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Le recul du chômage en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 121 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 26/01/2016
    • de PREVOT Patrick
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    En décembre 2015, la Wallonie a signé un an et demi de recul du chômage. Cela fait 18 mois d’affilée que le chômage est en baisse. Depuis décembre 2014, on assiste même à une diminution de 6,4 %. Au 31 décembre 2015, la Wallonie comptait ainsi 168.056 demandeurs d’emploi et 26.702 jeunes en stage d’insertion professionnelle, soit 12,4 % de la population active wallonne.

    Ceci étant en décembre 2015, car tout n’est jamais tout rose, la Wallonie comptait 651 demandeurs d’emploi en plus qu’en novembre 2015 (heureusement compensés par le nombre de jeunes en stage d’insertion).

    Ces chiffres sont-ils extrêmement positifs. Quelles sont les prévisions pour 2016 ? L’embellie en termes de chômage semble-t-elle se pérenniser ?

    À quoi pourrait être dû le léger ralentissement observé en décembre 2015 au niveau des demandeurs d’emploi ?

    Ces diminutions constantes ne s’expliquent pas que par l’exclusion du chômage décidée depuis début 2015 puisque la diminution était engagée bien avant 2015. Quelles politiques menées avant 2015 permettent aujourd’hui de rendre ces chiffres les plus structurels possible ?

    Madame la Ministre peut-elle, par tranche d’âge et par sexe, dresser un bilan de ces 18 derniers mois de chômage en Wallonie ?
  • Réponse du 02/03/2016 | Annexe [PDF]
    • de TILLIEUX Eliane

    En termes d’évolution, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés (DEI) a diminué dans les trois régions du pays. L’ampleur de ce recul varie toutefois d’une région à l’autre. Par rapport à 2014, l’année 2015 a vu le nombre de DEI diminuer de 4,6 % en Wallonie contre 6,5 % à Bruxelles et 0,2 % en Flandre. Voir graphique n°1 en annexe.

    Avec un peu plus de recul et comparativement à 2008, les écarts sont encore plus marqués. La Wallonie est ainsi la seule région où le niveau de la demande d’emploi est revenu à la situation observée en 2008, soit avant le début de la crise. À Bruxelles, ils sont 12 %, et en Flandre 38 % plus nombreux qu’en 2008.
    Depuis 18 mois, l’écart annuel du nombre de demandeurs d’emploi inoccupés est négatif. À la fin du mois de décembre 2015, la Wallonie totalise 6,4 % en moins de DEI qu’en décembre 2014.

    Les raisons de ces diminutions sont multiples et interagissent entre elles : évolutions législatives en matière d’accès aux allocations de chômage, politiques d’emploi, Plan Marshall et une embellie conjoncturelle.

    Concernant les personnes ayant perdu leur droit aux allocations d’insertion, sur la base des données de l’ONEM et du FOREm, plus de 15.000 personnes en Wallonie seraient arrivées en fin de droit entre janvier et juillet 2015. Ce public serait plutôt féminin, âgé de 25 à 44 ans, peu ou pas qualifié et inoccupé de longue durée. Une partie de ces personnes en fin de droit sont toutefois venues se réinscrire au FOREm, soit de leur propre initiative soit à la demande du CPAS.

    Ainsi entre 2014 et 2015, le nombre de demandeurs d’emploi bénéficiaires ou en attente d’allocations s’est réduit de près de 19.000 unités alors que ceux inscrits obligatoirement ou librement ont progressé de près de 7.700 unités. Le différentiel s’explique notamment par le fait qu’une partie des personnes ayant perdu le droit aux allocations d’insertion ne sont pas venues se réinscrire au FOREm, marquant ainsi les volumes de la demande d’emploi à la baisse.

    Par ailleurs, de manière positive cette fois, le soutien offert dans le passage des études à la vie active via le stage de transition en entreprise, les politiques actives en faveur des chômeurs de longue durée (Plan Activa, Programme de Transition Professionnelle, mesure Économie d'insertion sociale SINE, Garantie pour la jeunesse, etc.) favorisent une diminution du nombre de demandeurs d’emploi. Les jeunes qui constituent notamment un public prioritaire ont profité de ces dispositifs, de même que de l’impact du Plan Marshall sur le redéploiement économique et la création d’emplois y afférente.

    On peut également, à cet égard, mettre en avant l’accompagnement individualisé, réalisé par le FOREm depuis 2010, et qui offre un soutien et un suivi personnalisés aux demandeurs d’emploi en vue de leur insertion professionnelle sur le marché du travail.

    Les cellules de reconversion, quant à elles, apportent également un appui aux personnes victimes de licenciements collectifs et affectent positivement le niveau de la demande d’emploi.

