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Les différences d'espérance de vie entre les publics favorisés et les personnes précarisées

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 505 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 01/02/2016
    • de GERADON Déborah
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Un communiqué Belga du 22 janvier 2016 relate que l’espérance de vie moyenne des personnes nanties est beaucoup plus élevée que celle des personnes précarisées. Une récente étude de l’UCL prouve que ce fossé s’aggrave de plus en plus pour atteindre une différence de 14 ans.

    Disposer ou non d’un emploi constitue le critère prépondérant pour expliquer ces divergences.

    Ces éléments sont inquiétants.

    En tant que ministre wallon en charge de la Santé, Monsieur le Ministre a-t-il l’étude en question en sa possession ?

    Ce sujet doit d’autant plus préoccuper Monsieur le Ministre dans le cadre de ses compétences en matière d’action sociale. Pense-t-il que des actions pourraient être menées afin de réduire ces différences ?
  • Réponse du 22/02/2016
    • de PREVOT Maxime

    L'étude dont il est question est le projet Causineg, c'est un projet de recherche financé par la politique scientifique du Fédéral qui a commencé en 2014 dont la fin est prévue en 2018. L'Observatoire wallon de la santé (OWS) est dans le comité d'accompagnement de ce projet pour la Wallonie.

    Les premiers résultats confirment un constat qui n'est pas neuf. L'espérance de vie est plus courte pour les personnes des couches sociales les moins favorisées que pour les personnes des groupes sociaux plus nantis.

    Cet écart s'agrandit ces dernières années, car l'espérance de vie augmente plus vite dans les groupes sociaux favorisés que dans les groupes sociaux moins favorisés. Ce que l'étude apporte de nouveau, c'est la recherche d'explication de cette différence. On y apprend par exemple que les inégalités (d'espérance de vie) hommes-femmes sont plus importantes dans les groupes sociaux les plus défavorisés. Dans ce projet de recherche, l'examen des différentes causes de mortalité selon le niveau de vie sera important pour orienter les politiques. L'étude du lien entre le type de contrat de travail et la santé ou entre le parcours de vie et la santé en dira long sur les mesures à prendre pour lutter contre les inégalités sociales dans le domaine de la santé. L'ensemble des informations sur ce programme de recherche est disponible sur http://www.causineq.be/about.html.

    En fait, il n'y a pas seulement une différence entre les plus pauvres et les plus riches. L'espérance de vie augmente à mesure que le niveau socio-économique augmente. Il y a un continuum. On parle de gradient social.

    La majorité des domaines de la santé sont concernés par ce ‘gradient social’ comme le décrit un récent article de l'OWS (Billiet A., Dubourg D., « Inégalités sociales de santé et accès aux soins », in l’Observatoire, 2015, numéro 84 : Les besoins primaires dans un contexte d'opulence) sur la base de l'enquête nationale de santé (Enquête nationale de santé, Belgique, Institut scientifique de Santé publique, 2013) : parmi les ménages aux revenus les plus faibles, 70 % des gens estiment que leur santé est bonne ou très bonne, contre 84 % parmi les personnes dont les revenus du ménage est moyen et contre 88 % parmi les personnes des ménages aux revenus les plus élevés. Selon la même enquête, les maladies chroniques touchent une proportion de personnes plus importante parmi les moins diplômés que parmi les plus diplômés (50 % des ménages faiblement diplômés, 29 % des diplômés du secondaire supérieur, et 23 % des diplômés du supérieur déclarent souffrir d’une maladie chronique).

    Les inégalités sociales de santé sont la conséquence d'une distribution inégale des déterminants de la santé. Un cumul de facteurs délétères pour la santé, comme la pollution, les conditions de travail stressantes, les comportements à risque, mènent à une santé fragilisée tandis qu'un cumul de facteurs protecteurs (alimentation saine, activité physique, support social) aide à une bonne santé et donc à une plus longue espérance de vie. Il faut donc travailler à la distribution de ces facteurs protecteurs ou délétères pour réduire les inégalités sociales de santé.

    Un plan de lutte contre les inégalités de santé en Belgique est actuellement en discussion en intercabinets. Ce plan est composé d'actions qui visent à renforcer l'accès des plus démunis aux soins de santé, à conscientiser les professionnels de santé de leur rôle dans les inégalités de santé et à développer le réflexe d'évaluation des impacts sur la santé de toutes politiques et programmes publics en favorisant la santé dans toutes les politiques publiques.

    D'ailleurs, dans le cadre de l'AViQ, il est prévu que le Conseil de stratégie et de prospective évalue de manière qualitative et quantitative, dans une perspective de satisfaction des bénéficiaires et de réduction des inégalités, l’éventail des solutions mises en place et formule des propositions en vue du développement de ces solutions.

    Par ailleurs, la régionalisation des matières de prévention et de promotion de la santé va permettre certainement de créer des collaborations avec les matières régionales qui ont un impact sur la santé comme le logement, l'aménagement du territoire, l'environnement, etc. Il faudrait arriver à ce que les acteurs de ces domaines envisagent leurs impacts sur les inégalités de santé avant de rendre effective leur politique, comme on le fait pour l'impact sur le genre.

    Dans le domaine de la santé, des actions existent déjà pour garantir l'accès aux soins comme l'encouragement des médicaments génériques, comme le soutien aux associations de soins intégrés ou le travail de relais santé.

    Enfin, les centres de planning familial, les services d’aide à domicile, les services de santé mentale et les CPAS sont des acteurs clés de la réduction des inégalités de santé.