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L'industrie sidérurgique wallonne

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 181 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 26/01/2016
    • de TROTTA Graziana
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Le Gouvernement a l'ambition d'atteindre l’objectif européen visant à augmenter la part de l’industrie dans le PIB wallon à 20% à l’horizon 2020, comme le rappelle la Déclaration de politique régionale qui souligne par ailleurs la nécessité pour la Wallonie de créer de la valeur ajoutée et de mettre en œuvre une véritable politique industrielle.

    La conjoncture économique n'a pas été favorable à la sidérurgie de notre région ces dernières années, et nombreux ont été les débats au sein du Parlement au sujet des reconversions industrielles et du maintien ou de la création d'emplois dans ce secteur.

    La préservation d'un secteur industriel fort demeure une nécessité en Wallonie, et plus largement en Europe, raison pour laquelle notre sidérurgie doit pouvoir rester autant que faire se peut compétitive.

    Dans cet objectif, le développement et la production de produits sidérurgiques à haute valeur ajoutée sont primordiaux. Des outils et un savoir-faire indéniables existent et doivent être renforcés et, en la matière, le rapprochement opéré il y a quelques années entre le Centre de recherche de métallurgie de Liège (CRM) et le Centre de recherches d'ArcelorMittal constitue une opportunité en termes de développement technologique pour le maintien d'une sidérurgie wallonne à la pointe.

    Eu égard à cet enjeu, Monsieur le Ministre peut-il dans un premier temps faire le point sur l'état actuel de la sidérurgie wallonne et ses perspectives ?

    Quels sont les efforts entrepris par la Région depuis le début de la législature pour contribuer au maintien d'un secteur sidérurgique à la pointe en matière de recherche et de technologies ?

    Au milieu de l'année 2015, le Centre de recherche métallurgique (CRM) se lançait dans le projet Phoster (Photovoltaïc Steel Roof) pour tester un nouveau type d’enveloppe de toitures photovoltaïques, sur supports en acier. Où en est ce projet cofinancé par la Région et qui, s'il aboutit, constituerait une première mondiale ?

    D'autres projets bénéficiant d'un soutien régional sont-ils en cours au sein du CRM et si oui, Monsieur le Ministre peut-il me faire part de précisions les concernant ?

    Enfin, peut-il m'indiquer quelle est aujourd'hui la part de l'industrie dans le PIB wallon ?
  • Réponse du 25/03/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La Belgique est, après l’Angleterre, le deuxième pays au monde à être entré dans la révolution industrielle. Ce fait historique s’explique principalement par le développement de trois secteurs clés: le textile, la houille et l’acier. Les charbonnages ont été principalement localisés à Liège, Charleroi et dans le Borinage. Le textile à quant à lui été développé à Verviers et à Gand. Enfin, les activités liées à la métallurgie et à la sidérurgie se sont principalement développées à Liège et à Charleroi.

    L’acier a donc marqué l’histoire de la Wallonie, tout comme la Wallonie a marqué l’histoire de l’acier, notamment par le biais des nombreux programmes de recherche qui ont été menés dans ce secteur d’activités et qui ont permis à la Région de figurer parmi les leaders mondiaux dans le secteur. Ces développements ont principalement touché les procédés de fabrication de l’acier, ses propriétés, son design et, plus récemment, sa recyclabilité, dans une perspective d’économie circulaire.

    Entre 2010 et 2014, près de 32 millions d’euros de financements publics ont été octroyés aux entreprises wallonnes pour soutenir les programmes de recherches menés en leur sein, contre 14,8 millions d’euros octroyés aux Universités et Centres de Recherches. On retiendra que deux tiers de cette enveloppe de 14,8 millions d’euros ont été octroyés à un acteur clé de la recherche dans le domaine de l’acier : le CRM.

    L’ASBL « Centre de Recherches Métallurgiques » existe depuis 1948. Il a été créé à l’initiative de la sidérurgie du Benelux et d’une série d’acteurs industriels actifs dans les domaines liés à la métallurgie, la transformation et l’utilisation du métal.

    En 2010, l’ASBL CRM a acquis le laboratoire d’ArcelorMittal, une scrl renommée depuis « AC&CS ». Ils forment aujourd’hui le CRMGroup. Cette fusion des activités a permis au CRMGroup d’élargir ses champs d’application. La maison mère, le CRM ASBL, reste un centre de recherches agréé en Wallonie. Il reste également un centre De Groote et possède une antenne à Gand sur le site universitaire de Zwijnaarde.

    Les activités du CRM Group sont principalement dédiées à la production, la transformation et les applications des matériaux métalliques. Le CRM Group apporte à ses membres des réponses en matière de recherche et développement et de technologie en se focalisant sur des développements de procédés et de produits et leur application dans une optique d’innovation et de création de valeur.

    Aujourd’hui, le CRMGroup compte :
    * 245 emplois, dont plus de 150 chercheurs ;
    * 45 membres industriels, dont notamment CMI, Techspace ou Marichal Ketin ;
    * Un budget de recherche de 34 millions euros ;
    * Plus de 280 projets de recherches industrielles, dont 20 projets européens ;
    * 1 200 équipements de laboratoires ;
    * 12 lignes pilotes industrielles, dont certaines uniques au monde ;
    * Plus de 250 brevets, dont certains avec droits de licences à ses membres industriels.