    Enfin, l’embellie conjoncturelle, perceptible depuis la mi-2013, influence aussi le niveau de la demande d’emploi. Ainsi, parmi les indicateurs attestant d’un mouvement de reprise en 2015, nous pouvons noter :
    - la hausse, après plusieurs années de recul, du nombre de salariés résidents assujettis à l’ONSS (+ 0,8 % en Wallonie entre le troisième trimestre 2014 et 2015).
    - L’activité intérimaire, qui suit de près le cycle conjoncturel, affiche au troisième trimestre 2015 une croissance positive sur base annuelle. Il s’agit du 7e trimestre consécutif où le nombre d’heures prestées dans l’intérim est en hausse. En Wallonie, cette hausse est de 7,6 % au troisième trimestre (+ 8,3 % en Flandre et + 13,8 % à Bruxelles) et s’observe dans le segment des ouvriers (+ 8,5 %) comme des employés (+6,2 %) (Source : Federgon).
    - Autre indicateur encourageant, après deux années consécutives de baisse, 2015 voit repartir à la hausse le nombre d’opportunités d’emploi diffusées par le FOREm. Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2015, près de 123.000 offres d’emploi ont fait l’objet d’une diffusion par le FOREm, soit 8,6 % de plus qu’au cours de l’année 2014.
    - Selon le site spécialisé Graydon, 10.605 entreprises ont fait faillite en Belgique, en 2015. C’est 684 de moins qu’en 2014. La baisse s’observe dans toutes les régions du pays : - 9,3 % en Wallonie, - 5,9 % en Flandre et - 2 % à Bruxelles.
    - Selon les données de l’ONEM, le chômage temporaire affiche en Wallonie, comme sur l’ensemble du pays, un mouvement baissier lors des 10 premiers mois de l’année (- 5,2 % en Wallonie contre - 10,6 % à Bruxelles et - 7,7 % en Flandre).

    Quant au bilan de ces 18 derniers mois de chômage en Wallonie, nous pouvons observer que, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés est en recul tous les mois par comparaison au même mois de l’année précédente. Cette diminution globale indique néanmoins des évolutions différenciées selon la tranche d’âge considérée, comme l’indique le graphique n°2 en annexe.

    Ainsi, cette décrue de la demande d’emploi s’est amorcée parmi les demandeurs d’emploi inoccupés âgés de moins de 25 ans, et ce, dès le deuxième semestre 2013. C’est en août 2015 que l’ampleur du recul de la demande d’emploi des jeunes a été la plus marquée (- 8,8 %).

    Les autres tranches d’âge diminuent également durant la période allant de juillet 2014 à décembre 2015, à l’exception des DEI âgés de 50 ans et plus. Dans cette tranche d’âge (50 ans et plus), la diminution du nombre de DEI ne s’observe que depuis août 2015. Notons néanmoins que la diminution des demandeurs d’emploi de 50 ans et plus tend à prendre de l’ampleur au fil des mois pour atteindre -2,7 % en décembre 2015.

    Le graphique n°3 en annexe fait apparaître, quant à lui, le recul du nombre de DEI de sexe féminin sur une base annuelle depuis juin 2014, soit quelques mois avant que la tendance ne soit également observée parmi les hommes (à partir d’octobre 2014).

    Globalement, et même si l’écart tend à se réduire entre hommes et femmes, c’est parmi ces dernières que l’ampleur du recul est le plus marqué. À la fin du mois de décembre 2015, il était de - 7,1 % chez les femmes et de -5,9 % chez les hommes.

    Relativement à la légère hausse observée entre novembre et décembre 2015 (+ 0.3 %, soit 651 DEI en plus en un mois), celle-ci est de nature cyclique,c’est-à-dire qu’elle s’observe chaque année à pareille époque (elle était de + 0,3 % en 2014 et de + 1,0 % en 2013). On ne peut donc pas parler de ralentissement, mais de cycle annuel.

    Pour conclure, les prévisions établies pour cette année 2016 semblent être de bon augure puisque, selon le rapport, réalisé en octobre 2015 par l’IWEPS, sur les tendances économiques observées en Wallonie, la croissance de l’emploi serait de + 0,5 % en moyenne annuelle en 2015. Pour 2016, la croissance de l’emploi wallon devrait se poursuivre à un rythme régulier de l’ordre de + 0,2 % par trimestre en début d’année. Ensuite, en seconde partie d’année, le renforcement de l’activité économique se traduirait par une légère accélération du rythme de la croissance des créations nettes d’emploi. La productivité du travail retrouverait le niveau observé avant la crise de 2008 et l’emploi augmenterait de 11.700 travailleurs.

    Les employeurs belges restent cependant relativement prudents en matière d’embauche pour le premier trimestre 2016. Selon le dernier baromètre de l’emploi de Manpower, les perspectives d’emploi sont très légèrement positives dans les trois Régions du pays : + 2 % à Bruxelles et + 1 % en Flandre et en Wallonie. Notons que, par rapport au trimestre précédent, le regain d’optimisme est un peu plus marqué auprès des employeurs de Wallonie et de Bruxelles (+ 5 %) que de Flandre (+ 1 %).

    Enfin, concernant les perspectives en matière de demande d’emploi, l’IRES indiquait, en juillet 2015, que, sous l’hypothèse d’une croissance de la population active de 0,3 % observée en 2016, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés diminuerait de 28.300 unités endéans 2016, pour l’ensemble du pays.