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La modification de la composition de l'alimentation des bovins en vue de réduire la production de méthane

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 193 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 22/01/2016
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Après l’accord de la COP21, l’entreprise agroalimentaire Dumoulin, spécialisée dans la fabrication de nourriture pour animaux, veut montrer l’exemple et apporter sa contribution à l’effort climatique. En effet, cette société qui possède un site de production à Hombourg, sur la commune de Plombières, a adapté sa production en y incorporant de la graine de lin extrudée afin que les pets de nos vaches soient moins nocifs pour l’environnement. Le résultat : 30 % de production de méthane en moins. 

    Au CRA-W (Centre wallon de recherches agronomiques), un essai a été mené sur des taurillons en phase d’engraissement, afin de savoir si cela fonctionnait. Celui-ci a été concluant et on a également pu constater que le fonctionnement du rumen (premier estomac des ruminants) était optimal et préservé. Un essai du même type a été fait sur des vaches laitières et l’on a pu observer une diminution de 15 % des émissions de méthane. Outre son impact positif sur l’environnement, cette solution est également meilleure pour la digestion des bovins, indique Benoît Brouwers. Et ce procédé ne coûte pas plus cher qu’avant pour les éleveurs. C’est même l’inverse.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de ce nouvel aliment pour animaux ? Qu’en pense-t-il ? Est-ce bon pour la santé de l’animal ? Et pour la santé de l’être humain ? Pourrait-il conseiller à d’autres éleveurs de bovins de recourir à ce type d’aliments ?
  • Réponse du 15/02/2016
    • de COLLIN René

    L’incorporation de graines de lin dans l’alimentation bovine a non seulement des effets bénéfiques pour l’environnement à la suite d’une diminution des émissions de gaz à effet de serre, plus particulièrement du méthane, mais aussi sur la qualité nutritionnelle du lait produit et sur celle de la viande produite

    Ainsi, la Wallonie subsidie un projet de recherche intitulé « Stratégies alimentaires pour réduire l'impact environnemental en équivalents CO2 chez la vache laitière produisant un lait de qualité nutritionnelle améliorée ». Ce projet est mené par l’Université catholique de Louvain en collaboration avec le CRA-W. Le projet, en cours depuis 6 années, se termine ce mois de février. Il a été cofinancé à 20 % par une société d’Andenne spécialisée dans la fabrication d’aliments animaux. Il en ressort que l’incorporation de graines de lin extrudées dans la ration journalière permet de réduire de 15 % les émissions de méthane des vaches laitières. Cette incorporation améliore aussi la qualité du lait produit en augmentant les concentrations en acides linoléiques conjugués (CLA), ce qui est bénéfique pour la santé humaine.

    L’achat d’aliments améliorés ou de compléments alimentaires peut constituer un surcoût. Toutefois, une gestion judicieuse des rations en fonction du niveau de lactation de la vache limitera ce surcoût. Une étude des coûts devrait être menée de manière plus précise à ce sujet.

    En ce qui concerne les bovins à l'engrais, l’équipe de l’UCL estime qu’il ne fait aucun doute que l'incorporation de graines de lin et l’apport d'un minimum de céréales (source d'amidon) dans leur ration réduisent les émissions de méthane. Cette réduction serait sans doute du même ordre de grandeur que pour les rations testées chez les vaches laitières.

    D’autres études menées par l’Université de Liège (Faculté de Médecine vétérinaire) ou par le CRA-W vont dans ce sens.

    Ainsi, une étude menée par le CRA-W sur des taureaux blanc bleu belge culards a montré que l’incorporation de graines de lin, en rations adaptées, durant les phases de croissance est envisageable afin de réduire les émissions de méthane. Toutefois, des études complémentaires doivent être menées afin de s’assurer que les réductions observées ne sont pas contrebalancées par des émissions plus importantes ailleurs dans le système (engrais de ferme ou production des aliments).

    En ce qui concerne les jeunes bovins d'élevage et les vaches allaitantes, les chercheurs de l’UCL estiment qu’il y a d'autres priorités telles l'autonomie alimentaire et la réduction des apports protéiques. En effet, ce type de bétail, quelle que soit la race, devrait être alimenté avec les fourrages produits à la ferme. Un apport de graines de lin constituerait un gaspillage et un surcoût inutile pour le producteur.