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La recrudescence de la gale en Wallonie

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 483 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 27/01/2016
    • de PECRIAUX Sophie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Récemment, nous apprenions que plusieurs cas avérés de gale ont été recensés à l’Athénée royal de Binche et à l’Ecole Notre-Dame de Heusy, à Verviers.

    Dans un interview paru le 13 janvier, Corole Schrivel, médecin inspecteur à l’AViQ, rappelait que cette maladie n'est pas une maladie grave ou dangereuse. Toutefois, en Wallonie, il semblerait qu'elle connaisse actuellement une recrudescence.

    Elle précisait également qu'en l'absence d'obligation légale, cette maladie n'est pas systématiquement déclarée par les parents qui craignent le rejet de leur enfant.
    De bonnes mesures de précautions peuvent empêcher la propagation de la gale mais les milieux scolaires, familiaux ou associatifs semblent l’ignorer, faute d'informations adaptées.

    Quel rôle joue l'AviQ dans la prévention des maladies infectieuses telle que la gale et le signalement de celles-ci, notamment, dans le milieu scolaire ?

    En l'absence d'une obligation de signalement, il est sans doute difficile d’évaluer la portée de cette épidémie. Toutefois, Monsieur le Ministre dispose-t-il d'éléments permettant d'apprécier l'ampleur de la possible recrudescence de la gale en Wallonie ?

    Pense-t-il qu'il soit nécessaire d'effectuer un changement de législation afin d'élargir la liste des maladies à déclarer ?
  • Réponse du 11/02/2016
    • de PREVOT Maxime

    La gale, affection cosmopolite, est une maladie bénigne, raison pour laquelle elle ne fait pas l’objet d’une déclaration systématique en Région wallonne. Elle ne fait non plus pas partie des pathologies qui sont l’objet d’une surveillance épidémiologique spécifique au sein des réseaux de surveillance, comme celui des médecins vigies.

    Les données épidémiologiques qui pourraient démontrer une tendance à la recrudescence de la gale ne sont donc pas disponibles et nous ne sommes pas en mesure d’objectiver une augmentation du nombre de cas. En effet, des épisodes épidémiques font de temps en temps l’objet d’articles de presse.

    Ceci n’empêche pas de prendre les dispositions et mesures adéquates permettant de limiter l’impact d’épidémies de gale. Il y a lieu de dédramatiser la situation et ne pas stigmatiser les personnes infectées.
    À cet effet, la cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ est souvent amenée à donner des conseils en termes de gestion de cas de gale. Une fiche descriptive est par ailleurs disponible pour les professionnels de santé, y compris les médecins scolaires.

    Parmi les principaux facteurs de risque de contracter la gale, l’on peut notamment citer la vie en collectivité avec des personnes atteintes de gale, par exemple, le milieu scolaire, les maisons de repos, les institutions hospitalières. Il n’est par ailleurs pas prouvé que le manque d’hygiène est lui-même un facteur favorisant de propagation.

    Concernant les recommandations à suivre pour éviter la propagation de la gale, elles sont également bien connues. Le cas doit être traité et les personnes vivant sous le même toit recevront une prophylaxie médicamenteuse. Dans de rares cas, le patient devra être hospitalisé et isolé s’il présente une forme profuse ou hyperkératosique, encore appelée gale norvégienne.

    Des mesures environnementales seront prises telles que le lavage de la literie à 60° après le traitement et un nettoyage du matériel avec lequel le patient aura été en contact.

    Vu la durée de l’incubation de 3 semaines en moyenne et le fait que le malade est contagieux avant de développer des signes cliniques d’infections, d’autres cas peuvent survenir malgré de bonnes mesures de prévention.

    En institution de soins ou maison de repos, les patients atteints de gale commune seront regroupés en cas d’épidémie ou placés en chambre d’isolement s’il s’agit d’un cas isolé. Il convient de séparer les malades des personnes immunodéprimées.

    Concernant l’ajout de la gale comme maladie à déclaration obligatoire, l’objectif de celle-ci est d’identifier toute pathologie pouvant présenter un risque sanitaire.

    À cette fin, l’inspecteur doit être informé le plus vite possible, car il sera chargé d’évaluer le risque individuel et de coordonner la prise de mesures de prévention collective si elles s’imposent. L’objectif de la déclaration peut aussi être de détecter des pathologies rares dont le risque pour la santé publique est mal connu. La gale n’entre pas dans ces conditions.

    Concernant la déclaration de la gale auprès des services de promotion de la santé à l’école, il existe un arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 14 juillet 2011, modifié en mai 2014, établissant les mesures à prendre en cas de maladie transmissible en milieux scolaires et étudiants. Dans ce dernier, concernant la gale, il est précisé qu’il n’y a pas de déclaration et qu’en cas d’épidémie, le médecin responsable du service ou du centre, le médecin scolaire, ou, à défaut, tout autre médecin du service ou du centre de promotion de la santé à l’école, avertira, par l’intermédiaire de l’école, le médecin du travail responsable du personnel de l’établissement. Il y est également précisé que les responsables d'institutions et les parents seront informés quant à la manière de laver l’environnement, le linge, la literie et le matériel. Les parents seront également informés quant à l’importance de l’attention à prêter au prurit nocturne. L’enfant ne sera pas évincé, à condition qu’il s’agisse de gale commune correctement traitée et que le médecin traitant atteste par écrit du traitement. Des exemples de courrier à l’intention des parents sont par ailleurs mis à disposition des services de promotion de la santé à l’école afin de communiquer de manière transparente.

    En cas de non-observance du traitement, le médecin scolaire peut décider d’une éviction de l’enfant atteint et mettre en œuvre les mesures aptes à permettre son traitement. L’apparition de cas de gale ne justifie en aucun cas la fermeture d’établissements scolaires.

    La cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ et la direction médicale de l’Office de la naissance et l’enfance (ONE) travaillent de concert pour évaluer les mesures recommandées dans l’AG modifié en 2014 et proposeront des modifications si nécessaire.