le secteur des drones ;
    * BYD dans les voitures électriques et les batteries.

    Shenzhen est également devenu le quatrième port à containers du monde.

    Il y a quinze ans, Shenzhen comptait moins de la moitié de sa population et son économie était encore largement tournée vers l’industrie classique. La Wallonie tissait déjà des liens forts avec cette ville pleine de promesses. En effet, cela fait quinze années que la Région se rend chaque année à la China High-tech Fair. Près de quinze ans également qu’une de nos provinces, le Brabant Wallon, et Shenzhen se sont liées par un accord de jumelage. Les relations se sont depuis intensifiées, notamment à l’occasion de nombreuses visites officielles. Le Ministre de l’Économie s’y est rendu dès 2010. Il y est d’ailleurs retourné l’an dernier. Marie-José LALOY, ex-Gouverneur du Brabant Wallon, ainsi que la famille royale et plusieurs ministres fédéraux s’y sont également rendus. La Région y dispose d’un bureau particulièrement actif qui s’occupe de commerce et d’investissement.

    Enfin, l’intérêt est partagé puisque la High-Tech Fair tient chaque année une session en Belgique et que nous accueillons presque mensuellement des délégations d’entreprises de Shenzhen. Outre Huawei, qui dispose d’un centre de Recherche et Développement à Louvain-la-Neuve, nous avons d’ailleurs plusieurs dossiers d’investissement (réalisés ou en cours de réalisation) dans le domaine prometteur de la logistique et du commerce électronique, notamment autour de la nouvelle plate-forme de l’Aéroport de Liège.
    Par ailleurs, nous sommes effectivement passés à une logique de partenariat plutôt qu’aux relations unidirectionnelles du passé. Lors de la mission économique menée à Shenzhen et à Taipei en novembre dernier, le Ministre de l’Économie a pu noter le très grand intérêt pour les start-ups wallonnes et leurs approches originales et innovantes. Le Ministre de l’Économie a pu également appréhender ce que l’écosystème « makers » de Shenzhen pouvait apporter à nos entreprises, leur permettant de raccourcir fortement l’intervalle entre l’idée, le prototype et le produit. Des coopérations concrètes sont d’ailleurs en train de naître.

    Néanmoins, il convient de conserver une certaine mesure par rapport à l’« exemple chinois ». En effet, Shenzhen a restructuré son industrie lourde en :
    * Externalisant les coûts sociaux (les travailleurs moins qualifiés ont été renvoyés vers leurs provinces rurales d’origine) ;
    * Bâtissant une partie de sa prospérité passée et actuelle sur des conditions de travail qui ne sont pas les nôtres ;
    * Contractant une dette environnementale qui, comme ailleurs, pèsera lourdement sur les générations futures.

    Il n’est donc ni possible ni souhaitable de répliquer les recettes du succès de Shenzhen en Wallonie.

    Nous traçons donc, avec un succès croissant, notre propre voie vers un renouveau industriel, technologique, digital et créatif, avec de nombreux points positifs. Ainsi, les partenariats tissés au fil du temps, notamment par l’AdN, l’AWEx, l’Université de Liège, Logistics in Wallonia ou encore Biowin nous permettent d’identifier rapidement les opportunités de coopération et les bonnes pratiques locales.

    Il est à noter que Shenzhen construit sa prospérité actuelle sur quatre pôles similaires à nos propres priorités :
    * La logistique ;
    * Les techniques de pointe (IT, greentechs),
    * Les biotechnologies ;
    * La créativité.

    Ce qui est particulièrement intéressant est la manière dont ces quatre pôles sont entrecroisés pour donner naissance à de nouveaux domaines d’innovation comme l’e-logistique, la biorobotique ou la réalité virtuelle.

    En ce qui concerne le secteur pharmaceutique, nos entreprises sont déjà fortement présentes sur le marché chinois. De très nombreux Chinois ont été vaccinés grâce à nos vaccins (GSK Bio est présent en Chine depuis 1995). Non seulement nos médicaments sont exportés massivement en Chine (pour les derniers chiffres sur 12 mois disponibles, il s’agit de près d’un quart de nos exportations en 2014), mais nous y produisons également, avec notamment UCB Pharma à Zhuhai à moins de 60 km de Shenzhen. De plus, le pôle BIOWIN est représenté de manière permanente à Shanghai et a signé, lors de la dernière visite d’État, un accord de partenariat stratégique avec son homologue du cluster biotech de Canton (GZ BIO).

    Au travers du pôle BIOWIN et des zones de prédilection du secteur en Wallonie, à Liège et Charleroi pour les biotechs et dans le Brabant wallon pour le secteur pharmaceutique, la « Pharma Silicon Valley » wallonne est donc déjà une réalité, et n’a rien à envier à d’autres zones similaires en Europe. Elle est d’ailleurs déjà valorisée comme telle à l’étranger.