    80 % du budget du CRM est consacré à l’activité sidérurgique, contre 20 % consacré :
    * À la recherche pour les membres industriels hors sidérurgie ;
    * À la participation aux projets dans la Région ;
    * À l’aide aux PME et à des activités diverses, dont l’assistance technique aux entreprises.

    On notera que le niveau de subsides de la Région ne représente que 10 % du budget total du CRM, ce qui constitue un indice probant de la santé financière du Centre et de son utilité au sein du tissu économique.

    Le CRM a permis des avancées importantes notamment dans le développement de nouveaux revêtements respectueux de l’environnement, plus résistants et d’une esthétique originale, principalement dans les secteurs de la construction et de l’industrie et qui incorporent de nouvelles fonctionnalités de surface.

    On retiendra également le rôle important que joue le CRM dans le projet Reverse Metallurgy. Celui-ci vise, pour rappel :
    * D’une part, la création et le développement de nouvelles activités économiques dans le domaine du traitement et de la valorisation des métaux issus de l’économie circulaire ;
    * D’autre part, le développement de nouvelles technologies liées à ce traitement.

    Le projet baptisé "PHOSTER", Photovoltaïc Steel Roof, vise à fabriquer une toiture en acier qui capterait l'énergie pour la transformer en électricité. Cette structure en acier présenterait plusieurs avantages : elle serait plus légère qu’une structure normale de tuiles ou d’ardoises sur laquelle on place les panneaux traditionnels en verre et devrait être plus efficace et plus rentable au niveau de la production d'électricité. Enfin, elle devrait présenter un coût d’acquisition égal, voire moindre, que les solutions actuellement proposées.

    Le projet PHOSTER s’inscrit dans l’appel européen LIFE qui concerne le développement de prototypes qui visent un gain environnemental fort. Comme tout projet européen, il nécessite la mise en œuvre d’un partenariat international constitué d’AC&CS, membre du groupe CRM, d’ArcelorMittal Maizières Research SA, ArcelorMittal Construction et du Commissariat à l'Energie Atomique et aux Energies Alternatives en France.

    Ce projet a débuté le 1er juillet 2013 et se terminera le 31 décembre 2017. Il porte sur un budget de 5 millions d’euros, dont 2.4 millions d’aides publiques.

    Plusieurs recherches menées en Wallonie dans ce secteur d’activités ont déjà été financées. Plusieurs aides ont permis le développement de cette technologie. Parmi celles-ci, on retiendra entre autres le projet MIRAGE, mené dans le cadre du pôle de compétitivité Mecatech et déposé lors du 1er appel à projets en 2006. Celui-ci a permis la mise au point de revêtements de surface actifs pour une meilleure gestion de l’environnement. Le consortium était alors composé de notamment Arcelor Mittal Liège, AGC, CMI ou encore, AMOS. Il portait sur un montant de 22 millions d’euros, dont 12 millions d’engagements publics.

    Pour chacun de ces projets de recherche, la participation de la Région en termes de financement a été déterminante.

    Pour assurer la pérennité de l’industrie du photovoltaïque, le challenge poursuivi est toujours d’ordre économique, à savoir atteindre au plus vite la grid parity, c’est-à-dire le moment où le coût de production du watt photovoltaïque sera égal ou inférieur à celui du watt d’origine fossile. L’objectif de ces développements est de rendre la production électrique compétitive avec les coûts du réseau sans apport de type certificats verts.

    La solution développée par ARCELOMITTAL tendra dès lors à se différencier sur cet aspect en offrant un coût inférieur sur le module installé. Les gains attendus portent donc sur les rendements atteignables et sur la proportion de surface couverte ou le caractère intégré du module.

    Sur la base du positionnement commercial du groupe, le premier segment de marché visé est celui des toitures inclinées de bâtiments industriels. On notera que le potentiel de marché auprès des particuliers sera fortement limité par les contraintes urbanistiques.

    Il convient de rappeler que le projet PHOSTER est un projet de recherche dont les premiers tests de marché sont prévus en 2017. Il n’est dès lors pas possible, à ce stade, d’en prévoir l’issue.

    L’accord signé en février 2014 entre les organisations syndicales, la Région et la direction d’ArcelorMittal Belgique prévoit par ailleurs des investissements sur le site de Liège pour un montant de 138 millions d’euros.

    Parmi les investissements déjà réalisés, on note des investissements dans
    * Le packaging (équipements de recuit et d’étamage) ;
    * Le quench & partitioning (aciers durs et légers pour le secteur automobile) ;
    * L’amélioration continue de la qualité (implantation de nouveaux systèmes de contrôle qualité automatique sur les différents outils de Liège).

    De même, d’autres investissements s’inscrivent dans le plan général de transformation du site de Liège lancé en 2013 en vue d’augmenter la rentabilité de l’activité (automatisations, améliorations de productivité, améliorations logistiques, …).

    Un nouvel acier, appelé Fortiform, a été mis en production sur la ligne de Kessales, à Flémalle, dès le premier semestre de l’année 2015. Ce nouveau produit bénéficiera ensuite de la première application industrielle de la technologie de galvanisation sous vide appelée JVD prévue pour mi-2016. Les premiers essais réels de production sont prévus dès le premier semestre 2016.

    Ces nouveaux développements constituent de véritables premières industrielles dans le domaine de la sidérurgie à froid.

    Il faut souligner qu’ArcelorMittal Liège renoue avec la rentabilité en affichant un résultat positif pour 2015, malgré des derniers mois difficiles sur le marché mondial de l’acier.