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La fibre de lait comme alternative possible à la surproduction de lait

  • Session : 2015-2016
  • Année : 2016
  • N° : 220 (2015-2016) 1

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  • Question écrite du 01/02/2016
    • de EVRARD Yves
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Ces derniers jours, on parle beaucoup de chimie verte puisque la Wallonie vient d’être sélectionnée par l’Europe pour développer des projets de chimie verte, d'économie circulaire et de biomasse.

    Je voudrais ici parler d’un projet particulièrement innovant mis en place par une chimiste allemande qui a créé une fibre textile à partir de lait impropre à la consommation, de rejets de laiterie ou de lait périmé des grandes surfaces.

    Résistant, antibactérien, antistatique et hypoallergénique, le tissu créé sur base de fibre de lait associe les avantages des fibres naturelles et des fibres synthétiques avec un impact écologique limité. De plus, le tissu à base de lait possède un dernier avantage et non des moindres : il est compostable et biodégradable en seulement six semaines.

    Ce projet a été primé par le prestigieux prix GreenTec Awards récompensant les avancées remarquables en matière de technologies vertes. Il rencontre un certain succès puisque son instigatrice a lancé sa propre ligne de vêtements et a créé une entreprise qui compte maintenant 10 personnes.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de tels projets ? Des expériences similaires ont-elles été initiées en Wallonie ? Si de tels projets devaient se développer chez nous, dans quelle mesure pourrait-il les soutenir conjointement avec son collègue en charge de l’Économie ?

    Cette formule ne pourrait-elle constituer une alternative intéressante à la surproduction de lait ?
  • Réponse du 15/02/2016
    • de COLLIN René

    Le secteur laitier européen et wallon en particulier connaît actuellement une crise économique importante due à des phénomènes concomitants : une forte baisse des exportations, notamment vers la Chine, l’embargo russe et une surproduction résultant de la suppression des quotas laitiers. Les prix se sont effondrés.

    Dans ce contexte, il convient de soutenir toute initiative permettant une meilleure valorisation de la production laitière, et plus particulièrement de favoriser les recherches visant le développement de nouveaux débouchés innovants que ce soit dans les secteurs de l’agroalimentaire, de la santé ou de l’industrie.

    Le projet de la microbiologiste allemande Anke DAMESKE constitue une réussite à cet égard puisqu’il permet d’extraire une fibre textile à partir du lait. Ce type de projet relève plus des compétences de mon Collègue Jean-Claude MARCOURT, et des possibilités à développer, pourquoi pas avec le pôle de compétitivité Wagralim. C’est le département du Développement technologique de la DGO6 qui gère les aides à l’innovation technologique.

    Ainsi, le projet LaitHerbe, développé dans le cadre du pôle de compétitivité Wagralim, a permis de développer la filière Marguerite Happy Cow, dont le cahier des charges vise à la production d’un lait durable, à partir d’herbe et de produits herbagers, pour la réalisation de fromages de qualité.

    Pour ma part, avec le soutien de la recherche à finalité agricole, l’accent a été mis sur le développement de nouveaux produits et ainsi de nouveaux débouchés, mais aussi du développement de filières de qualité différenciée en vue de permettre une meilleure valorisation de la production laitière locale. Plusieurs projets illustrent cette démarche.

    Le projet de recherche, intitulé « Stratégies alimentaires pour réduire l’impact environnemental en équivalent CO2 chez la vache laitière produisant un lait de qualité nutritionnelle améliorée » mené par l’Université Catholique de Louvain (UCL) en collaboration avec le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W), a permis de valider une méthode de production d’un lait à haute valeur ajoutée nutritionnelle et environnementale grâce à l’incorporation de graines de lin extrudées dans l’alimentation des vaches laitières, tout en limitant l’impact environnemental par la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

    Parmi d’autres projets de valorisation du lait soutenus par la Région wallonne, il convient de mentionner les projets  GrassMilk et PhytoHealth du CRA-W dont les objectifs sont de produire un lait enrichi en composés bénéfiques pour la santé humaine. Les principaux composés étudiés sont les teneurs en acides gras insaturés (protection contre les maladies cardio-vasculaires), en équol (prévention cancers, réduction des signes de ménopause, prévention de l’ostéoporose …) et en vitamine B12 (déficiente chez les personnes âgées et indispensable pour les fonctions cognitives) en fonction des modes de production et de l’alimentation des animaux.